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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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redoutait la curiosité.
    En dépit des craintes éprouvées à l’idée de la convalescence qu’on lui imposait, Jeanne devait convenir que cette halte prolongée, dans une ville prospère et animée autour de son énorme cathédrale couleur de tourbe, lui convenait. Comme lui avait dit le roi, il y avait un temps pour la guerre et un temps pour la paix.
    Elle eut tôt fait de révéler à Marguerite qu’elle souhaitait préserver son indépendance. La dame respecta ce souhait, tout en veillant à ce que sa pensionnaire ne manquât de rien. De temps à autre, à l’heure du coucher, elle venait gratter discrètement à la porte de Jeanne pour lui demander de lui faire place dans son lit, promettant de ne pas l’importuner par ses bavardages.
    Jeanne n’avait pas tardé à deviner ce que Marguerite attendait vraiment de ces cohabitations nocturnes : entendre des voix et assister à des apparitions. Elle fut déçue.
    Si la dame ne pouvait se contraindre à ne pas ronfler, en revanche elle ne puait pas, et pour cause. Plusieurs fois par semaine, c’était le même refrain :
    – Jeanne, préparez-vous ! Nous allons aux étuves...
    Par les rues du Four-du-Roi et de la Chappe, accompagnées d’une servante, elles gagnaient à pied les rives de l’Auron où étaient installés les bains. Pour Jeanne, une découverte heureuse ! Si la promiscuité avec ces bourgeoises nues, qui grouillaient dans les cuveaux comme de gros vers blancs, lui pesait, en revanche elle se plaisait aux longues stations dans l’eau chaude ainsi qu’aux massages qui les accompagnaient et lui révélaient des sensations nouvelles et des plaisirs rares ; lorsqu’elle quittait les étuves il lui semblait flotter sur un nuage.
    À l’ambiance de la cathédrale envahie par une foule de mendiants, de pèlerins, d’une populace bruyante et puante peu favorable au recueillement, elle préférait le modeste sanctuaire de Saint-Pierre-le-Guillard où elle se faisait accompagner par son intendant, Jean d’Aulon, et le frère Pasquerel. Elle trouvait en ces lieux la pénombre et le silence auxquels elle aspirait.
    Un matin, elle eut la surprise, alors qu’elle était en oraison, d’entendre de nouveau la voix de saint Michel : il lui conseilla de prendre son mal en patience et lui annonça qu’elle allait bientôt se trouver de nouveau à l’ouvrage.
     
    Pas un instant, au cours de son séjour à Bourges, Jeanne ne trouva le temps long.
    Retour de Sully, le roi avait repris avec sa Cour possession du palais. Jeanne l’y rencontra au cours d’une cérémonie.
    – Jeanne, lui dit-il, je crains que ce séjour ne te pèse. Tu vas me suivre pour un petit voyage. Je tiens à te présenter à mes sujets qui souhaitent te connaître.
    Il la promena durant des jours et des jours dans toute la province et à l’extérieur : de Montargis à Issoudun, de Vierzon à Jargeau où les habitants, se souvenant du siège qui avait abouti à leur délivrance, l’accueillirent avec des larmes de reconnaissance. Partout des femmes venaient à elle pour la regarder, baiser sa huque, faire bénir médailles et chapelets. Elle leur disait :
    – Vous vous méprenez : je ne suis pas une sainte !
    Un matin, le sire d’Albret vint la chercher chez La Touroulde pour la conduire au palais où l’attendait La Trémoille. Il la reçut dans sa petite tenue du matin, entre deux braseros qui, outre le feu de cheminée, entretenaient dans la salle une chaleur pesante et faisaient flotter des odeurs d’herbes aromatiques.
    En la voyant paraître, le ministre se leva pour l’accueillir.
    – Jeanne, dit-il, cet habit de femme te va à ravir ! Il semble que tu aies pris du poids. Il est vrai que la table de dame Marguerite est des plus réputées, et que le manque d’exercice... Si tu te laisses aller à la vie bourgeoise il est à craindre que tu ne deviennes grasse comme La Touroulde... ou comme moi !
    Il se libéra de sa bonne humeur par un rire grasseyant qui se perdit dans des sifflements amphisémateux, avant de poursuivre en continuant à la tutoyer comme lorsqu’il était de bonne humeur :
    – Bref ! je te connais trop bien, ma petite Jeanne, pour ne pas deviner que la vie que tu mènes ne te convient guère. Tu dois te sentir mal à l’aise dans ces fanfreluches qui risquent de te faire oublier l’exercice du cheval et des armes.
    Ébahie, elle lui révéla qu’il n’en était rien, qu’elle passait quelques heures chaque jour à faire galoper son cheval

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