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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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nous revient après un voyage. Madame la duchesse d’Etampes, je la mets spécialement sous votre protection.
    Le roi avait prononcé ces paroles sans malice aucune et sans y attacher aucun sens d’allusion.
    Mais la duchesse devint livide. Elle crut que le roi avait su qu’elle avait enlevé Gillette.
    – Je suis perdue, pensa-t-elle.
    Ce qui ne l’empêcha pas de faire au roi sa plus belle révérence, et, se remettant aussitôt de son trouble, de faire à Gillette toutes sortes de caresses.
    La duchesse avait jeté un coup d’œil machinal sur les seigneurs qui escortaient le roi.
    Parmi eux, elle avait aperçu Alais Le Mahu.
    – C’est lui qui m’a trahie ! se dit-elle.
    Le roi cependant était sorti.
    Il avait donné différents ordres, notamment de préparer à l’instant une voiture de voyage.
    Gillette, demeurée avec les dames de la cour, avait, elle aussi, reconnu la duchesse d’Etampes. Elle frissonna d’horreur et reçut les caresses de cette femme avec une froideur si visible que la duchesse, voyant l’étonnement des dames qui l’entouraient, s’écria audacieusement :
    – Mais, chère petite, on dirait que je vous inspire de l’effroi ?
    – Non, madame ; si vous me voyez troublée, répondit Gillette, c’est que je pense encore à une femme qui vous ressemblait d’étrange façon et qui m’a conduite chez une folle pour m’y faire tuer…
    – Oh ! mon Dieu !… chez une folle, s’écrièrent plusieurs femmes.
    – Oui, dit Gillette ; une folle qui a nom Margentine et qui habite un taudis près la Cour des Miracles… Est-ce que vous la connaissez, madame ?…
    La duchesse d’Etampes se mordit les lèvres et ne répondit pas.
    Mais elle fut plus que jamais persuadée qu’Alais Le Mahu l’avait trahie. Son angoisse dura une heure, au bout de laquelle le roi reparut. Il venait en personne chercher la duchesse de Fontainebleau.
    On a vu où il la conduisait.
    Lorsque le roi revint, la duchesse d’Etampes se demanda si elle n’allait pas être arrêtée à l’instant et conduite en quelque bastille.
    Mais, à son grand étonnement, le roi se montra d’une humeur charmante ; il daigna goûter à la collation des dames de la cour, s’assit près de la duchesse d’Etampes, et il fut évident aux yeux de tous que plus que jamais elle était en faveur.
    Ce fut à ce moment qu’on annonça le retour de Monclar.
    – Priez M. le grand prévôt de venir ici, fit le roi.
    Et il ajouta :
    – Mesdames, une nouvelle : la cour va voyager.
    – Où allons-nous, sire ? demandèrent plusieurs qui aspiraient à l’honneur de remplacer la duchesse d’Etampes.
    – A Fontainebleau. Nous partons demain.
    Monclar, en entrant, interrompit les exclamations.
    – Eh bien, Monclar, s’écria le roi, êtes-vous satisfait ? Avez-vous réduit en cendres la Cour des Miracles ?
    – Sire, dit Monclar, je voudrais avoir l’honneur de m’entretenir un moment avec Sa Majesté…
    François I er jeta un regard autour de lui.
    Les femmes, à grands froufrous de soies froissées, se levèrent, saluèrent cérémonieusement et se retirèrent.
    – Parlez ! fit le roi lorsqu’il se vit seul avec Monclar.
    – Sire, dit le grand prévôt, nous sommes battus.
    – Vous plaisantez, monsieur ! s’écria François I er .
    – Je ne plaisante jamais, sire !
    – En effet, je ne vous ai jamais vu rire. Mais aussi, ce que vous me dites est si extraordinaire.
    – Sire, nous avons été trahis.
    Le grand prévôt fit alors un récit complet de l’attaque, des dispositions qu’il avait prises et de ce qui s’en était suivi.
    – Sire, dit Monclar en terminant, ce n’est que partie remise, j’espère ; car enfin il faut bien que force demeure à l’autorité du roi…
    – Non, monsieur, répondit François I er , c’est partie terminée. Pour obéir aux conseils d’un moine fanatique, vous m’avez jeté dans une aventure qui me couvre de ridicule. Battu par des truands ! Jour de Dieu ! c’est vraiment la peine d’avoir des régiments à notre disposition ! Vous voulez recommencer ? Et moi je ne veux pas ! C’est assez d’une leçon ! Que diable avions-nous besoin de forcer ce repaire ? Les rois, mes ancêtres, ont tous respecté les privilèges des mendiants. Pourquoi irais-je faire cette nouveauté ?
    Parmi toutes les bonnes raisons que donnait le roi, il omettait la meilleure : c’est qu’il voulait quitter Paris pour aller à

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