Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
Vom Netzwerk:
plus que pour la guerre. Lorsque je l’ai vu partir pour Reims à la tête de son armée, l’idée m’a traversée qu’il n’en reviendrait pas. Au moins a-t-il fait montre de prudence ? Ne s’est-il pas trop exposé ?
    – Que non, madame ! Nous avons veillé à ce qu’il se tienne à l’écart de tout danger. D’ailleurs, nous n’avons pas eu vraiment à livrer bataille et aujourd’hui nous sommes débarrassés de ces soucis. Sa Majesté sera toute à votre service.
    « Au service de son épouse, songeait Jeanne, mais aussi à celui de sa grande favorite, Éléonore de Paule, et des petites dindes qui jouent du croupion pour accéder à la chambre royale. »
    Chemin faisant, Jeanne apprit de Marie que l’Université de Paris venait d’adresser au pape un message le mettant en garde contre les menées dangereuses de la Pucelle que, contrairement à leurs pairs exilés à Poitiers, ils dénigraient, la qualifiant de pécheresse et d’ hérésiarque . Le plus ardent à dénoncer les méfaits de cette diablesse était l’évêque de Beauvais, commissaire général des Anglais pour la Champagne, Pierre Cauchon : il n’avait pas pardonné à la Pucelle l’éviction de son diocèse.
    En vue de Bourges, Marie dit à Jeanne :
    – Nous avons trouvé à vous loger durant votre séjour dans une des plus belles demeures de la ville, proche de la cathédrale. Messire Charles d’Albret a pris les choses en main et veillé à ce que vous soyiez comme un coq en pâte dans notre petite capitale.
    Frère utérin de La Trémoille et lieutenant général du roi pour le Berry, Charles d’Albret n’était pas un inconnu pour la Pucelle. Personnage aimable et doucereux, dont la main moite prenait plaisir à manipuler son entourage quitte à le trahir à l’occasion, il portait beau malgré son apparence déconcertante de nabot volubile.
    – Jeanne, dit-il en se haussant sur ses souliers à grosse semelle, je suis très honoré de vous accueillir. Si cela vous convient, je serait votre cicérone le temps que durera votre convalescence.
    Ce dernier mot fit sourire Jeanne : elle se portait aussi bien, sinon mieux que lui. Il lui fit les honneurs de ses appartements situés dans la vaste demeure de René de Bouligny, ancien maître des finances royales, adversaire déclaré des Anglo-Bourguignons et de l’Université de Paris, qui l’avait renié en raison de ses accointances avec le dauphin.
    Si ce personnage aux allures de gros matou châtré se montrait discret, pris qu’il était par ses affaires, son épouse, en revanche, semblait avoir du vif-argent dans les veines. En voyant Jeanne paraître, accompagnée de Charles d’Albret, elle tomba à genoux, embrassa les franges de la huque, des larmes glissant sur ses joues rebondies. Comme elle avait du mal à se relever en raison de son obésité, Jeanne l’y aida.
    – Ah, Jeanne... Jeanne... chevrotait la dame, quel honneur vous me faites d’avoir accepté mon hospitalité ! Jamais je n’aurais pu imaginer qu’un jour... Mais entrez donc... Ne faites pas attention au désordre... Les domestiques, de nos jours, vous le savez...
    Elle alla lui montrer ses appartements. Tandis qu’elle naviguait, tanguant bord sur bord dans les étroits corridors, soufflant sans interrompre son monologue, Bouligny, qui suivait le cortège, glissa à l’oreille de Jeanne :
    – Mon épouse se nomme Marguerite, mais on la connaît en ville sous le nom de La Touroulde. Vous n’aurez pas à vous garder d’elle : c’est une âme innocente. Si elle vous importune, n’hésitez pas à la rabrouer, mais avec quelques égards, bien entendu : c’est une bavarde impénitente...
     
    Après le souper, simple mais copieux, La Touroulde dit à Jeanne qui avait revêtu des habits de son sexe prêtés par une jeune parente :
    – Si j’osais, Jeanne... Si j’osais... je vous demanderais de m’appeler Marguerite, comme moi je vous appelle par votre prénom.
    – Qu’à cela ne tienne ! répondit Jeanne. Cela facilitera nos rapports.
    Marguerite dissimula un nouvel embarras sous une toux grasse avant d’exprimer une autre requête : elle souhaitait partager le lit de la Pucelle, oh ! une nuit ou deux tout au plus... Jeanne ne put refuser cette faveur dont elle se serait bien passée. Autant, à Orléans, elle avait pris du plaisir à cohabiter avec la petite Charlotte, autant la perspective lui répugnait de partager sa couche avec cette matrone qui devait ronfler, puer, et dont elle

Weitere Kostenlose Bücher