Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La dottoressa

La dottoressa

Titel: La dottoressa Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Graham Greene
Vom Netzwerk:
quand on va vers Alger.
    Nous y sommes allés par le train, et juste en face il y
avait un coin extrêmement solitaire, une toute petite île. Mais vraiment
minuscule. Avec notre filet à papillons nous avons poussé jusqu’à la plage. C’était
une plage sauvage, pas du tout le genre pour baigneurs. Nous avions dans l’idée
d’y attraper les fameux papillons, et de là nous avons passé l’eau jusqu’à la
petite île – on aurait pu s’y rendre à la nage ou peu s’en fallait, tellement
c’était près. Mais les pêcheurs nous y ont conduits en barque en un rien de
temps, et dans l’île il y avait des souris qui venaient voir, tellement les
visiteurs étaient rares – des souris adorables, oui, tout à fait
apprivoisées ! Elles venaient nous voir et n’avaient pas peur de nous
manger dans la main, elles ne savaient pas ce que c’est que les gens. C’était
vraiment un coin charmant, cette plage.
    N’empêche, ça tournait au vinaigre maintenant avec Alfi. Ça
s’est terminé par une dispute parce qu’il aurait voulu continuer jusqu’au golfe
de Gabès, selon les instructions du professeur Werner, toujours pour qu’on lui
cherche ses papillons, ainsi que des scarabées des sables. On était censé lui
en récolter tout un tas et c’était au-dessus de mes forces, ça allait contre
mon cœur parce que moi, ce que je voulais, c’était aller jusqu’au Caire (bien
plus loin) et jusqu’à Gafsa et Tozeur. Près du Caire il y a des temples
magnifiques et aussi les oasis, et c’était tout cela que j’avais envie de voir,
et Nefta également, tandis qu’Alfi, lui, il ne s’intéressait qu’à son Gabès, si
bien que j’ai dit : « Non et non, du moment que je suis en Tunisie, je
veux tout voir, absolument tout, je me fiche des papillons ! » Comme
il refusait, j’ai télégraphié à mon ami Baudisch qui passait les vacances dans
le Midi de la France. Il a pris le bateau à Marseille pour Tunis, où il est
passé me prendre. Nous sommes allés ensemble d’abord à Gafsa et ensuite à
Tozeur et de là à Nefta, où il y a des foules de jeunes garçons qui plongent
tout nus du haut des grands arbres au-dessus des étangs. Et l’autre avec ses
papillons ! Pauvres bestioles, comme si elles n’avaient pas déjà la vie
assez courte sans qu’on les empêche d’en jouir en paix !
    Bien entendu, Alfi s’est senti très offensé. Baudisch, lui, était
heureux parce que ma petite expédition avec Alfi avait été pour lui une vraie
épine dans l’œil – c’est comme ça qu’on dit ?
    N’importe, j’ai quitté Alfi. Et maintenant excusez-moi un
instant, il faut que je me serve de votre salle de bain.
AVEC BAUDISCH EN TUNISIE
    Tout ce temps-là, en attendant, le beau Gigi était resté à
Positano. Il n’y avait rien de convenu. Rien de précis. Il savait que j’étais
étudiante et qu’après ce voyage je retournerais à Vienne, puisqu’il s’agissait
seulement des vacances d’été.
    Je me trouvais donc dans l’oasis de Gafsa, où je me plaisais
énormément. Surtout le soir, avec toutes ces tables et tous ces Arabes qui
boivent leur café et fument la pipe ; et puis de là nous sommes allés
quelque part où c’était infiniment plus charmant encore : Nefta, une autre
oasis avec de magnifiques dattiers, et des grenades, et une source d’eau d’une
fraîcheur ! Jamais je ne m’étais imaginé une chose pareille : une
oasis avec un amour de source, une merveille de fraîcheur où on peut plonger et
se baigner. Quel délice, le soir de notre arrivée, juste à la descente du wagon
atrocement surchauffé…
    On quittait Tunis sur le coup de midi pour arriver vers le
soir. En chemin, les Bédouins prenaient le train après avoir récité leurs
prières, et quand la nuit a commencé à tomber le train a fait halte, et tous
ces gens sont descendus pour étaler chacun leur tapis et dire encore leurs
prières, après quoi ils sont remontés et le train est reparti. C’était drôle de
voir tous ces nez se baisser dans le sable pendant que les derrières montaient
en l’air.
    Tout ce monde faisait très peu attention aux étrangers que
nous étions ; nous n’avons pas eu d’ennuis. Excepté, à Tabarka, un jeune
garçon qui devait avoir dans les douze ans et qui avait fait ami avec moi ;
il voulait savoir comment c’était là-bas en Europe, il parlait tout le temps de
Marseille par-ci, Marseille par-là, et est-ce que je voulais bien l’emmener
avec moi quand

Weitere Kostenlose Bücher