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La couronne et la tiare

La couronne et la tiare

Titel: La couronne et la tiare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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avait été façonnée en façon de demi-sphère.
    Tristan n’osa se détourner. Il sentait sur lui les regards de Paindorge, Constance, Goussot et ses aides. Derrière Archiac, l’écuyer, adossé au mur, tapotait son épée. C’était un haingre 22 au nez pointu sous son chaperon noir. Il portait sur ses vêtements une cotte vermeille rehaussée d’un écu aux armes d’Archiac : de gueules à deux pals de vair au chef d’or.
    –  Messire Archiac, dit-il. Si vous ne voulez pas tondre avec votre fer, il serait temps de commencer ce poignis (204) .
    La suggestion fut entendue : Tristan dut faire un prompt saut de côté pour éviter le dard ferré lancé contre sa poitrine.
    – Une boutie pour rien, dit-il. Un coup légier (205) .
    Ce n’était pas ainsi qu’il espérait se battre, mais hampe contre hampe jusqu’à ce que l’une d’elles se rompît ou que son possesseur fut renversé. Alors, on empoignerait les épées.
    – Allez, Fouquant !… Pousse ton bois !… Qu’il ne prenne pas racine en tes mains !… A Dieu ne plaise que je succombe car je ne te crains pas plus qu’une pomme pourrie !
    Mieux valait susciter d’autres fureurs et s’y soustraire sans suer.
    – Holà ! Messire Archiac… Tuez-le : il le mérite !
    – C’est donc ton écuyer qui dicte ta conduite ?
    Tristan éluda une seconde attaque pointée vers sa tête. Maintenant, il avait le soleil dans le dos. Archiac n’avait pour se protéger de l’éblouissement que l’ombre criblée de trous de sa visière. « Nous sommes deux contre lui maintenant : Phébus et moi ! Le vrai Phébus… Pas le comte de Foix, roi de l’outrecuidance auprès duquel Archiac paraîtrait un enfant ! » Il fallait attendre. Attendre que, sur un coup bien ajusté, ce grand fumeux se repliât dans sa coquille comme un escargot effrayé.
    Tristan ruisselait. Pressentant un assaut, il recula. Bon sang qu’il faisait chaud ! Le dos comme une marmite au sortir de l’âtre. La nuque brûlante. Il se refusait, comme son adversaire, à clore son bassinet.
    – Ah ! s’écria Archiac.
    Sans trop se courber, Tristan eut le temps d’incliner la tête. Le fer de l’archegaie pointé sur son visage, ripa contre l’épaulière dextre. Yeux dans les yeux. Rire d’Archiac :
    – Alors ? Vas-tu te battre au lieu d’eschever 23  ?
    Tristan sourit sans mot dire. Son silence, c’était du mépris. C’était du répit. « Par ce temps-là, il serait vain de t’échauffer. » Attendre encore.
    Quand la Pélias piqua son nez pointu vers lui, il l’esquiva une fois de plus et de son arme serrée d’une seule main, la dextre, il fit monter la hampe d’Archiac qu’il empêcha, ensuite, de redescendre en marchant contre le présomptueux.
    – Tu veux m’occire. Moi pas… Bâton contre bâton, je vais être ton homme !
    Rien de mortel dans un affrontement de cette sorte. Les bergers avec leur houlette, les pèlerins avec leur bourdon ou leur tau pratiquaient ces sortes d’assauts.
    Les hampes se heurtaient en tous sens et claquaient. Par deux fois, Archiac essaya une atteinte aux jambes ; il reçut aussitôt deux flancades terribles et s’abstint de recommencer. Mais il donnait des coups hargneux, essayant de frapper au corps et à la tête, travaillant tantôt bien, tantôt à contre-pied sans jamais atteindre son but. A chaque fois son bois passait tout près. Et c’était tout. Tristan le refoulait, le martelait. Le soleil restait son complice, son allié, son protecteur.
    – Sais-tu ce que je fais, Archiac ?… Je te tire toute l’eau de ton corps !… Je t’assèche et t’amenuise !… Tu as soif !… Je vois tes lèvres ! Sèches… Craquelées… Ta bouche… Tu y as du plâtre… Tes poumons ronflent comme une cheminée en hiver !
    Tristan avançait toujours, prompt à la feinte ; plus prompt encore à la défense. Les claquements se succédaient sans qu’il y eût, sur quelque portion d’armure, la moindre touche angoissante.
    Holà ! J’ai failli t’atterrer. Il m’eût fallu te relever… Par ce temps, je n’y tiens pas… Tu me parais habile comme un de ces gros clercs qui béhourdent ainsi entre deux messes.
    Justement, j’y pensais !
    Ils rirent. Tristan aussitôt proposa :
    – A quoi bon nous rigoler (206) l’un l’autre ? Restons-en là, buvons un coup, soyons amis avant qu’une de nos armes soit route (207) .
    – Non !
    Alors, prends !
    C’était un coup furieux. Il atteignit le

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