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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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dents.
    – Jeanne, fit étourdiment Macy qui tenait à se faire valoir, je l’ai bien connue durant son internement à Beaurevoir. Je ne puis dire si elle était pucelle, mais j’affirme qu’elle était des plus farouches. Mes joues auraient pu en porter longtemps témoignage.
    – L’auriez-vous donc provoquée ? demanda sir Humphrey, une lueur de lubricité dans la prunelle.
    – Nous jouions à des jeux innocents, mais elle détestait que je la touche. Je m’en excuse auprès de ces dames, mais j’étais fasciné. Le jour où je portai la main à sa poitrine elle a réagi comme une louve.
    – Vous ne l’avez pas volé ! lança Anna Bavon.
    – J’aimerais, poursuivit sir Humphrey, avoir la preuve formelle de sa virginité.
    – Voyez le fripon, s’exclama sir Richard. Lorsque la matrone l’a examinée, vous auriez dû demander à l’assister !
    – Allez-vous cesser ? lança la duchesse de Bedford. Vous avez déjà trop bu, mes amis.
    Un jeune chevalier d’Évreux avait entendu dire que Jeanne était d’une nature particulière : elle n’avait pas ses fleurs, elle était fort étroite et elle n’était pas sujette à certaines déviations solitaires.
    – Un mot de plus, s’écria Pierre Cauchon, la bouche pleine, et je vous prierai, jeune homme, de nous épargner votre présence !
    L’incident jeta un froid.
    Après les fraises à la crème – « les premières de la saison », dit l’épouse du gouverneur – les dames passèrent dans la pièce voisine pour y bavarder à leur aise, hors de la présence de ces butors.
    – Jeanne... poursuivit Macy d’une voix pâteuse, j’aimerais la revoir une dernière fois, avant que... Cette garce... je ne puis l’oublier... elle m’a mis le feu au sang...
    – L’amoureux éconduit n’a pas renoncé ! s’exclama joyeusement sir Richard.
    Lorsque l’évêque Cauchon, les frères de Luxembourg et les autres religieux eurent pris congé, sir Humphrey proposa d’aller rendre visite à la Pucelle.
    – Elle doit dormir à l’heure qu’il est, dit Macy.
    – Eh bien, nous la réveillerons ! Elle a toutes ses journées pour se reposer. Nous lui apporterons quelques reliefs de ce magnifique balthazar.
    Porteurs de lanternes, titubant dans la pénombre de la cour, ils se dirigèrent vers le donjon. Sir Richard imposa silence à Aimond de Macy qui entonnait une chanson grivoise tournant la Pucelle en dérision. Parvenus à l’étage ils se heurtèrent à John Berwoit qui, tiré de son sommeil, n’était pas disposé à plaisanter.
    – Monseigneur, dit-il à sir Richard, je n’ai pas permission de vous laisser entrer. Il faut un viatique de l’évêque.
    Sir Humphrey le gifla avec une telle violence que le gardien alla heurter le mur et s’affaissa.
    – Ce viatique te convient-il, faquin ?
    – Je vous en prie, mon ami, intervint sir Richard, pas de violence. Je suis moi aussi responsable de la Pucelle.
    Aimond de Macy s’avança en dansottant vers le grabat, porteur de reliefs du repas. Jeanne, qui venait de se réveiller, lui lança un regard furibond.
    – Tu ne me reconnais pas ? Je suis ton ancien compagnon de jeux, Aimond de Macy. Souviens-toi... Beaurevoir... le souterrain...
    – J’ai oublié ! fit-elle d’un ton sec. Que me voulez-vous ?
    – Nous t’apportons de quoi te restaurer. Quelques menus présents...
    – Tu peux les remporter, ivrogne ! Laisse-moi en paix !
    – Je ne veux pas te faire de mal. J’aimerais... avant qu’on t’envoie au bûcher... te demander une faveur : me laisser toucher ta poitrine...
    Comme il avançait la main, Jeanne lui cracha au visage. Éberlué, il recula en essuyant la joue avec sa manche. Sir Humphrey ricana dans son dos :
    – Mais c’est qu’elle mordrait, cette louve !
    Repoussant la main de sir Richard qui jugeait qu’on allait trop loin, il s’agenouilla au bord du grabat, et, immobilisant Jeanne, chercha ses lèvres. Elle hurla, appela à l’aide. Comme il l’avait fait lors de leur première entrevue, il dégaina son poignard et lui en mit le tranchant sur la gorge. Elle lui jeta avec un mauvais sourire de défi :
    – Eh bien, maudit Godon, qu’attends-tu pour m’égorger ? Tu m’éviterais bien des souffrances.
    – Ce n’est pas te tuer que je veux, lui souffla-t-il au visage. J’aimerais avoir la certitude que tu es vraiment pucelle. Je ne connais qu’un moyen. Tu sais lequel ! Mais, décidément, je n’en ai guère envie. Tu es trop laide, trop sale et tu pues !
    Un

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