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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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l’abbaye de Saint-Laurent et au gibet de Montfaucon, Jeanne, en découvrant les remparts du nord de la cité, se signa par trois fois.
    L’abbé de Saint-Denis, qui avait accompagné la Pucelle, lui dit :
    – Je comprends votre émotion, ma fille. Paris est, de toutes les villes d’Occident, la plus importante et la mieux défendue. Votre troupe n’est pas assez nombreuse pour tenter une action avec quelque chance de réussite.
    Elle répondit sèchement :
    – Croyez-vous que je l’ignore ? Nous nous bornerons pour aujourd’hui à une opération de reconnaissance. Approchons... Si vous craignez pour votre sécurité, restez en arrière et décampez à la première alerte.
    – Je souhaite au contraire vous accompagner. Je suis né dans cette ville et ma famille y vit encore. Je pourrais vous y guider les yeux fermés !
    – Nous n’en sommes pas à ce point ! dit Jeanne en éclatant de rire. Dites-moi plutôt le nom de ces portes, en face de nous.
    Il lui désigna, à leur droite, au loin, la porte Saint-Honoré ouvrant hors les murs sur le Marché aux Pourceaux et la Butte des Moulins. Plus près d’eux, dans la même direction, se dressait le châtelet de la porte Montmartre. Ils n’étaient pas très loin des portes Saint-Denis et Saint-Martin. Sur la gauche se dressait la porte du Temple. Du centre de la capitale ils n’avaient qu’une vue rasante, sans perspective. À travers un brouillard de pluie et de fumée se profilaient indistinctement des clochers et des tours : Notre-Dame, l’Hôtel de la Ville, le Temple, la Sainte-Chapelle, la Bastille et, tout près des remparts, la masse grisâtre de l’abbaye de Saint-Martin-des-Champs.
    – Approchons encore, dit Jeanne. Je veux voir les défenses de plus près.
    – Je vous le déconseille, dit l’abbé. Notre présence n’est pas passée inaperçue.
    Dans l’appréhension de nouveaux combats, quelques paysans pressaient leurs troupeaux vers les deux portes les plus proches autour desquelles, campées sur le boulevard longeant les remparts à l’extérieur, scintillaient salades et bourguignottes, voletaient les éclats métalliques des pointes de lances et de guisarmes.
    – Les pauvres gens ! s’exclama Jeanne. Comment peuvent-ils vaquer à leurs travaux malgré ces alertes perpétuelles qui les chassent de chez eux ?
    L’abbé avait été témoin à diverses reprises d’un phénomène singulier : lorsque le bétail entendait sonner le tocsin il prenait de lui-même le chemin du bercail.
    Jeanne poussa de nouveau sa monture jusqu’à l’ultime limite de la prudence, en dépit des réticences de l’abbé, de son écuyer Louis de Coutes et du petit page Raymond, un adolescent au visage angélique qui ne la quittait pas d’une semelle, prévenait toutes ses intentions et ne l’appelait pas autrement que maîtresse, comme un valet de ferme.
    – Maîtresse, gare à votre gauche !
    Raymond venait d’apercevoir, émergeant sur le talus d’un fossé, la casaque rouge d’un soldat bourguignon en train de bander son arc. Le trait passa en sifflant à quelques paumes de leur cheval. Elle ne bougea pas pour autant.
    – Il faut faire demi-tour, dit La Hire. Ta bravade n’a que trop duré. Je viens de voir pointer le museau de quelques couleuvrines.
    Jeanne parut ne pas entendre cette mise en garde.
    – Intéressant ! fit-elle. Les remparts sont protégés par une escarpe, des fossés et des contre-fossés, ce qui veut dire que nous aurons à plonger et à escalader à deux reprises avant de tenter une échelade. Cela nous promet de l’exercice...
    Elle consentit enfin à se retirer. L’abbé lui dit :
    – Une attaque aurait davantage de chance de réussite contre la porte Saint-Honoré : elle est plus vulnérable que la porte Saint-Martin qui comporte un double pont-levis et quatre tours d’angle. Quand comptez-vous passer aux actes ?
    – Demain matin sans doute, si les renforts que nous attendons nous parviennent.
    Sur le chemin du retour Jeanne s’informa auprès de l’abbé de l’état d’esprit de la population.
    – Vous auriez tort de croire, ma fille, répondit l’abbé, qu’elle est toute dévouée au duc Philippe et aux Godons. J’ai encore en mémoire ce qu’écrivait cette grande poétesse, Christine de Pisan, qui vient de mourir : Il y a dans Paris beaucoup de mauvais. Il y a aussi du bon, beaucoup de bon : des fidèles du roi de France, mais ils n’osent parler... On ne saurait mieux dire en quelques mots. Charles

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