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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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conduit par-devers lui, avec tous les honneurs dus à son rang royal, jusqu'à Lille où il l'attendait pour discuter de sa mise en liberté. Jacques de Roussay conduirait l'escorte à laquelle la nourrice du comte de Charolais était invitée à se joindre étant donné les rigueurs de la saison et les dangers des chemins.

    Catherine refusa. Elle préférait, dit-elle, demeurer à Dijon entre l'oncle Mathieu et dame Bertille dont les sentiments réciproques se précisaient et dont les accordailles devaient être bénies le lendemain même à Notre-Dame. Elle embrassa son amie, promit « quand elle se sentirait mieux » d'aller la visiter à Lille ou à Bruges et, deux jours plus tard, regarda partir calmement l'imposant cortège qui emmenait à la fois Symonne et René d'Anjou. Une longue route entre Jacques de Roussay et le Roi dont elle savait pertinemment qu'ils la désiraient l'un et l'autre était une épreuve qu'elle se refusait à endurer...
    Et ce fut seulement quand la ville fut retombée à son silence hivernal que Catherine donna à Gauthier l'ordre de faire leurs préparatifs de départ.
    D'une même voix, Mathieu et Bertille s'indignèrent.
    — Comment peux-tu nous faire cela ? s'écria l'oncle tout prêt à pleurer. Tu avais dit que du désirais demeurer avec nous jusqu'au printemps ?
    Le sourire qu'elle lui offrit était plus triste que les larmes dont se gonflaient les yeux du brave homme.
    — J'ai menti, dit-elle simplement. Je vous en demande bien pardon. Mais si j'avais dit où je désire me rendre, Symonne peut-être ne m'aurait pas laissée partir...
    — Et tu crois que moi je te laisserai aller sans savoir où ?
    — Oui, parce que vous me connaissez depuis longtemps, que vous m'aimez bien et que là où je vais j'espère rencontrer la paix dont j'ai tant besoin... je redeviendrai peut-être moi-même. Et, je vous en supplie, ne m'en demandez pas davantage !
    Comment, effectivement, lui expliquer l'étrange projet qui avait germé dans son cœur douloureux et son esprit malade : gagner la Lorraine, s'y mettre à la recherche de la fausse Jehanne et d'Arnaud qui prétendait s'attacher à l'aventurière. Mais cette fois il ne s'agissait plus de reprendre son époux. Ce n'était plus possible après le malheur qui lui était advenu. Non, tout ce qu'elle souhaitait c'était le revoir une dernière fois... confondre l'aventurière pour en détacher Montsalvy, et puis tout dire, tout raconter de l'horreur subie dans le moulin, montrer sa souillure dans toute son horreur. Alors... très certainement, Arnaud la tuerait ! Elle mourrait de sa main, cette belle main brune et forte qu'elle avait tant chérie, dont elle cherchait si passionnément les caresses naguère encore... Cette fois, la main bien-aimée lui donnerait une paix qu'il ne lui était plus possible de trouver en elle-même. Les portes de la mort ouvertes par l'homme qu'elle avait tant aimé et qu'elle aimait encore lui seraient douces, apaisantes et lumineuses...
    C'était à cela qu'elle pensait encore tandis que le pas de son cheval résonnait sous la voûte noire de la porte Saint-Nicolas puis s'imprimait sur la neige fraîche où se perdait le dessin de la route de Langres.
    — Où allons-nous donc ? demanda Bérenger qui, en regardant l'immense et froide nature, se prenait déjà à regretter la douce chaleur de la maison Morel- Sauvegrain.
    — Droit devant nous ! riposta Catherine laconiquement.
    L'enfant, peu satisfait de la réponse, s'apprêtait à poser une autre question mais un coup de coude de Gauthier vigoureusement appliqué dans ses côtes le fit taire, et l'on continua à chevaucher en silence.
    Depuis qu'elle lui avait donné ses ordres de départ, l'écuyer observait attentivement sa maîtresse mais sans en rien dire, gardant pour lui seul les réflexions qu'elle lui inspirait.
    En apparence, Catherine était exactement semblable à ce qu'elle avait toujours été dans sa beauté intacte mais, chaque fois qu'il lui adressait la parole, Gauthier avait la curieuse impression de s'adresser à quelqu'un d'autre. Il avait en face de lui la parfaite enveloppe, lisse et pure, de la dame de Montsalvy mais rien d'autre car les sentiments qui avaient toujours habité cette enveloppe semblaient à présent curieusement différents, étrangers même. En outre les occasions qu'il pouvait avoir de scruter, de face, le beau visage fermé n'avaient jamais été si rares.
    Tant que dura le voyage vers la Lorraine, il ne vit guère

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