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La croix de perdition

La croix de perdition

Titel: La croix de perdition Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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saillantes. Un minuscule amas duveteux, prisonnier du sang séché qui raidissait le devant de la robe de la défunte, attira son attention. Sans comprendre ce qui motivait son geste, Hermione le récupéra avec discrétion et le dissimula dans sa manche.
    – Si fait, approuva l'Angloise. Or, une plume remplace la bilance en question. La plume de Maât 2 , qui équilibrait les plateaux de celle du tribunal d'Osiris. En d'autres termes, nous avons affaire à un être qui connaît infiniment mieux la mythologie et les symboles que nous ne le supposions. Les deux premières mises en scène étaient plus approximatives. Nombre des attributs majeurs de chaque arcane étaient fautifs : la jambe du pendu, la place de la tête décapitée, d'autres encore. L'on ne s'était pas donné la peine d'y trouver d'habiles substitutions symboliques. (Mary de Baskerville sembla réfléchir et conclut d'une voix allègre :) À moins qu'on ne les connût pas ?
    – Pourquoi, alors, les aurait-on sues dans ce cas ? argumenta Hermione.
    – Votre avis ?
    – Oseriez-vous insinuer qu'il ne s'agit pas des mêmes meurtriers ? s'affola Plaisance.
    – Ajoutez ce que nous savons déjà à cette soudaine précision dans la connaissance des lames, ma mère. Récapitulons : tout indique un agresseur de grande force physique, ou plusieurs dans le cas de Blanche, car une femme seule n'aurait pu hisser son corps. En revanche, il a fallu défoncer le crâne de Rolande en la surprenant par-derrière – tout comme Blanche – pour parvenir à la décapiterpost mortem. Ce détail suggère un meurtrier de force comparable à la victime, couard de surcroît. Qu'avons-nous aujourd'hui ? Une femme de belle santé, poignardée de face puis transportée sans que le dos de sa robe, ni l'arrière de son voile ne puissent laisser croire qu'elle fut traînée. En d'autres termes, elle a été portée jusqu'à la bibliothèque. Nous nous retrouvons donc à nouveau avec un assassin de grande puissance… ou plusieurs.
    – Selon vous, cette dernière lame n'est pas cohérente avec les deux premières qui furent utilisées. Pourquoi donc cette mascarade, hormis pour nous induire en erreur ? demanda Hermione.
    – Voyez-vous, ma très bonne, je crois que les deux premières lames étaient véritablement des messages, des justifications du ou des meurtriers élaborées à la va-vite mais en référence à quelque chose de précis. Le détestable mystère qui environne la prétendue madame de Cerfaux renforce ma conviction. Néanmoins, si nous passons en revue les lames restantes du tarot, il n'en est plus beaucoup qui puissent permettre une mise en scène aisée, avec les moyens du bord, et surtout évocatrice du tarot. Si ce n'est la Justice. Selon moi, elle a été choisie pour son côté… artistique et non pas pour sa signification. Si je puis dire. Sans offense envers la défunte.
    – Quoi qu'il en soit, nous n'avons guère avancé en élucidation, reprocha Plaisance.
    – Plus que vous ne le pensez, ma mère. Saviez-vous que Rolande, donc Marguerite également, avaient un frère, Monge, décédé ?
    – Non pas, s'étonna l'abbesse. Rolande ne l'a jamais évoqué, pas même lorsque je lui parlais de mon jeune frère, qui porte le même prénom. Comment l'avez-vous appris ?
    – En allant discuter avec le maçon chargé de graver la plaque funèbre temporaire.
    – En quoi cela nous avance-t-il ? demanda Hermione, perplexe.
    – Je l'ignore. Toutefois, cette bonne Rolande, que tout le monde décrit comme laborieuse et tatillonne, le nez plongé dans ses colonnes de chiffres, bref sans imagination aucune, est bien… surprenante, soupira Mary de Baskerville.
    – De grâce, expliquez-vous ! la pressa Plaisance.
    – N'est-il pas bien étrange que Rolande soit allée, la veille de son meurtre, rendre visite à ce maçon afin de lui confier le modèle de l'épitaphe qu'elle souhaitait voir figurer sur sa tombe ? « Je rejoins mes amours, Dieu et mon bien-aimé Monge. » Devant l'étonnement du bonhomme, elle a prétexté un mauvais rêve, une peccadille superstitieuse afin de justifier son geste surprenant.
    – C'est invraisemblable, s'énerva l'abbesse. Cela reviendrait à dire que… que…
    – Qu'elle savait que sa fin était proche, en effet.
    Un silence de sépulcre s'abattit dans la bibliothèque, chacune se dévisageant à tour de rôle, comme si un secret se terrait dans l'un des trois regards. Hermione songea qu'il

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