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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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qui l’enveloppaient, je dis à tous, messieurs, et je n’ai pas besoin d’insister sur la nature de ces dangers, puisque Gillette se trouve dans la maison du roi de France…
    – Sauvée ! murmura Triboulet dont les yeux se remplirent de larmes, tandis que Manfred, incapable de prononcer un mot, serrait à les briser une main de son père et une main de Lanthenay.
    – Oui, ajouta gravement Madeleine, sauvée, mais non hors de danger, et si vous m’en croyez, il faut agir le plus tôt possible.
    – Agir ! s’écria Triboulet avec désespoir… Mais comment ?… Depuis que nous sommes à Fontainebleau, dix tentatives ont échoué coup sur coup… Ce soir, nous étions résolus à sauter dans le parc, à tuer une sentinelle et à marcher sur le château…
    – Où vous n’auriez pas trouvé celle que vous cherchez… Bénissez le hasard qui m’a placée sur la route de Gillette… Messieurs, apprenez d’abord que l’enfant n’est plus dans le château ; elle est avec sa mère dans un pavillon du parc.
    – Avec sa mère !…
    Cette exclamation leur échappa à tous.
    – Sans doute ! fit Madeleine. Sa mère… Margentine…
    – Margentine ! s’écria Manfred ! Ah ! je comprends maintenant ce que la pauvre folle voulait me dire pendant qu’elle soignait ma blessure !
    – Margentine ! s’exclama à son tour Ragastens ; cette malheureuse à qui Gillette a été arrachée à temps !
    – Messieurs, dit Madeleine Ferron, il y a là un mystère que je vais éclaircir d’un mot. La malheureuse Margentine m’a raconté sa lamentable histoire. Margentine, messieurs, a été folle ; elle ne l’est plus depuis qu’elle est auprès de sa fille. Margentine, qui est-ce ?… Une demoiselle de Blois qui a eu le malheur de rencontrer il y a dix-huit ans François de Valois… Vous devinez, messieurs, le drame qui précipita cette créature aimante dans la folie… Trahie par celui qu’elle adorait, bafouée, abandonnée dans une scène tragique, sa fille perdue, elle sombre dans la démence… et elle ne revient à la raison que pour retrouver son enfant menacée par le même homme qui l’a perdue, elle !
    Ils se taisaient, violemment impressionnés par ce récit imprévu, débité d’une voix sombre, sans éclat, mais où perçait une haine incurable.
    Elle reprit :
    – Je ne vous dirai pas, messieurs, ce que je suis venue faire à Fontainebleau. Monsieur de Ragastens, je crois qu’à la suite de nos diverses rencontres, vous avez dû deviner mon secret.
    – Non, madame, affirma Ragastens avec fermeté.
    – Je vous crois… Qu’il vous suffise donc de savoir que nos intérêts sont communs, en ce sens que je hais François de Valois. J’ose à peine ajouter que peut-être aussi y a-t-il dans ma pensée une vive sympathie pour cet ange qui s’appelle Gillette…
    « Quoi qu’il en soit, poursuivit-elle brusquement, comme pour échapper à l’émotion, j’ai réussi à m’introduire dans le parc et j’ai mis mon centre d’opération au pavillon des gardes ; c’est là que j’ai vu Gillette et sa mère…
    Tous, ils regardaient avec une admiration stupéfaite cette femme qui, seule, avait réussi à faire ce qu’ils avaient tenté en vain.
    Elle poursuivit :
    – Quelqu’un de vous, messieurs, connaît-il le parc ?
    – Moi, dit Triboulet ; je connais aussi bien le château que le parc.
    – Vous savez donc la situation du pavillon des gardes par rapport à la petite porte dérobée ?
    – J’irais les yeux fermés.
    – En ce cas, voici ce que je vous propose. Trouvez-vous tous demain devant la petite porte dérobée. J’en ai la clef, je vous ouvrirai…
    – Pourquoi ne pas y aller tout de suite ? fit Manfred.
    – Pour deux raisons majeures : la première, c’est qu’il y a pour garder cette porte une sentinelle qui donnerait l’alarme si on n’arrivait pas à la tuer du premier coup de poignard.
    – Cette sentinelle n’y sera donc pas demain ?
    – Non, répondit froidement Madeleine.
    Il y eut un frémissement parmi ces hommes habitués pourtant à l’effusion du sang, en une époque où une vie d’homme était tenue pour peu de chose.
    – Il y a une deuxième raison, reprit Madeleine. Tout à l’heure, en traversant le parc, j’ai rencontré quelqu’un – qui ? je ne sais – mais quelqu’un qui, évidemment, surveillait le pavillon. Il y a donc des chances pour qu’il soit difficile à quatre hommes de passer dans le parc

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