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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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hostile aux Bourguignons et aux Anglais, qu’elle ne veut pas d’autre protecteur que vous ! Je crains un bain de sang. Le capitaine de la garnison, Guillaume de Flavy, ne porte pas les Bourguignons dans son coeur !
    – Guillaume de Flavy, bien sûr... Mais sachez que le véritable commandant de la garnison est mon grand chambellan. Nous en avons ainsi décidé. Flavy devra s’incliner de gré ou de force.
    Charles mit fin à l’entretien en se levant.
    – Pardonnez-moi, mon beau cousin, dit-il en souriant, mais j’ai une revanche à prendre. Je veux parler du jeu de boules, évidemment.
    – Évidemment... soupira d’Alençon.
     
    Le roi avait fait dresser les tables sous la charmille de chèvrefeuille qui, dans cette belle arrière-saison, embaumait encore. La Trémoille et Xaintrailles, qui l’avaient escorté à Arras, se reposaient des fatigues de leur voyage dans une cellule de l’abbaye. Charles avait invité le chancelier Regnault et l’un de ses conseillers, Raoul de Gaucourt, ainsi que quelques officiers de la Cour. Le cuisinier Taillevant, qui suivait le train du roi, avait fait en sorte que l’on pût oublier, grâce à ses talents, à la fois la misère des temps et la modicité des subsides que lui attribuait le trésor royal. Il fit alterner avec bonheur le chapon aux poireaux blancs, la pièce de boeuf aux morilles, les gelées de viande et de poisson, fit répandre sur la table, en guise d’issues, des flans de crème, des oublies, des fruits accompagnés d’un aimable hypocras offert par l’échevinage.
    – Ce maître queux, dit Charles, est une perle ! Il est capable, comme notre Jeanne, de faire des miracles, et des prodiges comme nos capitaines. C’est dire qu’il sait tout faire avec presque rien.
    Mis de bonne humeur par ce balthazar, il ajouta en posant sa main délicate sur celle de Jean :
    – Allons, mon beau cousin, faites honneur à cette table qui vous change de celle du camp. Carpe diem ! Profitons des plaisirs que nous dispense cette heureuse journée. Demain nous aurons tout loisir de songer aux choses sérieuses.
     
    Au petit matin alors que, la mort dans l’âme, d’Alençon s’apprêtait à remonter en selle, le roi le convoqua dans sa chambre où il était en train de se faire raser.
    – Mon beau cousin, dit Charles, je vous ai rattrapé au vol ! Il eût été dommage que vous n’eussiez pu entendre la bonne nouvelle que j’ai à vous annoncer. Vous vouliez des renforts ? Eh bien, vous les aurez ! Mon Conseil est réticent mais je l’ai mis au pas. Il a grogné mais il s’est soumis. Je viens de donner des ordres. Vous aurez ce soir deux mille hommes à votre disposition. Ménagez-les. Évitez ces imprudences auxquelles vous nous avez accoutumés. Puis-je avoir votre parole ?
    – Vous l’avez, sire, et de bon coeur ! dit le duc.
    Il s’inclina pour lui embrasser la main.

3
    Le Seigneur de l’Ours

Devant Paris, automne 1429
    Dès l’aube sur pied de guerre, Jeanne fit sonner le rassemblement sur le parvis de la basilique. Flanquée de Dunois et de Gilles de Rais, le page Raymond tout fiérot tenant son cheval au mors, elle traversa la ville quasi déserte pour s’engager sur la voyère qu’elle avait prise la veille.
    Le temps s’était remis au beau ; l’averse de la nuit scintillait encore sur les prairies et les éteules ; une vieille draperie de nuages traînait sur les hauteurs de Montmartre et de Montfaucon mais, plein sud, au-dessus d’un léger écran de fumée, le ciel était entièrement dégagé.
    Gilles ne cacha pas son inquiétude à la Pucelle.
    – Il ne me déplaît pas, dit-il, de partir à l’aventure, mais ce matin, je m’interroge : qu’allons-nous faire ? Ce n’est pas avec quelques centaines d’hommes, aussi ardents soient-ils, que nous pourrons emporter la capitale et faire en sorte que Charles, en arrivant, ait juste à s’installer au Louvre.
    Jeanne éclata de rire.
    – Je n’ai pas cette ambition, Gilles ! Nous allons tout bonnement donner aux Parisiens un avant-goût de ce qui les attend lorsqu’ils auront une véritable armée sous leurs murs. Si nous parvenons avec une poignée d’hommes à leur donner des frissons, ils se diront qu’avec des milliers la prudence leur conseillera de lever les ponts et d’abaisser les herses.
    – Et comment vous y prendrez-vous pour leur donner des frissons ? Convoquerez-vous une légion céleste ?
    – Ne vous moquez pas de moi, Gilles. Nous n’allons entreprendre

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