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La croix de perdition

La croix de perdition

Titel: La croix de perdition Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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jeta un regard vers l'âtre creusé à même le sol dans lequel brûlait un maigre feu.
    – Ah, c'tout comme aux Clairets ! Avec ce froid, on réchauffe un peu l'vin. C'qui prouve que fait meilleur être une boutille qu'un homme ! C'qui prouve aussi que quelqu'un va r'venir alimenter l'feu.
    Urdin verrouilla la porte afin de ne pas alerter.
    – Faut qu'on soit prompts et silencieux, messire. Surtout lui qu'on r'joint, ajouta-t-il sans grande émotion.
    Urdin récupéra deux esconces dans sa bougette, en alluma une qu'il tendit à l'homme en noir.
    – Elle ne me sera pas utile, conserve-la. J'y vois plus clairement dans l'obscurité. Au contraire, la lumière me blesse.
    – Tout comme ma Claire.
    – Pas pour les mêmes raisons, toutefois.
    Ils avancèrent le long d'un couloir en pente, assez large pour permettre le passage des barriques, et débouchèrent dans une vaste salle où régnait une température plus clémente. Des dizaines de tonneaux étaient rangés le long des murs.
    – On est d'jà sous terre, prévient Urdin. Soit les cachots sont au bout, soit y sont en dessous.
    L'homme-loup découvrit une porte basse, seulement barricadée d'une traverse, et l'ouvrit. Une suffocante odeur de moisissure le prit à la gorge. Soudain méfiant, il demanda à nouveau :
    – C'est pas des menteries, c'que vous m'avez conté, hein ? C't'une crapule, une ordure, ben vrai ? Comme la femme, c'te Anne ?
    – D'une très vilaine espèce, je te l'ai dit. Je ne me parjure jamais. Il n'a pas hésité à offrir la vie d'un très jeune homme, son fils spirituel. Un innocent qui n'avait jamais porté tort à personne. Toutefois la femme est bien pire, car elle est plus puissante. Bien plus.
    – Sur vot'âme ?
    – En ai-je seulement une ? Une qui vaille la peine que je l'engage ? Préfère mon honneur, tu seras mieux loti.
    – Sur vot'honneur, alors ?
    – Sur mon honneur !
    Urdin le précéda dans l'escalier tournant. Une sorte de mousse glissante tapissait les marches de pierre, preuve que l'endroit était fort peu fréquenté.
    L'homme murmura :
    – Sais-tu si mon vieil ennemi monsieur de Villanova est toujours céans ? J'aurais tendance à le croire. Je flaire sa présence.
    Urdin chuchota d'un ton indifférent :
    – J'sais pas. C'que j'sais en r'vanche, c'est que j'ai repéré les traces d'un cheval dans la neige, dans un seul sens, ç'ui qui mène à Dame-Marie.
    Une seule des trois portes renforcées de clous qui s'alignaient le long du couloir était verrouillée. Urdin la crocheta sans peine.
    Frère Henri se redressa d'un bond sur sa paillasse. Il cligna des yeux, peinant à identifier les deux silhouettes qui se rapprochaient de lui. Un petit sourire satisfait détendit ses lèvres sèches et ses flasques bajoues tressautèrent de satisfaction. Il n'en avait pas douté une seconde. Le cavalier noir ne pouvait le laisser aux mains de l'Inquisition. Il avait besoin de sa science.
    – Monseigneur, quelle agréable et prévisible visite, ironisa Henri. Soyez assuré que je n'ai rien révélé de votre existence à mes contradicteurs.
    – Tu mens, moine, rétorqua Arnaud Amalric d'un ton doux. Je suis bien certain que tu t'es fait un devoir de me trahir afin de te décharger, à peu de frais, de tes péchés. Peu importe. Prévisible, disais-tu ?
    – Certes. Vous ne la trouverez jamais sans mon aide. Elle que vous cherchez depuis si longtemps. Or, je sais où se trouve… l'objet de votre convoitise.
    – Je ne convoite jamais rien. Je prends lorsqu'il me sied.
    – Il n'en demeure pas moins que, sans moi, vous ne pourrez rien prendre ! contra le moine. (Soudain grisé par son atout, il poussa son avantage, déclarant d'une voix sans appel, une voix qu'il aurait réservée à un inférieur :) Je veux sortir à l'instant de cette geôle putride. Je veux ce que vous m'aviez promis. Ma main et l'éternité. Sinon, vous n'obtiendrez jamais ce qui vous fait défaut, menaça Henri en suivant du regard les gestes d'Urdin que leur conversation paraissait ennuyer.
    L'homme-loup avait tiré une touaille 3 crasseuse de sa bougette et l'avait tassée en boule entre ses mains.
    – Petit homme, commenta Arnaud Amalric en hochant la tête de tristesse. Urdin, fais ton office. J'ai juré un jour, il y a si longtemps, de ne plus jamais torturer. Je l'ai juré sur ce que je cherche. Là est ta mission : m'épargner l'ultime parjure.
    Comprenant qu'il était vaincu, imaginant l'horreur qui

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