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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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disant :
    – Il y a donc de grands seigneurs qui s’occupent du bonheur des pauvres gens, alors qu’il est si facile et si agréable de les tourmenter ?
    – Monsieur Fleurial, répondit Ragastens, je pourrais d’abord vous dire que je ne suis peut-être pas aussi grand seigneur que vous semblez le supposer ; j’aime mieux vous dire simplement qu’élevé moi-même à l’école du malheur, j’ai appris à respecter la douleur des autres et à la considérer d’un œil pitoyable…
    – Monsieur, fit Triboulet, ému, qui que vous soyez, vous êtes un homme de cœur, et, par ma foi, laissez-moi vous regarder bien en face, car la chose est rare…
    – Allons ! venez ! fit Ragastens en souriant.
    Les trois hommes se mirent aussitôt en chemin, suivis de Spadacape.
    – Vous dites donc, reprit Triboulet, que quelqu’un peut nous donner des nouvelles de Gillette ?
    – Vous verrez, dit Ragastens.
    Le reste de la route se fit en silence.
    Ils arrivèrent rue Saint-Denis.
    La porte de la cour qui entourait la maison était ouverte. Ragastens pâlit et s’élança vers la porte d’entrée, ouverte aussi !
    – Oh ! gronda-t-il, un malheur est arrivé ici ! Béatrix ! Béatrix ! appela-t-il d’une voix angoissée, en se jetant dans l’escalier.
    – Me voici ! répondit la voix de Béatrix.
    Et elle apparut sur le palier, comme tout à l’heure elle était apparue au roi. Ragastens soupira, rassuré.
    Manfred et Triboulet l’avaient suivi avec étonnement.
    Tous trois entrèrent dans la salle où était entré François I er .
    – Chère amie, dit Ragastens, je vous présente M. Fleurial et M. Manfred.
    Béatrix jeta un profond regard sur le jeune homme, puis ce regard se tourna vers le chevalier, avec une ardente et muette interrogation.
    Ragastens, tristement, fit
non
de la tête.
    – Est-ce notre fils ? avait demandé le regard de la mère.
    Et, au signe négatif, ses yeux se voilèrent d’une larme.
    Mais aussitôt, dans cette nature généreuse, son propre chagrin disparut ; elle ne songea qu’au chagrin de Triboulet et de Manfred.
    Elle avait compris pourquoi Ragastens les avait amenés.
    – Messieurs, dit-elle, je vous connais l’un et l’autre… Vous, monsieur Fleurial, vous êtes le meilleur et le plus dévoué des pères… Et vous, monsieur, Manfred, on m’a longuement parlé de vous, bien qu’on vous connaisse à peine…
    – Madame… balbutia Triboulet, regardant autour de lui comme s’il se fût attendu à voir entrer Gillette.
    Quant à Manfred, ce jeune homme qui était si ferme et si insoucieux devant les arquebuses des gens du roi, il tremblait et se sentait défaillir.
    – Messieurs, reprit alors Béatrix, soyez courageux, soyez fermes, soyez hommes, car j’ai une triste nouvelle à vous apprendre…
    – Gillette ! s’écria Ragastens.
    – Enlevée !
    – Gillette était donc ici ! s’écria Triboulet.
    – Vous ne le saviez donc pas ?
    – Hélas ! fit Ragastens, je leur en réservais la surprise.
    – Madame ! madame ! fit à son tour Manfred, parlez, je vous en conjure ! Peut-être est-il temps encore de courir… Quand cela s’est-il fait ?
    – Vers onze heures et demie, c’est-à-dire qu’il y a maintenant près de deux heures…
    – Oh ! ces portes ouvertes ! s’écria Ragastens. Mais qui ? qui est venu ?
    – Et qui serait-ce donc ? éclata Triboulet dont l’œil s’illumina d’un feu sombre. Qui, sinon le bandit qui s’embusque la nuit pour courir sus aux femmes, le lâche que son autorité et son pouvoir mettent à l’abri des vengeances d’une foule de pères, de frères ou de fiancés ! Qui, sinon le roi de France !
    – C’est lui, en effet, qui est venu, dit Béatrix.
    Alors, en quelques mots rapides, mais sans omettre aucun détail, elle raconta la scène à laquelle nous avons assisté dans le précédent chapitre.
    – Espérez ! ajouta Béatrix. Le roi parlait vraiment comme un père… peut-être ne court-elle aucun danger…
    – Ah ! madame, s’écria Triboulet, vous ne connaissez pas cet homme comme je le connais. Hypocrite, habile à prendre tous les masques, d’autant plus cruel qu’il croit n’avoir rien à redouter, tenace dans les passions qui se succèdent en lui, il est capable des pires crimes. Il doute en réalité que Gillette soit bien sa fille. Mais en eût-il la preuve indiscutable que je le crois capable de passer outre !
    Manfred serrait nerveusement les

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