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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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n’est pas de consolation pour moi, répondit Madeleine en secouant la tête. Je suis perdue, je suis damnée… Corps et âme, tout en moi souffre les dernières convulsions d’une abominable agonie…
    – Espérez ! espérez dit Gillette.
    Et, entourant de ses bras le cou de Madeleine, elle voulut l’embrasser.
    Mais Madeleine se leva, la repoussa presque avec violence, et devint toute pâle…
    – Malheureuse enfant, dit-elle d’une voix sombre à Gillette interdite et tremblante, qu’alliez-vous faire ! Ne savez-vous pas qu’à me toucher on peut gagner la mort !
    Margentine poussa un cri, saisit sa fille et la serra contre elle…
    – Ne craigniez rien, reprit Madeleine en passant sa main sur son front couvert de sueur. Il suffit que vous me touchiez le moins possible… Où en étais-je ? Ah ! oui, je voulais vous, expliquer ce que je suis venue faire au château de Fontainebleau…
    Elle garda un long silence, comme si maintenant elle eût hésité à parler.
    – Ecoutez, reprit-elle tout à coup, vous haïssez le roi de France, n’est-ce pas ?
    – Je le redoute, voilà tout ! fit Gillette en frémissant.
    – Et moi, je le hais, ajouta Margentine.
    – Voilà par où nos destinées se touchent : nous avons un ennemi commun ; vous, vous ne cherchez qu’à vous défendre ; moi, je songe à l’attaquer… Pourquoi je hais le roi de France ? Sachez seulement qu’il m’a infligé la plus cruelle torture que puisse souffrir un cœur de femme, l’insulte la plus odieuse dont on puisse frapper Un esprit fier… J’ai résolu de me venger. Je le suis déjà. Je suis venue ici pour assister à ma vengeance. J’ai suivi le roi en son château pour le voir mourir.
    – Le roi va donc mourir ?…
    – Oui ! dit tranquillement Madeleine. Il est plus sûrement condamné que la malheureuse sur qui le bourreau porte la main, alors qu’il n’est plus de grâce possible et que la corde se balance au-dessus de la tête de l’infortunée…
    Madeleine parlait avec une telle âpreté que Margentine et Gillette ne purent s’empêcher de frémir.
    Comment savait-elle que le roi devait mourir ?
    Elles n’osèrent pas le lui demander.
    Et elles la contemplèrent avec une curiosité mêlée de pitié et d’effroi. Madeleine reprit :
    – Maintenant, il faut que je sache certaines choses… Et d’abord, que s’est-il passé depuis l’aventure de la grotte de l’Ermite ? Je vous vois étonnée, mon enfant, de m’entendre parler de cet incident comme si je le connaissais parfaitement… Je le connais, puisque c’est moi qui ai conduit pour ainsi dire la duchesse d’Etampes à la grotte…
    – Vous m’avez donc sauvée une deuxième fois ! Eh bien, depuis ce moment, il s’est passé pour moi un événement qui est le plus merveilleux de ma vie, j’ai retrouvé ma mère !…
    Madeleine regarda attentivement Margentine.
    – Vous voulez savoir comment ?… dit celle-ci.
    – Oui… si cela ne vous ennuie pas…
    – C’est la duchesse d’Etampes qui est venue me prévenir à Paris que ma fille se trouvait ici.
    – Je comprends, je comprends… Maintenant, comment vous êtes-vous transportées dans ce pavillon ? Est-ce vous qui l’avez demandé au roi ? Est-ce lui, au contraire, qui vous y a obligées ?…
    – Ni l’un ni l’autre. La duchesse d’Etampes nous a proposé de nous installer ici, et nous avons accepté, pensant que nous pourrions peut-être mieux nous défendre et préparer notre évasion.
    – Ah ! c’est la duchesse d’Etampes, dit Madeleine. Et elle murmura :
    – Cette fois, je ne comprends plus… à moins que… oui… tout est possible dans cette cour gangrenée, pourrie jusqu’à la moelle…
    Elle reprit à haute voix :
    – Ecoutez, je vais réfléchir à notre situation. Quant à vous faire sortir d’ici, je vais l’essayer…
    Gillette poussa un cri de joie.
    – Oh ! ce sera difficile… mais non impossible. En attendant, veillez, soyez vigilantes, tenez-vous sur vos gardes nuit et jour…
    Madeleine se leva.
    – Voyons la porte, dit-elle.
    Elle alla la visiter, la secoua, s’assura que les vis de la serrure tenaient bien, que la barre de fer qu’on mettait en travers n’était pas limée, que les crampons étaient solides.
    – Tout va bien de ce côté ; ce n’est pas par là que viendra l’attaque.
    Elle fit là même visite à toutes les fenêtres.
    Ayant constaté que les volets en étaient également solides,

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