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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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arrêter ? Vous m'accorderez bien deux jours ? Je suis moulu, ma chère amie... et j'aimerais arriver chez moi autrement que sur un brancard et avec une fluxion de poitrine !
    — Soit ! J'aurais mauvaise grâce à vous le refuser, mon pauvre Jean, puisque vous voici devenu si fragile ! Vous étiez plus solide jadis ! Serait-ce l'âge qui vient ?
    — Je ne suis pas fragile, ronchonna-t-il vexé, mais je n'ai plus vingt ans et il fait un temps à ne pas mettre un chrétien dehors !...
    Quant à vous, je vous trouve devenue bien rude tout à coup. Votre amitié était plus... moelleuse, jadis !
    Il semblait si malheureux, ayant perdu à cause de ce rhume toute sa superbe habituelle, que Catherine éprouva un remords à traiter si cruellement l'ami qui se dévouait pour elle. Se penchant vivement sur sa selle, elle posa un baiser rapide sur sa joue mal rasée.
    Il ne faut pas m'en vouloir, Jean ! Je sais bien que je suis insupportable, odieuse et que je vous paie mal de votre amitié qui, elle, est toujours aussi moelleuse. Mais c'est que ce séjour à Lille me fait peur, voyez-vous, et que j'aimerais en être déjà repartie.

    — Pourquoi donc ? Je croyais que vous aimiez dame Symonne Morel, que vous vous réjouissiez de la revoir.
    D'un mouvement de la tête, Catherine désigna, droit devant elle, le grand étendard aux armes de Bourgogne qui répété à multiples exemplaires claquait dans le vent sur les tours du palais et le couronnement du beffroi, l'étendard qui proclamait la présence du Duc.
    — Elle, oui... mais lui... lui je ne veux pas qu'il sache ma présence
    ! — Quelle idée ? bougonna Van Eyck. Pourquoi donc la saurait-il ?
    — Mais... parce que vous pourriez la lui apprendre, mon ami. Oh, tout à fait incidemment, bien sûr, presque par étourderie, en même temps que vous lui rendrez compte de votre mission...
    Le visage du peintre où jusqu'alors le nez seul était rouge s'empourpra d'un seul coup.
    — Me croyez-vous donc capable de telles machinations ?
    Il semblait si offusqué, si vertueusement offensé, qu'elle ne put s'empêcher de rire.
    — Bien sûr, je vous en crois capable ! Le Duc a en vous le modèle des serviteurs. Avez-vous oublié qu'à Roncevaux, il y a deux ans, j'ai dû vous fausser compagnie discrètement pour vous empêcher de me ramener à lui pieds et poings liés... ou presque ?
    — C'est vrai. Mais c'est qu'aussi l'occasion était trop belle !
    Ne l'est-elle pas cette fois-ci ? Je crois, moi, qu'elle est encore plus belle et j'ai peur que mon retour auprès de votre cher seigneur ne soit chez vous une idée fixe. Et je me demande même si vous avez vraiment l'intention de me ramener à Bruges, si justement, dans votre pensée, le voyage ne s'arrête pas à Lille, ainsi que vous venez de le laisser échapper, il y a un instant.
    — C'est ridicule. Pourquoi donc ne vous ramène- rais-je pas à Bruges, pourquoi ne rentrerais-je pas chez moi ?
    — Parce que, d'après ce que j'ai appris à Dijon, il ne faisait pas bon vivre à Bruges, ces temps derniers, pour les fidèles serviteurs de Philippe. Le peuple, les corporations sont en révolte contre leur prince qui prétend réduire leurs privilèges à cause de leur mauvaise conduite devant Calais et qui refuse d'abattre les fortifications du port voisin de l'Écluse, leur bête noire. Et je connais assez les gens de Bruges, mon ami, pour savoir qu'il est très difficile de calmer leurs révoltes.
    D'autant que le sang a déjà coulé.
    — Décidément, l'Histoire s'écrit différemment, suivant que l'on est bourguignon ou flamand, s'écria Van Eyck qui s'énervait. Mais nous n'allons pas faire, à présent, de la politique de plein vent. Je me bornerai à vous dire ceci : la ville est calme depuis que, le 13
    décembre dernier, le Duc y est venu. On s'est mis d'accord sur une sorte de compromis. Secundo je ne vous ai pas menti, quoi que vous en pensiez : j'ai bien réellement l'intention de vous conduire à la Florentine ! Vous voilà satisfaite ?
    — Peut-être mais...
    — Pas de mais ! Et souffrez qu'à mon tour je pose une question simple : pourquoi, avec ces idées derrière la tête, m'avez-vous suivi ?
    — Mais parce que j'avais bien l'intention de vous obliger à me mener à destination. Et puis, je pensais qu'au cas où vous en tiendriez vraiment pour Lille, le secours de Symonne ne m'y manquerait pas. A présent cessons de nous disputer. C'est trop bête ! Promettez-moi seulement de ne rien faire pour que je

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