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La couronne de feu

La couronne de feu

Titel: La couronne de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Peyramaure
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fermait mal. Elle se rajusta vivement et lui sauta à la gorge en criant des injures. William Talbot intervint, les sépara et décréta :
    – Agression contre un gardien... Propos menaçants et orduriers... Une journée de cage !
    On l’enferma quelques heures seulement, Berwoit étant intervenu pour sermonner le jeune William et faire libérer la Pucelle frémissante d’indignation et de panique.
    Elle eut, un jour de début décembre, la surprise de voir entrer dans sa cellule Jean de Luxembourg accompagné d’un personnage proche de Warwick, sir Richard Humphrey, comte de Stafford, connétable pour la France occupée, et le gouverneur lui-même.
    Le borgne s’assit à son chevet et, penché sur elle, lui dit d’une voix nasillarde :
    – Jeanne, je suis satisfait de te voir en bonne condition. Il semble que cette retraite te soit bénéfique. Tu avais besoin d’un long repos.
    Elle ne répondit rien. En d’autres circonstances elle eût fait rentrer ces paroles mielleuses dans la gorge de ce visiteur importun, dont l’haleine lui levait le coeur.
    Jean de Luxembourg se frappa sur les genoux et lança d’une voix joyeuse :
    – Je t’apporte une bonne nouvelle. Si tu consens à ne plus prendre les armes contre nous il est possible que nous obtenions ta libération.
    Flairant un piège grossier, Jeanne resta de marbre. Le comte prit la mouche et s’écria en lâchant du mucus par le trou des narines :
    – Vas-tu parler, petite garce ! Je t’offre la liberté et tu joues les dédaigneuses !
    – Vous vous moquez, monseigneur, répondit-elle. Vous n’avez ni la volonté ni le pouvoir de me faire libérer. Vous ne pouvez me vendre deux fois il me semble ! Les dix mille écus que vous avez reçus de vos maîtres anglais ne vous suffisent donc pas, même ajoutés à l’héritage de votre tante mystérieusement disparue ?
    Le comte parut ébranlé. Il s’essuya le visage à sa manche, se trémoussa sur sa chaise en criant :
    – D’où tiens-tu cela ? Qui t’a renseignée ? Je veux savoir...
    – Mes voix ! Elles me disent tout.
    Comme il restait bouche bée, un fil de morve pendant jusqu’au menton, elle ajouta :
    – Mes voix me disent bien d’autres choses. Par exemple que vos amis anglais ont décidé de me faire mourir, de s’en prendre à mon doux seigneur, le roi Charles, et conquérir son royaume, mais Dieu le leur interdira.
    Lord Stafford s’approcha du grabat où Jeanne était assise :
    – Ce sont des propos fort imprudents, ma fille. Que te disent encore tes voix ?
    – Elles me disent que, même avec une armée de cent mille hommes, les Godons ne viendront jamais au bout de leurs ambitions car ce sont de piètres soldats conduits par des capitaines incapables. Ils n’auront pas notre royaume. Voilà ce que me disent mes voix...
    Hors de lui, Stafford dégaina sa dague, bondit sur la Pucelle et lui mit la pointe sur la gorge en s’écriant :
    – Si tu oses répéter ces mensonges, sorcière, tu es morte !
    – Je répète ce que m’ont dit mes voix, murmura Jeanne, à savoir...
    – Arrêtez, par Dieu ! s’écria Warwick. Vous voyez bien, sir Richard, que cette diablesse a perdu la raison !
    Il éloigna non sans mal le connétable qui soufflait comme un taureau en colère et rengaina avec un mouvement de dépit. C’était un personnage d’une violence extrême : quelques jours auparavant, au cours d’un repas, il s’était rué l’épée au clair sur un moine qui osait vanter les qualités guerrières de la Pucelle.
    – Nous tâcherons d’oublier ce geste maladroit et dangereux, sir Richard, ajouta le gouverneur. Quant à toi, Jeanne, dis-toi que le jour est proche où notre jeune souverain triomphera des prétentions du soi-disant roi de France et qu’il régnera sur les deux royaumes. Ce ne sera que justice puisqu’il a du sang français dans les veines.
    – Dieu, fit Jeanne, en décidera...

12
    Le pain de douleur
 et l’eau d’angoisse

Rouen, janvier 1431
    Si l’évêque Pierre Cauchon avait, au début de l’affaire, redouté de ne pouvoir prendre en main le procès qui allait lui assurer une notoriété universelle, il avait été soulagé, après des mois de négociations serrées, en apprenant qu’on lui avait donné satisfaction.
    La coutume voulait qu’un accusé réputé hérétique fût jugé par l’évêque de son diocèse ou de celui où il avait accompli ses méfaits et avait été appréhendé. Compiègne, où Jeanne avait été prise, relevant du

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