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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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faisant le tour du parc.
    – Et d’un ! murmura Madeleine.
    La petite lumière se rapprochait de plus en plus.
    C’était évidemment une ronde.
    Dans quelques minutes, elle serait là ! Elle verrait le cadavre du soldat tué… L’éveil serait donné…
    Tout à coup, Madeleine se pencha vers le corps, le saisit par les pieds, et se mit à le traîner vers le bouquet d’arbres où elle avait laissé Margentine.
    Là, en un tour de main, elle enleva le manteau de nuit de la sentinelle et s’en enveloppa.
    Puis elle se coiffa de la lourde toque.
    Enfin, elle saisit la hallebarde, et, revenant à la porte, se mit à se promener lentement, sans s’en écarter trop.
    Deux minutes plus tard, la ronde fut sur elle.
    – Veillez bien ! cria le sergent en passant. Et ne vous éloignez pas de la porte…
    Madeleine poussa un grognement quelconque, en même temps qu’un soupir de soulagement.
    Bientôt la lumière de la lanterne disparut dans l’éloignement. Alors Madeleine courut chercher Margentine, l’entraîna vivement par la main et ouvrit la porte.
    Du premier coup d’œil, elle vit la voiture.
    Au même instant, elle fut entourée par les cinq hommes.
    – En voici toujours une ! dit-elle avec une gaîté qui, dans un pareil moment, était presque sinistre. Quant à l’autre, il faut la conquérir !
    Madeleine avait entraîné Margentine jusqu’à la voiture.
    – Gillette ! murmurèrent deux voix anxieuses.
    – Silence ! fit Madeleine, ou je ne réponds plus de rien.
    Et ces hommes stupéfaits, obéirent.
    – Entrez là ! dit Madeleine à Margentine en l’entraînant à la voiture. Vous me jurez d’y rester tranquille ?
    – J’attendrai ici ! dit Margentine avec fermeté.
    Et, épuisée par la perte de sang et la souffrance de sa blessure, elle se laissa tomber à bout de forces sur l’un des coussins de la voiture.
    – Entrons ! dit Madeleine, en se dirigeant vers la porte. Ils entrèrent, le cœur battant d’émotion. Elle, tranquillement, referma la porte.
    – Prenez la clef, chevalier, ajouta-t-elle en tendant à Ragastens le clef de la petite porte. C’est par là que vous sortirez. Moi, comme vous savez, je reste… Maintenant, suivez-moi.
    Ils obéirent silencieusement.
    – Qu’a-t-elle pu faire de la sentinelle qui devait être en faction devant la porte ? murmurait Ragastens.
    Et comme il se posait cette question, son pied heurta un corps. Il se pencha vivement, toucha quelque chose de tiède et d’humide.
    Alors, il se releva en tressaillant et vit que sa main était rouge de sang.
    – La sentinelle ! murmura-t-il dans un sursaut d’horreur.
    Comme ils approchaient du pavillon des gardes, Madeleine s’arrêta tout à coup et leur fit signe de s’arrêter également. Un homme s’approchait du pavillon.
    Il y entra, Madeleine ayant laissé la porte entr’ouverte en sortant avec Margentine.
    Cet homme, c’était Sansac.
    Sansac, on l’a vu, avait accompagné le roi lorsque celui-ci était venu au pavillon. Ils étaient seuls, n’ayant ou ne croyant affaire qu’à deux femmes.
    – Charge-toi de la mère, avait dit François I er , moi, je me charge de la fille…
    L’expédition avait réussi au mieux des désirs du roi. Alors Sansac avait escorté le larron jusqu’au château. En arrivant au château, le roi monta de la même allure à ses appartements.
    – Retourne là-bas, dit-il à Sansac. Il est inutile que la mère se mette à réveiller le château avec ses cris…
    – Et si elle veut crier, sire ?…
    – Eh bien… arrange-toi !
    Il eut un geste sinistre.
    Sansac partit au pas de course.
    Le roi entra dans sa chambre, dont il ouvrit la porte d’un violent coup de pied. Il jeta la jeune fille sur son lit.
    – Bassignac ! appela-t-il d’une voix rauque.
    Le valet de chambre apparut à l’instant.
    – Sire ?…
    – Tout le monde dort, n’est-ce pas ?…
    – Oui, sire !
    – Je veux que tout le monde dorme, entends-tu ?
    Il y avait dans sa voix un commencement de folie et de délire.
    – Oui, sire ! fit Bassignac.
    – Préviens Montgomery. Qu’il monte la faction devant l’antichambre ; que personne n’approche de mes appartements…
    – Oui, sire !…
    Sansac s’était mis à courir vers le pavillon des gardes. Il comptait y trouver encore Margentine évanouie, et délibérait avec lui-même s’il se contenterait de la bâillonner, ou s’il la tuerait.
    – Le roi ne veut pas qu’elle crie, finit-il

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