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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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Trahison...
    – Jeanne, poursuivit le roi, tu vas nous suivre jusqu’à Gien. Je te ferai escorter ensuite jusqu’à Bourges où tu pourras jouir des bienfaits d’une retraite bien méritée. Toujours sous le harnois et l’épée au poing depuis Orléans...
    Il déploya une carte pour lui montrer le chemin que l’on suivrait pour se retrouver sur la Loire : Lagny, Bray, Sens, Courtenay, Châteaurenard, Montargis... On atteindrait la Loire la dernière semaine de septembre.
    – Sens... observa-t-elle, est bien occupée par les Godons ?
    – En effet, Jeanne, en effet.
    – Pourquoi ne pas nous y arrêter pour en faire le siège ?
    Il eut un mince sourire avant de répondre :
    – Parce que cette place n’est pas d’un intérêt capital. Décidément, Jeanne, tu es incorrigible...
     
    Il est des paysages qui proposent une image si parfaite du bonheur qu’ils donnent envie de poser le sac. On se dit qu’on aimerait finir ses jours dans une de ces misérables cabanes de briques couvertes en chaume, précédées d’un jardinet planté de salades et de rosiers, avec une remise pour la chèvre, une vieille futaille pour le chien, un nid pour un couple de merles, un clapier pour une tribu de lapins, avec tout le jour, sous les yeux, les toitures de Gien, le pont, les immensités d’eau et de sable de la Loire.
    Louis de Coutes toussa pour marquer sa présence.
    – Jeanne, dit-il, messire Jean...
    Que lui veut-on encore ? Elle se croyait seule, accoudée à la terrasse, entre le vaste château de briques et les toitures rousses de Gien, promenant son regard sur le fleuve qui semble rêver comme elle dans la somptueuse lumière de septembre, et voilà qu’on vient l’importuner !
    – Je vous rappelle, poursuit Louis, que monseigneur le duc Jean a souhaité vous voir avant son départ, qui ne va plus tarder. Il m’a chargé de vous dire...
    Le reste se perd dans un brouillard sonore, mais Jeanne n’ignore rien de cette invitation à rejoindre Jean. Son beau duc, son prince de sang royal, va quitter Gien. Leur long compagnonnage s’arrêtera dans cette cité qui marque la borne d’une aventure guerrière et amoureuse. Guerrière, sans conteste, mais amoureuse ? Pour Jean peut-être : il ne l’a jamais laissée dans l’ignorance de ses sentiments, de son désir de vivre toujours à ses côtés, d’en faire en quelque sorte sa favorite à défaut de sa femme car il ne souhaite pas renoncer à son épouse et à leurs enfants. Mais elle, Jeanne ? Est-ce de l’amour, ce frisson qui la parcourt en sa présence depuis leur rencontre à Chinon ? Elle n’a pas oublié : ils montaient le même cheval, Jean derrière, lui apprenant à tenir les rênes de manière à ne pas irriter et blesser un cheval sensible de la bouche. Est-ce un simple élan d’amitié, ce sentiment qui lui met du rose aux joues et de la brume dans la tête quand il lui dit qu’il l’aime et qu’il voudrait l’emmener au bout du monde ?
    Louis lui présente son cheval au fond de la terrasse. En montant en selle elle se dit qu’elle aurait préféré renoncer à ces adieux, que Jean, comme Gilles l’a fait la veille, parte sans se retourner. En chevauchant vers la ville basse le long de ruelles fleuries de giroflées, elle se promet de se montrer distante, froide, de ne pas prononcer le moindre mot susceptible de lui faire croire que cette séparation est pour elle un déchirement.
    – Messire Jean, dit l’écuyer, vous attend à l’auberge du Pont. Il a décidé de quitter Gien avant midi.
    – Dans quelles dispositions est-il ?
    – À la fois triste et emporté. Il tourne en rond, s’en prend à ses gens pour des vétilles.
    Que Jean soit triste d’abandonner cette campagne sans les honneurs, cela se conçoit. De même que de devoir abandonner sa compagne aux hasards de l’existence. Qu’il soit de même mécontent, comment en douter ? Il a mal supporté le refus du roi, inspiré sans doute par son chambellan, de se faire accompagner de la Pucelle dans sa retraite. Une retraite en trompe l’oeil : il n’a pas l’intention de mettre bas les armes ; il a prévu une nouvelle campagne, pour son propre compte, en Normandie.
    La veille, au cours d’un banquet dans le jardin du château, il a dit à sa compagne :
    – Jeanne, le roi vient de m’informer de son refus de te laisser me suivre. Raison avouée : il pourrait bien avoir de nouveau besoin de toi. Raison inavouée : il redoute les conséquences de la guerre que je vais

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