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La dame de Montsalvy

La dame de Montsalvy

Titel: La dame de Montsalvy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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d'une chaîne de diamants, de perles et de rubis assortis à l'énorme agrafe qui étincelait à son chaperon. Et Catherine songea qu'il n'avait guère changé depuis leur dernier et dramatique revoir sous les murs de Compiègne '. Plus maigre peut-être... plus hautain aussi parce que plus sûr de lui et de sa puissance. Elle n'avait eu alors devant elle que le duc de Bourgogne. A présent il était véritablement le prince que, dans les cours d'Europe, on appelait de plus en plus le grand-duc d'Occident...
    Comme elle était bien assortie à lui, la grande femme blonde, mince et de si fier maintien dont il tenait le bout des doigts ! Elle était belle d'ailleurs, d'une beauté calme et discrète mais réelle, due à la finesse de traits, à la coupe nette du profil, à l'eau calme des yeux. Vêtue de noir, de blanc et d'or avec une fabuleuse parure de rubis venue de son Portugal natal, elle portait un hennin ennuagé de dentelles de Malines, si haut qu'il réduisait un peu la taille, cependant élevée, de son compagnon. Un compagnon qu'elle ne regardait pas. Et Catherine ne put s'empêcher de remarquer que l'expression de ce visage était mélancolique, qu'un pli de tristesse orgueilleuse marquait le coin des lèvres encore fraîches...
    1 Voir II suffit d'un amour, tome II.
    Pourquoi donc les duchesses de Bourgogne étaient elles ainsi vouées à la mélancolie ? Autrefois, à Bruges, elle avait vu passer devant elle la toute jeune Michelle de France, première épouse de Philippe que le tombeau n'allait pas tarder à réclamer et, déjà, Catherine avait été frappée par sa tristesse douloureuse. Cela tenait bien sûr à ce qu'aucune d'elles ne pouvait être heureuse auprès d'un homme à ce point habité par la luxure et les feux dévorants de l'amour charnel...
    Comme Michelle, Isabelle de Portugal portait sa couronne ducale à la manière d'une couronne d'épines.
    Une volée d'acclamations salua le couple. Près de Catherine, un homme taillé comme un bûcheron poussa un « Noël ! » si vigoureux qu'il fit trembler l'air, aussitôt suivi d'un « Vive notre bon duc, vive notre bonne duchesse ! » digne d'un bourdon de cathédrale. Ce fut si vigoureux même que Philippe tourna la tête, cherchant le possesseur d'un gosier tellement puissant.
    Il ne devait jamais le connaître car son regard froid, errant sur la houle des têtes, accrocha le cheval et sa cavalière... et ne bougea plus, cependant qu'un sursaut visible faisait frémir ses épaules. Incapable de se mouvoir, incapable aussi de détourner son propre regard Catherine fascinée vit les yeux bleu glacier s'animer d'une surprise mêlée de doute puis, soudainement, s'illuminer. Elle comprit alors qu'elle était reconnue, s'affola, chercha à se libérer de la foule qui l'enserrait mais c'était impossible sans blesser une ou deux personnes et il lui fallut rester là, clouée comme à un pilori à l'angle d'une maison sous le regard dévorant du prince qui l'avait tant aimée...
    La surprise de Philippe avait été si forte que, sans même s'en être rendu compte, il s'était arrêté, lâchant la main de son épouse qui, instinctivement, chercha, elle aussi la raison de cet arrêt inattendu.
    Catherine, dont le visage s'empourprait lentement, dut supporter le poids de deux regards bien différents, puis celui d'autres encore...
    Un murmure glissa sur la foule puis la voix de la duchesse s'éleva, haute et claire, déjà méprisante :
    — Venez-vous, monseigneur ? On nous attend !...
    Comme à regret et toujours sans cesser de fixer
    Catherine, Philippe reprit la main de sa femme, se remit en marche, s'éloigna, traînant après lui la suite du cortège scintillant dont la vague aux couleurs multiples le cacha bientôt aux yeux de Catherine.
    Derrière le couple ducal, le roi René et le connétable de Riche- mont, venu discuter de la rançon du royal prisonnier, passèrent, sacrifiés...
    Catherine, encore bouleversée, ne les vit même pas !...
    Ce fut seulement quand la traîne de la dernière dame, le plumet du dernier courtisan eurent disparu que la foule qui l'emprisonnait consentit à s'écarter, la laissant libre de rejoindre les trois hommes qui avaient dû demeurer de l'autre côté de la rue. Naturellement, l'œil perspicace de Van Eyck n'avait rien perdu de la courte scène et il ne put retenir un soupir contrarié quand la jeune femme, tremblante encore de l'émotion ressentie, jeta presque son cheval contre le sien.
    — Jean, je ne

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