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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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verrons bien... dit l’évêque. Huissier, conduisez-la dans la salle voisine.
    Une porte de fer séparait les deux salles. La seconde, de plus vastes dimensions, puissamment voûtée, était plongée dans la pénombre. Ce que Jeanne distingua en premier lieu c’est un gros homme en habit rouge, bras croisés sur sa poitrine.
    – Maître Mauger Leparmentier, dit Massieu, est le bourreau. Son aide se tient à côté de lui.
    Les caves de l’enfer du Dante ne devaient pas être plus impressionnantes : des pinces et des lames étaient plongées dans un brasero rempli de charbons ardents. Un chevalet de cuir occupait le centre de la salle avec à sa base deux poids de fonte destinés à étirer les membres et à faire céder les ligaments. De poulies accrochées aux murs pendaient des cordes et des chaînes. Sur un bat-flanc étaient disposées des pintes pleines d’eau et un entonnoir. Une panoplie d’outils de diverses natures et de tous calibres encombraient une sorte d’établi.
    On fit asseoir Jeanne sur un billot, si pâle et tremblante qu’elle semblait sur le point de défaillir. En parcourant cette boutique de cauchemar elle se surprit à murmurer sans que l’on perçût le moindre mot.
    – Que dis-tu ? lui demanda l’évêque. Eh bien, parle !
    – Mes voix m’ont dit hier de ne craindre ni la torture ni la mort.
    Alors que le bourreau s’entretenait avec d’Estivet sur le genre de torture que l’on allait appliquer à la patiente, Jean Lemaître dit à l’évêque :
    – Monseigneur, vous risquez de faire subir à cette pauvre fille des souffrances inutiles et que de toute manière elle ne supporterait pas dans l’état de santé où elle se trouve. S’il lui arrivait malheur les Anglais ne vous le pardonneraient pas. Vous savez ce qu’ils veulent ?
    – Vous avez raison, soupira l’évêque. De toute façon elle n’aurait pas cédé.
    Il annonça à Jeanne que l’on en resterait là présentement. Elle se leva en chancelant et s’accrocha à Massieu pour ne pas choir sur le sol.
     
    Pierre Cauchon n’avait pas abandonné son idée de mettre la Pucelle à la torture. Il demanda l’avis de quelques religieux.
    Pour Pierre Roussel on avait fait à cette hérétique un si beau procès qu’il eût été dommage de l’entacher d’un acte de cruauté.
    Jean Morel, maître en droit canon, était partisan de la torture : ce n’était après tout qu’une faible femme ; elle céderait rapidement.
    C’était aussi l’avis de Thomas de Courcelles, docteur en théologie, certain que la mise à la géhenne permettrait d’éclairer quelques zones obscures du procès.
    De même pour Nicolas Loiseleur, cet histrion qui déguisait sa voix, naguère, pour imiter les saintes : une bonne séance de torture serait pour l’accusée une excellente médecine de l’âme .
    Guillaume Érard, docteur en théologie, se montrait réservé : selon lui l’acte d’accusation était assez solide pour que l’on se passât d’un acte inutile et cruel. Les autres religieux partageaient cet avis : une nouvelle admonestation charitable serait plus efficace.
    – La majorité décline notre proposition, dit l’évêque. Nous nous plierons à sa volonté.
    Il ajouta à voix basse à l’intention du chanoine d’Estivet :
    – Cette garce échappe à la torture mais nous l’aurons quoi qu’il arrive. J’ai mon plan. Je vous en informerai sans tarder. Mon ami, cette diablesse vit ses derniers jours...

Rouen, mai 1431
    Le dimanche 13 mai, à la tombée de la nuit, la résidence de Richard Beauchamp, comte de Warwick, s’illumina de mille feux. Le gouverneur donnait une réception pour l’anniversaire d’un de ses enfants. Il avait invité, outre quelques amis et des notables de Normandie connus pour leur attachement à la couronne d’Angleterre, Louis de Luxembourg et son frère Jean, sir Humphrey, comte de Stafford, le chevalier Aimond de Macy, l’évêque Pierre Cauchon, ainsi que quelques dames et gentilshommes d’Angleterre et de Bourgogne.
    Un peu guindé au début, le festin prit vite une aimable animation.
    On ne pouvait éviter de parler de la Pucelle. Une dame de Bourgogne se réjouit de ce qu’on eût évité à la prisonnière les tourments de la géhenne ; d’autres dames approuvèrent avec chaleur. Les hommes restaient perplexes parce que partagés. On attendait de l’évêque une opinion qu’il garda pour lui ; il était trop occupé à dépiauter une côtelette à coups de

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