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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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blasphème.
    Tout à coup, il lui sembla qu’à dix pas devant elle des ombres cherchaient à se dissimuler le long du mur d’enceinte.
    S’étant arrêtée un instant, elle s’avança, intrépide.
    L’instant d’après, elle reconnut que trois ou quatre hommes s’adossaient au mur, comme s’ils eussent espéré ne pas être vus.
    Elle passa sans qu’on lui eût dit un mot.
    – Sans doute des maraudeurs, songea-t-elle.
    Mais, au même instant, elle pensa que des maraudeurs l’eussent attaquée ; une idée soudaine éclaira son cerveau, et elle revint brusquement sur ses pas.
    Les inconnus étaient encore là, attendant sans doute qu’elle se fût éloignée.
    En arrivant à leur hauteur, Madeleine, comme si elle se fût parlé à elle-même, se mit à dire :
    – Il est décidément trop tard, je préviendrai demain M. de Ragastens.
    Comme elle l’avait prévu, ou espéré, un mouvement se fit parmi ces hommes qui, après quelques mots changés à voix basse, s’élancèrent et l’entourèrent.
    – N’ayez pas peur, monsieur, dit l’un deux… mais nous vous avons entendu prononcer un nom…
    – Le vôtre, Monsieur le chevalier de Ragastens, dit Madeleine Ferron.
    C’était en effet le chevalier.
    Il reconnut à la voix Madeleine Ferron.
    – C’est notre bonne protectrice ! s’écria-t-il. Vous me cherchiez donc, madame ?
    – Oui… nous avons à causer, mais pas ici…
    – Retournons à l’auberge, dit Ragastens.
    – Ce sera encore un jour de perdu ! prononça une voix jeune dont l’accent fit tressaillir Madeleine, qui répondit :
    – Un jour de perdu pour retrouver Gillette, n’est-ce pas, monsieur ? C’est d’elle que je viens vous parler…
    – Allons !… s’écrièrent les hommes avec émotion. Ils se mirent en route silencieusement ; il était plus de minuit lorsqu’ils arrivèrent à l’auberge du Grand-Charlemagne. Quelques instants plus tard, ils étaient réunis dans la grande salle de l’auberge.
    Le premier regard de Madeleine Ferron fut pour Manfred.
    – Il faut, dit-elle, puisque je vous retrouve, que je vous remercie encore de m’avoir sauvé la vie…
    – Vous avez sauvé la mienne, madame, dit Manfred en s’inclinant autant par politesse que pour échapper au regard pénétrant de cette femme.
    En effet, ce regard lui disait clairement :
    – Te rappelles-tu cette minute de délire où tu me proclamas ton amour !…
    Manfred ne se la rappelait que trop. Et il eût donné une année de son existence pour effacer cette minute, où, par la pensée, par l’intention, il avait trahi sa bien-aimée Gillette.
    La Belle Ferronnière comprit sans doute ce qui se passait dans le cœur du jeune homme, car elle détourna son regard qui fit le tour des assistants.
    Il y avait Triboulet, Ragastens, Lanthenay, Spadacape et Manfred.
    – Madame, dit alors Ragastens, vous nous avez promis de parler de Gillette. Pardonnez notre hâte à tous, et cette hâte vous la comprendrez lorsque vous saurez que M. Fleurial, ici présent, est le père de Gillette, et que mon cher fils, Manfred, est son fiancé…
    Madeleine tressaillit :
    – Vous dites que M. Manfred est votre fils ?…
    – Oui, madame, dit Ragastens.
    – Ah ! fit Madeleine, j’en suis bien heureuse…
    Ni Ragastens ni Manfred ne comprirent cette étrange exclamation.
    Au bout d’un instant, elle reprit :
    – Et Gillette est fiancée à M. Manfred ?
    – Ou du moins ces deux enfants s’adorent…
    Et elle répéta :
    – De cela aussi je suis heureuse. M. Manfred est un noble caractère, et Gillette est la fille la plus charmante que j’aie jamais vue…
    – Vous l’avez donc vue ? s’écrièrent à la fois Triboulet et Manfred.
    – Un peu de patience, dit-elle en souriant. Dans ce qu’a dit tout à l’heure M. de Ragastens, une chose m’a surtout étonnée… il a dit que M. Fleurial est le père de Gillette…
    – Je le suis, madame, dit Triboulet d’une voix que l’émotion faisait trembler ; je le suis autant que peut être père un homme qui a recueilli une enfant, l’a élevée, l’a adorée, et a fait de son bonheur le but de son existence…
    – Je comprends, fit Madeleine en hochant la tête. Chevalier, et vous, messieurs, j’ai vu Gillette… j’étais avec elle il y a à peine deux heures.
    Tous ces hommes gardèrent un silence poignant.
    – Soyez tout d’abord rassurés, prononça Madeleine : cette enfant a échappé à tous les dangers

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