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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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qu’elle se livrait à une dernière prière à Saint-Jacques, elle se trouva nez à nez avec le frère Richard ; elle lui donna lecture de la lettre du comte d’Armagnac et de la teneur de sa réponse. Le frère laissa éclater son indignation :
    – Malheureuse, qu’as-tu fait ? De quoi t’es-tu mêlée ? Le concile a pris récemment sa décision : le vrai pape est Martin V. C’est à moi qu’il fallait te confier. Ton ignorance aurait dû te prévenir contre une prise de position dans ce problème qui te dépasse.
    – Mais, protesta Jeanne, je n’ai pris aucun parti !
    Le frère dut en convenir. N’empêche : cette lettre ne méritait pas de réponse. Elle prit la mouche :
    – Cette ignorance que vous me reprochez est ma fierté ! Il y aurait orgueil de ma part à vouloir me substituer à mes conseils. Cela leur montrerait que je puis me passer de leur aide.
    Richard battit en retraite en maugréant comme un chien battu : Jeanne exprimait en toutes circonstances une logique inattaquable.
    Avant de quitter Compiègne elle remit sa réponse à l’émissaire du comte d’Armagnac. Elle le trouva épouvanté, prêt à faire dans ses chausses comme s’il avait une meute à ses trousses, ce qui semblait être le cas : La Trémoille avait appris récemment que le comte d’Armagnac venait de se rallier, pour d’obscures raisons d’intérêt, au connétable de Richemont qui avait juré la perte du Gros Georges. Apprenant la présence du messager portant les armes d’Armagnac, il avait lâché ses chiens pour l’arrêter et le jeter dans l’Oise.
    – Vous quitterez cette ville en ma compagnie, lui dit Jeanne. Vous êtes sous ma protection.
     
    Accompagnés de quelques lances, Jeanne et Jean d’Alençon s’éloignèrent en direction de Paris en se détachant de l’armée du Sacre. Le roi n’avait émis que des réserves de pure forme : ces têtes folles voulaient se battre ? Grand bien leur fasse ! Alors qu’il s’apprêtait à signer une nouvelle trêve, il préférait les savoir loin de lui et de son Conseil.
    La colonne conduite par Jeanne quitta Compiègne au petit matin afin d’éviter les débordements d’enthousiasme de la population. Elle prit la direction de Senlis où l’on ne séjournerait que le temps de rassembler les éléments que l’on y avait laissés à l’aller afin de se présenter en force pour les opérations de harcèlement que les jeunes capitaines avaient prévu d’effectuer devant Paris.
    En cours de route Jeanne observa chez Pollux des signes de fatigue. C’était une bonne nature de cheval. Il avait porté sa cavalière sans faillir depuis Orléans. Elle lui rendait en affection ce qu’il lui donnait de patience, de résistance et de courage. Ce cadeau de Jean d’Alençon, destiné à récompenser ses premiers exploits, à Chinon, ne l’avait jamais déçue. Elle dut pourtant, en arrivant à Senlis, songer à s’en défaire. Elle s’indigna lorsque La Hire proposa de le vendre à un équarrisseur, préférant le céder pour une somme modique au bourgeois qui l’hébergeait, afin qu’il servît aux jeux de ses enfants car ce cheval était docile et dépourvu de malice.
    La Hire se mit en quête d’un remplaçant ; ce fut une remplaçante : une haquenée qui n’avait rien d’un Bucéphale mais semblait suffisamment robuste pour supporter de longues chevauchées, ainsi que buffes et torchons, comme disait la Pucelle.
    – Je l’ai trouvée, avoua La Hire, dans l’écurie de monseigneur l’évêque. Tu vas avoir l’honneur de monter une jument épiscopale et qui, de surcroît, ne te coûtera rien. L’évêque vient de prendre la fuite, comme avant lui, à Beauvais, monseigneur Cauchon. Il se nomme Jean Fouquerel et cette jument Aspasie. Joli nom, pas vrai ?
    Jeanne tint à payer ce que l’on pouvait considérer comme une prise de guerre, l’évêque étant une créature inconditionnelle des Anglo-Bourguignons.
     
    Partie de Senlis le 23 août, la colonne, renforcée des éléments prélevés sur la garnison et quelques postes des environs, arriva à Saint-Denis le 26 en traversant des paysages de plaines baignés d’une délicate lumière de fin d’été.
    Contrairement aux prévisions pessimistes de certains, la ville, dotée pourtant de solides défenses, ouvrit ses portes aux premières sommations des hérauts, la garnison anglo-bourguignonne s’étant repliée sur Paris devant la menace d’une attaque.
    Jeanne se fit libérer de son harnois

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