Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
qu’avaient été La Châtaigneraie et d’Essé.
    Le roi ne pleura que sur lui-même.
    Puis, peu à peu, comme il arrive parfois dans les tempéraments exorbités, sa douleur se transforma. Les images de ses compagnons flottèrent indécises, finirent par disparaître et furent remplacées par l’image de Gillette.
    Quelques heures après la nouvelle des catastrophes, François I er ne songeait plus qu’à s’emparer de Gillette.
    Mais, au lieu d’y penser avec des hésitations comme il avait fait jusque-là, il y pensait avec fureur.
    Il rêvait une mort monstrueuse…
    Il éprouvait une joie funeste, avec des tremblements nerveux, à imaginer son propre cadavre étouffant en des bras glacés la jeune fille vaincue…
    Dans le délire amoureux de François I er , la Vie et la Mort, enlacées, enchevêtrées, formaient un étrange tableau dont le dessin macabre se traçait en lignes de feu dans son imagination surchauffée.
    Puis ce fut la Belle Ferronnière qui passa devant ses yeux, provocante, lubrique, admirable de beauté en la nudité de son corps, mais un masque de squelette rongé grimaçait sur son visage.
    Et toujours il en revenait à cette fantastique création de son délire :
    Il était mort… mort d’amour… mort de volupté.
    Et ses bras de cadavre enlaçaient dans une étreinte indéniable le corps de Gillette palpitant de vie et d’horreur.
    A l’heure du dîner, le roi annonça qu’il ne mangerait pas. Au moment de son coucher, il renvoya Bassignac qui, inquiet, s’assit dans l’antichambre et attendit…
    Pendant de longues heures, le roi subit, chercha, créa la série turpide des tableaux qui l’enchantaient et le tuaient. C’était une agonie de volupté.
    Bientôt de violentes lancinations attaquèrent le crâne. En même temps, les entrailles se tordirent sous l’effet du mal.
    Minuit était sonné depuis longtemps déjà, et le roi se débattait encore silencieusement.
    Cela dura deux heures encore…
    Tout à coup, les douleurs des entrailles se calmèrent ; mais, aussitôt, il lui parut qu’on enfonçait des aiguilles de feu dans ses paupières. Il ferma les yeux, et ne s’en trouva pas soulagé…
    Alors, les horreurs de la mort lui furent visibles comme si elle eût été toute proche. Il voulut se lever pour échapper aux fantômes de son délire. Il fit deux pas et tomba lourdement, avec un cri déchirant…
    Il est trois heures après minuit.
    – Le roi se meurt… Le roi va mourir !…
    Dans le château, où des lumières vont et viennent, dont toutes les fenêtres sont éclairées, ce mot court de bouche en bouche.
    Les habitants du château, réveillés en sursaut, attendent la fin de la crise…
    Et les appartements de François I er étaient déserts.
    Seuls, Bassignac et Sansac, que le valet de chambre avait couru chercher, avaient pénétré dans le cabinet royal. Ils avaient porté le roi sur son lit, l’avaient déshabillé, et Bassignac s’était élancé au dehors en quête du chirurgien de François I er .
    Ce chirurgien, après l’avoir inutilement demandé partout, il finit par le trouver dans l’appartement du dauphin Henri.
    Là, il y avait cohue.
    Au premier rang des courtisans empressés à saluer le soleil levant, Montgomery racontait à voix basse au fils de François I er une histoire qui devait sans doute l’intéresser beaucoup, car le dauphin écoutait avec une attention profonde.
    Bassignac, ayant aperçu le chirurgien dans l’embrasure d’une fenêtre, traversa la cohue… En arrivant à la fenêtre, il s’aperçut que le chirurgien causait avec M me Diane de Poitiers. Que pouvait-elle lui dire ?
    Sans souci de l’étiquette, Bassignac tira le chirurgien par la manche.
    – Que se passe-t-il, Bassignac ? fit Diane de Poitiers.
    – Le roi est gravement indisposé ; ne le savez-vous donc pas, madame ? dit le valet de chambre.
    – Oh ! mon Dieu !… mais il faut prévenir monseigneur le dauphin ! s’écria Diane qui s’éloigna aussitôt en jetant un regard au chirurgien.
    Celui-ci suivit Bassignac.
    Comme le valet de chambre partait en courant, il se heurta à Jarnac qui poussa un cri de douleur accompagné d’un juron. Bassignac était trop préoccupé pour s’arrêter.
    Mais le chirurgien, lui, s’arrêta.
    – Cet imbécile vous a heurté ? demanda-t-il.
    – Oui, mort Dieu, et cela me brûle…
    – Bon !… Je verrai tout à l’heure votre épaule. L’essentiel est que la compresse ne soit pas

Weitere Kostenlose Bücher