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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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savait ce qu’il était devenu !
    – Que m’apprends-tu là ! s’écria François I er .
    – La vérité, sire.
    – Et je n’en suis pas informé ! Sans doute, c’est au dauphin qu’on a porté la nouvelle !
    Le roi fit quelques pas dans son cabinet, le visage enflammé par un de ces accès de colère folle qui faisaient trembler le Louvre et Paris – et parfois la France entière.
    – Nous allons voir, gronda-t-il, si je suis encore le roi… Sansac, tu vas partir pour Paris avec La Châtaigneraie et d’Essé… Je n’ai confiance qu’en vous trois. Je te nomme grand prévôt, entends-tu !
    Sansac s’inclina sans joie. Pour ce gentilhomme, la vie avait fini du jour où il n’avait plus été le « beau Sansac »…
    – Je te donne pleins pouvoirs, ajouta furieusement le roi qui, tout en parlant, s’était mis à écrire et remplissait divers parchemins. Tu prendras possession de la grande prévôté. Tu feras jeter à la Bastille mon grand chancelier et le gouverneur du Louvre… Ah ! nous allons voir… pars à l’instant… Montgomery !
    Le capitaine des gardes apparut.
    – Montgomery, dit le roi d’une voix rauque, rendez-vous à l’instant à l’appartement du dauphin, et de là à celui de M me Diane…
    – Sire ! voulut intervenir Sansac.
    – La paix ! Vous arrêterez mon fils, Montgomery. Vous arrêterez M me Diane… Allez… et voyez si La Châtaigneraie et d’Essé sont par là…
    – Sire, dit Montgomery qui était un peu pâle, au moment où Votre Majesté m’a appelé, j’accourais justement vers elle pour lui dire… pour la prévenir…
    – Dire quoi ! Voyons… parlez donc, monsieur !
    – Sire, on vient de trouver sur la pelouse du parc, à cent pas de l’étang, le cadavre de M. d’Essé, la poitrine trouée de part en part…
    – Quel est le misérable ?… rugit Sansac. Pardonnez, sire !
    – On ne sait rien ! répondit Montgomery.
    A ce moment, il se fit un grand bruit dans l’antichambre, et Bassignac, le valet de chambre, entra en criant :
    – Sire ! Quelle affreuse nouvelle pour Votre Majesté ! M. de La Châtaigneraie est mort !
    – Mort ! répéta sourdement le roi.
    – Mort ! s’écrièrent Sansac et Montgomery, cette fois avec un commencement de terreur.
    – Mort assassiné, reprit Bassignac ; on vient d’apporter au château le cadavre du malheureux gentilhomme, et les gens qui ont rempli ce funèbre office disent avoir trouvé le corps dans une rue écartée qui s’appelle la rue aux Fagots.
    Montgomery tressaillit, pâlit, et murmura à part lui :
    – Je donnerais ma tête à couper que l’assassin s’appelle Triboulet !
    – C’est bien, Bassignac, dit le roi, laisse-nous !
    Le valet de chambre se retira.
    Montgomery attendait, avec le pressentiment que cette nouvelle modifierait peut-être les idées du roi.
    Celui-ci, en effet, était comme foudroyé.
    – Montgomery, dit le roi avec effort… ce que je vous ai dit…
    – Je vais l’exécuter, sire ?
    – Non ! mettez que je n’ai rien dit… Et que personne ne sache !
    – Oh ! sire… Votre Majesté sait bien…
    – Oui… vous êtes un fidèle… Allez, Montgomery.
    Montgomery sortit.
    Dès l’antichambre, le capitaine se demandait :
    – Dois-je prévenir le dauphin… le roi de demain ?…
    François I er , demeuré seul avec Sansac, se leva et reprit sa promenade, mais, cette fois, lente et morne. Le gentilhomme remarqua alors combien le roi était affaissé, et quels terribles changements s’étaient faits en lui depuis qu’il avait quitté Paris…
    – Dois-je partir, sire ? demanda-t-il.
    – Non, répondit le roi d’une voix presque suppliante ; reste… je n’ai plus que toi à qui me fier ici !
    Et ce qui acheva d’épouvanter François I er , ce fut l’attitude même de Sansac, Autrefois, en semblable circonstance, le gentilhomme eût conseillé au roi la violence… Maintenant, il se taisait…
    – Oh ! songea-t-il avec une profonde amertume. Il est donc bien vrai que je suis condamné !
    Ces nouvelles apportées coup sur coup, la folie du comte de Monclar, la mort de La Châtaigneraie et de d’Essé, avaient porté un coup terrible à François I er .
    Et dans cette âme gangrenée d’égoïsme comme le corps était gangrené par un mal incurable, il n’y eut pas un regret sincère donné au bon serviteur qu’avait été le grand prévôt, aux braves compagnons de plaisir et de péril

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