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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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a des partisans dans toute la société : dans la population mais aussi dans le chapitre de Notre-Dame, le corps des échevins, la Prévôté...
    – Pourrions-nous attendre un secours de leur part, une rébellion, un soulèvement ?
    – Dieu seul le sait. Une population comme celle de Paris est semblable aux femmes, capricieuse en diable, pardonnez-moi... Celui que l’on appelle du nom de sa taverne, le Seigneur de l’Ours, pourrait vous éclairer. Il ne tardera guère à vous donner des nouvelles car il doit être déjà informé de votre présence. Il vient parfois me rendre visite, lui ou l’un de ses fils. C’est lui qui m’a appris la dernière manoeuvre du prévôt Simon Morhier, favorable aux Bourguignons : il a fait courir le bruit que Charles se proposait de faire raser Paris pour la punir de son infidélité, et qu’il sèmerait du sel sur ses ruines, comme les Romains l’ont fait à Carthage en criant leur Delanda Cartago ! Il s’est trouvé de sottes gens pour croire à cette fable...
    Depuis leur départ de Compiègne, ni Jeanne ni aucun de ses compagnons n’avait reçu de nouvelles du roi.
    – Cela m’inquiète, dit Jean d’Alençon. Sous la pression de son Conseil, Charles pourrait fort bien décider de nous abandonner à notre sort. La Trémoille et Regnault doivent être en train de faire mijoter leur petite cuisine de sorciers pour suborner le roi et le jeter dans le piège que lui tend Philippe sous couvert de trêves.
    – Charles, dit Jeanne, nous a laissés libres d’agir à notre guise. Il n’a pas promis de nous soutenir.
    – Cela pourtant va de soi. Question d’honneur. Je trouve cependant qu’il tarde à nous soutenir.
    Désireux d’en avoir le coeur net il décida de partir sur-le-champ pour tenter de l’arracher aux influences néfastes de ses conseillers et le persuader d’envoyer des renforts que Jeanne attendait sans trop y croire.
    – En attendant mon retour, ajouta Jean, tu ne bouges pas. C’est l’affaire de quelques jours.
    – Je ne puis attendre plus longtemps, dit Jeanne. Nos hommes crèvent d’envie d’en découdre. Quelques escarmouches leur feront prendre patience.
     
    Dans l’heure qui suivit Jean d’Alençon quitta Saint-Denis escorté d’une cinquantaine de cavaliers. À la fin de la journée il entrait dans Senlis où Charles séjournait, le gros de son armée installé dans les prairies de Montepilloy.
    Jean trouva le souverain occupé à une partie de boules dans le jardin de l’abbaye et lui expliqua les raisons de cette visite impromptue.
    – Laissez-moi finir cette partie, dit Charles. Allez m’attendre sous la treille et faites-vous servir du vin frais. Cette chaleur est pénible. Pardonnez-moi, ça va être mon tour...
    – Il y a plus urgent que cette partie, sire. J’arrive de Saint-Denis et...
    Charles s’assit à contrecoeur, ses boules dans son giron, et soupira :
    – Saint-Denis... Il est vrai que vous campez à Saint-Denis... Au fait, comme va notre Jeanne ? Toujours aussi fringante ?
    – Notre Jeanne, sire, a grand besoin de secours et s’impatiente.
    – Des secours ? bredouilla Charles. Vous aurais-je promis de vous aider dans cette folie ? La vérité c’est que vous êtes tous, ceux du Parti des Ardents, comme on dit, tombés sous le charme de la Pucelle ! Vous la suivriez combattre les Tartares si elle en manifestait l’intention !
    Il versa du vin dans les gobelets, but lentement, avec une componction épiscopale, rota, soupira :
    – Cette décision hâtive d’aller assiéger Paris est malvenue alors que nous sommes en pourparlers avec Philippe pour une trêve de six mois que mon chancelier est allé négocier à Arras. Six mois... cela va vous laisser le temps de respirer, mon cousin...
    – ... et de disputer quelques parties de boules !
    Le roi eut un sursaut d’indignation.
    – Je vais tâcher d’oublier à la fois votre insistance et vos insolences, dit-il.
    Il lui révéla les termes de l’accord intervenu avec la Bourgogne : Paris échappant à la trêve, rien ne s’opposait à ce que Jeanne allât batailler sous ses murs, mais il refusait de s’en mêler. Cela n’allait pas sans une compensation : Charles abandonnait à Philippe quelques villes ayant un pont sur l’Oise. L’armée bourguignonne faisait déjà mouvement pour occuper ces places. Compiègne faisait partie du lot.
    – Compiègne ! s’écria Jean. Vous avez donné Compiègne à Philippe ! Vous savez pourtant que la population est

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