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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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tombée…
    Le chirurgien s’élança à son tour.
    Jarnac entra dans l’appartement du dauphin et alla droit à Diane de Poitiers.
    – Comment va votre épaule ? demanda celle-ci.
    – Aussi bien que possible, bien que l’enragé qui m’a fourni ce coup d’épée, grâce à l’obscurité, n’ait pas ménagé le fer… mais j’aurai ma revanche lorsque j’aurai deviné à quel diable j’ai eu affaire ! En attendant, il s’agit d’autre chose… Tout à l’heure, dans l’espoir de retrouver une piste, je me suis, après que ma blessure eut été pansée, rendu avec une lumière à l’endroit où je me suis rencontré avec l’enragé en question… Savez-vous ce que j’ai trouvé dans l’herbe ?…
    – Voyons ! fit Diane.
    Jarnac lui tendit un carré de papier.
    – J’ai eu la curiosité de l’ouvrir, acheva-t-il. Lisez, et vous verrez que c’est assez intéressant…
    Diane de Poitiers ouvrit la lettre et la lut à diverses reprises.
    – Qu’en dites-vous ? demanda Jarnac.
    – Attendons ! reprit Diane… Le chirurgien va tout à l’heure m’apporter une réponse. D’après cette réponse, la lettre trouvée sera ou ne sera plus utile. En tout cas, elle est de bonne prise.
    Sur son grand lit armorié, François I er râlait.
    L’idée de la mort avait pris en lui un développement monstrueux.
    Mais elle n’arrivait pas à étouffer la passion qui délirait dans ce corps.
    Les paroles qui lui échappaient dénonçaient ce double état d’âme et de corps.
    – Mourir dans les bras de Gillette… mourir avec elle… Oh ! c’est affreux de mourir si jeune… mais je mourrai en l’étouffant de baisers…
    – Sire ! sire ! chassez ces idées…
    – Oh ! mes yeux… Ce sont mes yeux qui me brûlent ! Oh ! ces flammes qui me passent sur mes paupières !… Je suis sûr qu’un baiser de cette jeune fille les rafraîchirait…
    – Buvez, sire, dit le chirurgien en présentant aux lèvres du roi une potion calmante.
    Le roi but avec avidité.
    – Ah ! c’est vous ! dit-il en saisissant la main du chirurgien. Où est Rabelais ? Je veux qu’on m’envoie Rabelais !…
    – Mon illustre confrère n’est pas au château, sire ; mais je tâche à le remplacer autant qu’il est au pouvoir de ma faible science…
    – Oui… oui… vous aussi vous êtes un savant…
    Le roi, d’un signe renvoya Bassignac.
    – Le roi va mieux ! dit le chirurgien.
    Bassignac se hâta de sortir pour colporter cette nouvelle, jouissant d’avance de la consternation des courtisans.
    – Va, toi aussi, dit François I er à Sansac, doucement.
    Sansac consulta le chirurgien d’un coup d’œil.
    – Sa Majesté vient d’avoir une crise violente… la crise est montée à son point culminant, elle va maintenant redescendre par degrés. Je réponds des jours de Sa Majesté, si elle veut bien suivre mes prescriptions…
    – Dieu sauve Sa Majesté ! murmura Sansac.
    Et cet homme de fer sortit en pleurant. Car, à force de partager les plaisirs et les dangers du roi, il s’était attaché à lui profondément…
    Le roi se tourna alors vers le chirurgien.
    – Dites-moi mon état, fit-il avec une certaine fermeté.
    – L’état de Votre Majesté n’est pas alarmant.
    – Et moi, je vous dis que je suis condamné !… Peut-être ai-je encore trois mois à vivre… Mais à quoi bon !…
    – Votre Majesté est robuste. Le sang peut se régénérer sous l’influence des herbes qui calment et purifient…
    François I er secoua la tête.
    – Pourquoi mentez-vous ? dit-il rudement. Vous savez mieux que moi que le mal dont je suis atteint est incurable…
    Le chirurgien garda le silence.
    – Vous voyez bien ! s’écria le roi avec désespoir.
    – Sire !… j’avoue que le mal de Votre Majesté est difficile à guérir… Mais ce n’est pas trois mois que vous pouvez vivre, si vous voulez…
    – Six mois, n’est-ce pas ? fit le roi avec amertume. Cette fois encore, le chirurgien demeura silencieux.
    – Ecoutez, dit alors François I er  ; ces quelques misérables jours d’existence qui me restent, je n’en veux pas… Ecoutez-moi… Taisez-vous… et obéissez… Je veux que d’ici à la pointe du jour, vous m’ayez composé une potion qui me rende toutes mes forces pour huit jours, pour moins même… Je veux, pendant ces heures suprêmes redevenir jeune, ardent, tel enfin que j’étais il y a vingt ans… le pouvez-vous ?
    – Oui, sire… Mais

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