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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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agréable, vous qui venez de me rendre coup sur coup des services aussi importants !
    – Non, non, fit vivement le chevalier. Je voudrais seulement savoir la cause de votre tristesse.
    – Vous le voulez ?
    – Je vous en prie, mon ami.
    – C’est étrange, monsieur le chevalier, que vous m’inspiriez tant de confiance et de sympathie. J’éprouve, à m’ouvrir à vous que je connais à peine, la même consolation que lorsque je parle à Lanthenay, mon seul ami.
    – Eh bien, s’écria Ragastens d’une voix émue, parlez donc à cœur ouvert.
    – La cause de ma tristesse, chevalier, est bien simple : j’aime avec passion une jeune fille ; il est probable que je l’aime depuis longtemps, bien que je ne me sois avoué cet amour que depuis peu…
    – Eh bien, fit en souriant le chevalier, je ne vois rien là de terrible.
    – Vous allez voir. Cette jeune fille, c’est la fille du roi de France.
    – Ah ! je comprends… vous redoutez de ne pouvoir combler le fossé qui vous sépare d’elle ?
    – Non, ce n’est pas cela. Il y a là tout un drame que je vous conterai. Sachez seulement que le roi persécute Gillette…
    – Elle s’appelle Gillette ?
    – Et elle est plus jolie encore que ce joli nom.
    – Mais comment le roi peut-il persécuter sa propre fille ?
    – Il est poussé par un sentiment si étrange, si bas, si vil, si improbable et si contre nature qu’à peine on peut le concevoir. Il aime sa fille, vous entendez, il l’aime d’amour.
    – C’est affreux, dit Ragastens sans trop d’étonnement ; car à force d’interroger Gillette, il avait fini par démêler à peu près la vérité.
    – N’est-ce pas ? fit Manfred.
    – Je comprends dès lors votre chagrin ; car sans doute vous ne trouvez pas le moyen d’arracher celle que vous aimez à ce père dénaturé…
    – Heureusement, elle n’est plus en son pouvoir…
    – Mais alors, qui vous empêche de la rejoindre ?
    – Voilà mon tourment ! Gillette a disparu du Louvre, mystérieusement enlevée ; depuis, je la cherche ; mais jusqu’ici, acheva le jeune homme avec découragement, je l’ai cherchée en vain.
    Ragastens le contempla un instant avec un sourire.
    – Voulez-vous m’accompagner jusque chez moi ?
    – Ce me sera un précieux devoir que de vous faire escorte, monsieur le chevalier.
    – Vous me comprenez mal. Je vous demande de venir jusque dans ma maison.
    – Quoi ! à cette heure ?
    – Qu’importe l’heure ! Je vous présenterai à quelqu’un qui pourra peut-être vous donner des nouvelles de M lle Gillette.
    – Que dites-vous ! s’écria Manfred en pâlissant.
    – La vérité…
    – Ah ! monsieur, prenez garde de me ménager quelque désillusion trop cruelle…
    – Je sais trop, dit gravement le chevalier, ce que c’est qu’une déception du cœur. Ne redoutez rien. Venez, et je crois que vous serez satisfait.
    – Je vous crois, monsieur, je vous crois, fit Manfred avec agitation. Mais le trouble où vous me voyez ne vous surprendrait pas si vous saviez à quel désespoir succède la joie que vous me donnez… Mais j’y songe, reprit-il tout à coup, il faut que vous me permettiez d’amener quelqu’un avec moi…
    – Votre ami Lanthenay ?
    – Non ! Un homme que j’ai appris à aimer et à respecter… Celui qui a élevé Gillette et lui a servi de père… M. Fleurial.
    – Quoi ! s’écria Ragastens, M. Fleurial est ici ?
    – Vous le connaissez donc ? fit Manfred surpris.
    – Non… mais j’ai fort entendu parler de lui par la personne même qui vous donnera des nouvelles de votre Gillette. Allez, mon ami, allez chercher M. Fleurial ; non seulement je vous permets de l’amener avec vous, mais sa présence est nécessaire.
    Manfred s’élança.
    – Ce n’est pas mon fils, soupira Ragastens. Mais en mérite-t-il moins le bonheur qu’il va éprouver dans quelques minutes… Plus je regarde et écoute ce jeune homme, plus je lui trouve de perfections. Allons, mon voyage n’aura pas été inutile, puisque j’aurai pu faire deux heureux… sans compter ce malheureux Fleurial que je ne m’attendais guère à trouver ici.
    A ce moment, il vit revenir Manfred. Un homme vêtu de noir l’accompagnait.
    – Monsieur le chevalier, dit Manfred, voici M. Fleurial. Comme je vous le disais, je le considère comme le véritable père de Gillette, et elle-même le considère comme tel.
    Il lui tendit la main. Triboulet la serra en

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