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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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si je vous donne cette potion, je vous tue !
    – Composez-la toujours et apportez-la-moi… Je verrai…
    – Sire, je répète à Votre Majesté qu’elle va au suicide…
    – Taisez-vous, monsieur ! râla le roi. Que demain matin j’aie cette potion, il y va de votre vie !…
    – Le roi l’ordonne ?…
    – Oui ! Je vous l’ordonne !…
    – C’est bien, soit… Vous serez obéi…
    Peut-être était-ce un honnête homme que ce chirurgien.
    Peut-être simplement eut-il peur… mais il résolut de se taire et de tenter ensuite un suprême effort pour détourner François I er de son funeste projet.
    En sortant de chez le roi, il aperçut Diane de Poitiers qui l’attendait avec impatience.
    – Eh bien ? demanda-t-elle.
    – 
Sa Majesté a eu une crise, mais rien ne prouve que le roi soit en danger… Il sera sauvé s’il consent à prendre du repos… et surtout, ajouta-t-il, si… on écarte soigneusement de lui… la cause de l’excitation.
    – Quelle cause ? fit Diane de Poitiers.
    – Les femmes ! répondit celui-ci avec rudesse.
    Il s’éloigna.
    – Les femmes ! songea Diane… Et il peut être sauvé ! Oh ! la lettre !
    Le chirurgien s’était élancé vers son appartement, où un laboratoire était installé.
    Nous avons dit que c’était peut-être un honnête homme.
    L’idée de préparer la potion qu’il avait promise au roi le révoltait. Il s’assit dans un fauteuil, et, la tête dans les deux mains, se prit à réfléchir.
    Au loin, à quelque beffroi, quatre heures du matin sonnèrent lentement.
    A ce moment, on frappa à sa porte, et, s’imaginant qu’on venait le chercher pour courir chez le roi, il s’empressa d’ouvrir.
    C’était Diane de Poitiers.
    Elle entra et referma soigneusement la porte.
    – Voyons, dit-elle, mettez-moi bien au courant…
    – Je ne puis que vous répéter ce que je vous ai dit, madame. Le roi peut être sauvé… momentanément, du moins…
    – Que faudrait-il pour cela ?
    – Le repos le plus complet… vous m’entendez, madame ?… c’est-à-dire non seulement le repos du corps, mais celui de l’esprit. Et par repos, madame, je comprends seulement… le repos… des sens…
    – Parlez librement, fit Diane de Poitiers ; les circonstances sont trop graves pour perdre du temps aux métaphores.
    – Soit, madame. Je dis donc que le roi peut et doit se livrer à ses exercices ordinaires, même les plus violents. Au contraire, la chasse, les tournois, tout ce qui peut amener d’abondantes transpirations et dompter les sens ne peut que lui être favorable. Mais il faut qu’il cesse d’une façon absolue tout commerce féminin ; il faut même qu’il chasse tout à fait de son esprit toute pensée amoureuse… moyennant quoi…
    – Achevez…
    – En suivant ces prescriptions avec rigueur, et en se soumettant à une médication raisonnable, Sa Majesté peut vivre encore cinq ou six ans…
    – Cinq ou six ans ! répéta Diane de Poitiers.
    – Et peut-être même, conclut le chirurgien, pourrait-on enrayer le mal grâce à l’extrême vigueur du roi… Malheureusement son tempérament, d’une ardeur démesurée, a maîtrisé sa volonté. Loin de rechercher le calme qui peut le sauver, le roi m’a commandé de lui faire une potion excitante…
    – Excitante ? interrogea Diane.
    – Une potion qui, pour quelques jours, lui rendrait toutes les facultés de la jeunesse…
    – Cette potion… pouvez-vous la composer ?
    – Je le puis, madame, mais je ne le ferai pas !
    – Pourquoi ?
    – Parce que je tuerais le roi avec un philtre de ce genre aussi sûrement qu’avec une balle de mousquet dans la tête ou un coup de poignard dans la poitrine…
    – Je comprends, maître ; mais il vous est bien difficile de résister ouvertement aux ordres de Sa Majesté…
    – Aussi, madame, ne résisterai-je pas ouvertement. Je préparerai pour Sa Majesté une potion calmante, et je lui dirai que c’est le philtre qu’elle m’a demandé…
    – Et lorsque le roi s’apercevra que vous l’avez trompé, vous serez arrêté et jeté dans quelque basse fosse…
    Le chirurgien pâlit.
    Diane de Poitiers se leva et alla à lui.
    – Il faut composer ce philtre, dit-elle froidement.
    – Madame, que me demandez-vous là !…
    – Ecoutez-moi bien, maître ; les minutes sont précieuses. Il y a dans ce couloir, derrière cette porte, deux hommes qui vont entrer, si j’appelle… Voyez plutôt…
    Diane

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