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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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qu’une vaillance d’armes. Ce n’est pas aujourd’hui ni demain que nous prendrons Paris. J’ai confiance dans la mission de Jean d’Alençon : il saura convaincre le roi de nous envoyer des renforts. Mes voix, d’ailleurs, me l’ont assuré. De plus, vous semblez ignorer que la population nous est en majorité favorable. Une belle insurrection faciliterait notre tâche...
    Gilles partageait cet espoir, mais avec de sérieuses restrictions : les partisans de Charles étaient en nombre moins important que Jeanne ne le supposait et la force armée comme la Prévôté étaient aux mains des Bourguignons. La population n’aimait guère ses actuels occupants mais elle avait gardé un souvenir exécrable des Armagnacs, de leur arrogance, de leur grossièreté, de leur cruauté ; elle n’avait pas oublié le crime de Montereau et certains tenaient encore le dauphin Charles pour responsable de cette basse vengeance. Paris, énigme aux multiples visages, tissu de contradictions...
     
    Jeanne fit défiler son corps d’armée de la porte Saint-Denis, dite des Peintres, à la porte Saint-Honoré puis, au retour, jusqu’à la porte du Temple ou de Sainte-Avoye. Cette promenade militaire achevée, sur le coup de onze heures, elle ordonna la pause et le casse-croûte dans les ruines du faubourg que les Parisiens, comme les Orléanais naguère, avaient incendié.
    Lorsqu’elle entendit sonner midi à l’abbaye Saint-Laurent, Jeanne ordonna à Jean d’Aulon de faire sonner la trompille pour interrompre la sieste. Elle prit avec sa bannière la tête de la colonne pour la mener en vue des premiers retranchements. Elle y fut accueillie par un concert d’invectives et d’injures partant des remparts, ce qui la laissa indifférente.
    Elle fit poster Gilles avec un corps d’archers et d’arbalétriers sur le bord du second talus. Réplique immédiate : un déluge de flèches et de viretons accompagnant quelques plombées de couleuvrines qui n’occasionnèrent pas grand mal. Elle se porta avec Dunois sur la porte Saint-Denis, sa voisine la plus proche, pour une nouvelle bravade.
    On escarmoucha durant une bonne heure sous cette porte contre une compagnie de coutilliers hargneux que l’on eut grand-peine à maintenir puis à repousser vers le pont. La deuxième sortie des Parisiens engageait quelques groupes de dizeniers des milices urbaines qui, à défaut de se battre avec ardeur, montrèrent les dents. Il suffit que Jeanne poussât son Ahay ! et se portât à l’avant de sa troupe pour les faire refluer en désordre sur le boulevard.
    Quatre heures sonnaient lorsque Dunois dit à Jeanne :
    – Nous en avons assez fait pour aujourd’hui. Dix morts et une vingtaine de blessés, c’est beaucoup. Il est temps de regagner notre base.
    On avait regroupé les blessés et les morts dans une grange au toit crevé par l’incendie, où Pasquerel, aidé de quelques religieux de Saint-Denis, préparait les moribonds à leur entrée au paradis des guerriers.
     
    Jacques Guillaume ne payait pas de mine. Ce colosse jovial, au visage envahi jusqu’aux yeux par une ample toison frisée, avait, avec son sarrau maculé de terre et de bouse, le bonnet crasseux qui descendait jusqu’aux sourcils broussailleux, l’apparence d’un galopin d’écurie.
    Lorsqu’il vit Jeanne mettre pied à terre sur le parvis de la basilique il s’avança vers elle avec un grand rire.
    – Et voilà notre Jeanne, la Pucelle des Armagnacs ! s’écria-t-il. Vous avez devant vous l’homme le plus heureux de cette vallée de larmes !
    Il ôta son bonnet et s’inclina.
    Jeanne se demanda ce que lui voulait ce butor : sans doute un de ces vagabonds sorti de sa tanière pour demander l’aumône. Elle tâta sa bourse, en sortit une pièce qu’elle lui tendit. Il éclata d’un rire tonitruant.
    – Gardez votre monnaie ! Ma bourse, Dieu merci, est plus ronde que la vôtre. Mon nom est Jacques Guillaume, mais je suis plus connu sous le sobriquet du Seigneur de l’Ours. Peut-être avez-vous entendu parler de moi, bien que je souhaite qu’on en parle le moins possible.
    Il s’excusa d’une tenue qui ne faisait guère honneur à sa mission mais était indispensable pour ne pas éveiller l’attention des sergents du guet et lui permettait de franchir les portes sans inconvénient. Il avait son passeport en poche car, si l’on pouvait assez facilement sortir de Paris, il était malaisé d’y retourner. Il était sorti mêlé à un groupe de

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