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La couronne et la tiare

La couronne et la tiare

Titel: La couronne et la tiare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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Un homme tel qu’Archiac ne pouvait être un fervent des sciences divinatoires et particulièrement de l’énoptro-mancie. C’était un guerrier rude, sûr de soi, et qui peut-être ne savait point écrire. Et parce qu’il était plus proche de l’animal que de l’homme, le vaincre serait malaisé.
    –  Elle est partie, dit Paindorge. Qu’est-ce qu’elle vous voulait ?
    Constance avait disparu. Tristan émit un soupir de soulagement.
    –  Ce qu’elle me voulait ? Dis plutôt ce qu’elle me veut si tu ne l’as deviné.
    – Ce n’est pas le moment de penser aux vuiseuses 18 .
    – J’en conviens. J’attendais ta venue.
    – J’ai vu l’archegaie que Goussot vous a proposée.
    – Belle arme ?
    – Oui… Guère différente de la framée de jadis, sauf qu’elle est un peu plus courte à ce qu’il me semble… Cela va être un béhourd difficile !
    – Je le sais.
    Paindorge tira jusqu’au centre de la chambre la fardelle contenant l’armure et les bourras protecteurs. Tristan, placide, se laissa recouvrir de linges épais, puis de fer pesant dont il fit jouer les articulations.
    – Vous n’êtes point trop goin 19  ?
    – Non, mais je sue déjà. Mon dos ruisselle… Je vais te paraître outrecuidant, Robert, or, sache-le : je suis sûr d’obtenir l’avantage. Archiac ne supporte pas la chaleur.
    En dépit de cette certitude, Tristan s’apprêtait à passer par des alternances d’espoir et d’effroi.
    – Je vais devoir béhourder violemment… Essayer de rompre le bois de sa Pélias pour en venir promptement à l’estrémie 20 … Là, je serai à l’aise.
    Il le savait : la jubilation lui serait aussi néfaste que l’angoisse avant que la défaite d’Archiac fût consommée.
    – Je ne souhaite point l’occire. Je le veux voir pâle et vergogneux. La mansuétude peut jeter dans ce cœur sec et stérile une semence bénéfique.
    – Vous aberrez, messire ! Ce n’est pas en humiliant un homme qu’on s’en fait un ami.
    – Ce n’est pas en le laissant mort sur le pavé qu’on administre une leçon à un homme !… Car elle n’est plus profitable… Et puis, je vais te dire… Son cheval est-il beau ?
    – D’un blanc de perle… C’est, en vérité, un destrier magnifique… Le genre de coursier qu’on ferrerait d’or ou d’argent.
    – Je préfère lui ravir son cheval que de lui ravir la vie.
    – Pourquoi pas les deux ? interrogea Paindorge en frottant son menton dont le bleuissement virait au violet.
    *
    Ils étaient face à face. Leurs bassinets déclos, ils différaient le moment d’en abaisser le viaire (203) . Archiac souriait, Tristan s’y refusait. A cinq pas l’un de l’autre, ils s’observaient, cherchant à percer, en deçà de l’armure, leurs brassières matelassées afin de connaître la chair, les muscles, les os, sources d’une vigueur qui était un mystère. L’archegaie que Tristan serrait mollement encore mesurait une toise, l’estoc compris. La Pélias d’Archiac semblait plus longue. Son picot en feuille de saule étincelait. Il tenait, lui aussi, son arme des deux mains et la vue de celles-ci fit sourciller Tristan. Elles étaient protégées par des gantelets à gadelinges 21  : la partie saillante des poings et le dessus des phalanges de fer étaient hérissés de bossettes pyramidales afin que les doigts repliés, l’ensemble fît office de masse d’armes.
    –  On dit que le prince de Galles a des gantelets de cette espèce et qu’il aime à donner des horions dans la tête et le corps de ceux qu’il veut châtier.
    – C’est vrai. Je les enlève pour amignarder les femmes et mon cheval. Je les conserverai pour t’administrer des gourmades.
    Tristan sourit enfin. Il avait laissé Archiac l’attendre. Certes, il s’était mis à l’abri, mais il faisait si chaud que la différence était faible entre la lumière et l’ombre. « Il sue plus que moi. J’en suis sûr. » Cette certitude le réconfortait. L’armure de son adversaire était celle qu’il lui avait vue à Meaux : des épaulières spacieuses renforcées par des rondelles, un plastron doublé d’une pansière ; une ample baconnière, des tassettes en forme de cœur cintré, à la pointe émoussée, puis suprême renfort, des flancards défendant les hanches. Point de solerets de fer mais des heuses courtes. « Comme moi… A terre il faut se mouvoir aisément… » Sur la tête un camail et par-dessus un bassinet dont la visière

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