Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
dissèque un cadavre, Madeleine Ferron continua :
    – Remarquez, messieurs, que le roi a d’abord donné un appartement à Gillette dans le château. Puis, jugeant qu’il lui serait plus facile de la vaincre dans ce pavillon, il l’y a fait conduire. Et enfin, ce soir, exaspéré sans doute par je ne sais quel délire – je connais le roi, messieurs ! – poussé par une de ces idées qui le bouleversent tout à coup, il vient, il saisit la jeune fille, et l’emporte. Je vous le dis : elle ne peut-être en ce moment que dans l’appartement du roi…
    – Marchons ! dit Manfred.
    Fleurial s’écria :
    – Je passe devant ; je connais l’appartement, moi !
    Lorsque la masse du château se dégagea de l’ombre et leur apparut, d’un mouvement instinctif, ils se serrèrent en peloton… Quelques minutes plus tard, ils bondissaient dans les escaliers.
    Soudain, d’un geste, Triboulet les arrêta.
    – C’est là ! dit-il à haute voix, comme si toute précaution eût été désormais inutile.
    Il montrait un large couloir au bout duquel se trouvait une porte fermée, la porte des appartements royaux…
    Deux secondes plus tard, ils furent sur la porte, que Ragastens ouvrit d’un geste violent. Au-delà c’était l’antichambre.
    Dans cette antichambre, Montgomery causait à voix basse avec trois officiers. Au long des banquettes, quatre laquais à demi endormis, et au fond, devant une porte, deux hallebardiers gigantesques.
    Ragastens, en ouvrant, vit tout cela d’un coup d’œil. Ses compagnons se ruèrent. Et lui referma la porte devant laquelle il se plaça.
    – Holà ! avait hurlé Montgomery. Alerte !
    Les envahisseurs s’étaient arrêtés l’espace d’un éclair, semblables à des sangliers qui choisissent le chien qu’ils vont éventrer.
    Madeleine, du premier coup de poignard, avait abattu l’un des hallebardiers géants, et elle attaquait l’autre.
    Manfred et Lanthenay avaient bondi sur les trois officiers.
    Ceux-ci avaient dégainé. Mais ni Manfred ni Lanthenay ne tirèrent leurs épées : ils foncèrent furieusement, poignard au poing. En deux secondes, ils furent tout sanglants des coups de pointe qu’ils reçurent, mais trois corps se tordaient dans les convulsions de l’agonie.
    Madeleine Ferron, au même moment, poussa un terrible rire : elle venait de se glisser sous la hallebarde du géant et elle lui ouvrait le ventre, d’un coup de poignard.
    Les quatre domestiques, à genoux, ivres de terreur, avaient tendu leurs mains à Spadacape pour être liés.
    Quant à Montgomery, à l’instant de la porte ouverte, il avait crié « alerte ! » et avait voulu se jeter au dehors.
    Devant la porte, il trouva Ragastens.
    – Place ! grogna-t-il.
    A ce moment, il sentit sur son dos un poids étrange : Triboulet sautait sur lui et, livide, le visage en sueur, la bouche tordue par le rire de la bataille, lui disait :
    – Monsieur de Montgomery, votre humble serviteur !…
    Il avait incrusté ses dix doigts dans la gorge du capitaine qui, au bout de quelques secondes, s’abattit, peut-être mort, peut-être évanoui seulement.
    – A moi ! à moi !
    Le cri lamentable de la jeune fille aux abois fusa dans la nuit. Ils se jetèrent sur la porte…
    – A moi, mère ! à moi !
    – Te tairas-tu !
    Le cri d’épouvante et le grondement rauque de l’hystérique en délire se succédèrent.
    Alors, voyant la place nette, ils se jetèrent sur la porte qu’ils ébranlèrent.
    Une clameur de rage désespérée :
    – Fermée ! Malédiction d’enfer ! Fermée !…
    – A moi Manfred ! à moi, mon amant !
    Le gémissement de Gillette fut quelque chose de tragique, une de ces voix comme on en entend dans les rêves, une voix qui venait de quelque empyrée de l’épouvante…
    Manfred, comme un bélier, de son épaule, frappait à coups redoublés…
    Et à chaque coup, un halètement sauvage grondait dans sa poitrine en fournaise.
    – A moi !… A moi, Manfred !
    A cette minute, elle oubliait père, mère, tout ! l’homme aimé seul la pouvait sauver !…
    Le bruit de la lutte atroce allait en s’apaisant, derrière la porte. Le cri était d’agonie. Le grondement du fauve en rut, du roi qui n’entendait rien, retentit victorieux.
    – Tu es à moi ! Je t’ai !…
    Ragastens poussa un cri :
    – La banquette !…
    Tous les six se ruèrent sur la longue, lourde et énorme banquette de chêne.
    Par quelle non croyable force la

Weitere Kostenlose Bücher