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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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mener contre le Régent allié des Bourguignons. Il semble tenir à cette trêve qui n’est que duperie. Je sais d’où vient le coup : du Gros Georges ! Ni lui ni le roi n’ont oublié les liens qui me lient à mon oncle, Arthur de Richemont, qui, lui non plus, n’a pas désarmé ! Ils n’ont pas oublié non plus que Madame Yolande est ma belle-mère. Elle a obtenu, grâce à toi, de quoi satisfaire ses ambitions : la sécurité pour ses domaines d’Anjou. Elle verrait d’un mauvais oeil que je reprenne, avec toi à mon côté, une offensive qui, si elle échouait, risquerait de ramener les Godons sur la Loire. Elle tient tant à cette idée qu’elle a obtenu du roi que l’on me prive de mon titre de lieutenant général pour le confier à l’une de ses créatures : Vendôme. Lorsque je partirai, demain, il me semblera avoir une épine dans chaque pied...
    L’auberge du Pont grouille de monde. Le duc Jean se tient au fond de la grande salle, devant des pots de cidre, en compagnie de ses capitaines qui boivent le coup de l’étrier, sans enthousiasme. Très pâle, il se lève pour venir au devant de Jeanne. Il lui prend le bras, lui dit :
    – Suis-moi !
    – Doucement ! fait-elle. J’ai encore du mal à marcher.
    Jean la conduit jusqu’à l’enclos en la soutenant par les épaules. Elle a remarqué la mine narquoise des gens de sa suite, persuadés pour la plupart que la Pucelle ne mérite plus son surnom. Certains se sont poussés du coude en riant.
    Il la fait asseoir près de lui sur un banc que le vent de la nuit a couvert de pommes blettes et de feuilles, qu’il écarte d’un revers de main. Il dit d’une voix étranglée :
    – J’ai longtemps hésité à te faire mes adieux, puis je m’y suis résolu. Jeanne... ma Jeanne... c’est la fin d’un long voyage et d’une grande aventure. Je n’en ai retiré que fatigue, déception et amertume mais je recommencerais volontiers si j’étais certain de n’être pas séparé de toi. Aurais-tu accepté de me suivre ?
    – J’ai l’impression, dit-elle, de ne plus m’appartenir. Que va-t-on faire de moi ? Des gens veulent ma mort, d’autres voudraient oublier que j’existe. Tantôt je souhaite retourner dans ma famille, tantôt il me prend envie de revenir me battre. Je suis à la fois prisonnière des autres et de mes incertitudes. Avec toi, Jean, je savais qui j’étais et ce que je voulais.
    – Alors, suis-moi !
    Elle frappe du plat de la main sur le genou de Jean, éclate de rire. Il sait bien que c’est impossible, qu’on aurait vite fait de les rattraper, de leur faire payer leur indiscipline. D’ailleurs, le suivre pour aller où ? Faire la chasse aux Anglais ou aux Bourguignons ? assiéger Évreux ? porter secours aux défenseurs du Mont-Saint-Michel ? Elle hausse les épaules, soupire :
    – Au fond, Jean, une seule chose t’intéresse : reprendre tes domaines aux Anglais. Si je t’écoutais je ne serais qu’un instrument entre tes mains, comme pour Madame Yolande.
    – Tu es bien autre chose pour moi, et tu le sais !
    Il lui prend les mains, les embrasse, s’en caresse le visage. Ce grand enfant... Toute molle de tendresse et d’affliction, elle se dit qu’elle n’aurait jamais dû accepter ce dernier rendez-vous. S’il cherche ses lèvres elle ne les lui refusera pas ; en revanche, s’il veut pousser plus loin son avantage elle s’y opposera : sa virginité, c’est à Dieu qu’elle l’a vouée jusqu’à la fin de ses jours, et elle sait, de par ses voix, que ce terme est proche.
    Elle se raidit, lance d’une voix ferme :
    – Pars maintenant ! Tes gens doivent s’impatienter. Dans un mois ou deux tu m’auras oubliée.
    – T’oublier, Jeanne ? Jamais ! Grâce à toi j’ai vécu la plus belle aventure dont un homme puisse rêver, et je t’aime tant... À nous deux nous aurions pu entreprendre des actes qui auraient étonné le monde !
    – Peut-être l’aurions-nous pu, mais Dieu ne l’a pas voulu.
    Dieu ? Non ! Plutôt ces larves qui grouillent autour de Charles ! Il lui répète d’une voix mouillée qu’il l’aime, attend la même confidence, qui ne vient pas. Elle répète d’une voix ferme :
    – Il est temps de partir, mon beau duc. Pars et ne te retourne pas. Sache que tu auras toujours ta place dans mes prières.
    De la porte de l’auberge elle le regarde réunir ses capitaines, monter à cheval avec cette assurance, cette souplesse qu’elle lui envie ; il va rejoindre sa troupe campée sur

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