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La dottoressa

La dottoressa

Titel: La dottoressa Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Graham Greene
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Naples je n’ai fait que passer, j’ai continué sur Palerme, et
ce fut ma première rencontre avec la Sicile, qui me frappa énormément. De
Palerme, je retournai directement à Vienne et à mes études. Je n’avais plus
envie de Tolleg. Les choses avaient changé. Beck s’est occupé du petit homme, il
l’a ramené à Vienne et puis l’a renvoyé très confortablement à Paris, où Tolleg
s’est trouvé quelque chose de bien et a atterri dans les sphères qu’il fallait.
Je n’ai plus jamais entendu parler de lui. Mes études avançaient et j’avais un
tas de confrères que j’aimais bien – Schallinger, Hirschenhauser et
Leonardo, l’italien qui venait de Bolzano, Baudisch aussi, bien sûr, et puis
plus tard le docteur Mund, un Polonais, que j’ai vraiment adoré à l’époque. Il
a été tué à la guerre de quatorze.
UN CERTAIN ALFONS
    Faire sa médecine, ça peut être extrêmement déprimant, à
cause du nombre de cas difficiles que présente la médecine interne. Ce qui fit
que, tout un semestre, je me transférai en zoologie pour suivre les cours du
professeur Werner, c’est-à-dire que je continuais les travaux pratiques à l’institut
d’Anatomie, mais en laissant tomber tout le côté interne. Chaque fois que je le
pouvais, je faisais de la zoologie avec le professeur Werner. L’après-midi, j’allais
en excursion dans la forêt viennoise. C’était d’une beauté ! – et
cette année-là était celle de la Comète. Laquelle exactement, j’ai oublié –
peu importe. C’était un plaisir de la regarder de la Hapsburgwarte le soir, oui,
c’était un spectacle ravissant. La queue était d’un brillant !… C’était la
pleine lune et les gens avaient peur. Les gens simples de la rue disaient que c’était
la fin du monde. C’est dire leur peur. Au bout de deux ou trois jours, ils s’y
sont habitués. Comme les pigeons quand on tire au fusil pour les effrayer ;
ils ont tôt fait de revenir picorer en se dandinant tranquillement.
    À l’époque, j’avais un nouveau confrère qui étudiait comme
moi la zoologie : un certain Alfons Gabriel, fils d’officier. Il vivait en
dehors de la ville, à Doebling, Hasenauerstrasse, et il mettait tant d’enthousiasme
à sa zoologie que je me suis enflammée au contact. Il avait une passion pour
les opéras de Wagner, et alors un jour où nous devions aller le soir écouter la
Valkyrie, nous avons fait d’abord un tour dans la forêt viennoise – ce
n’était pas la première fois, seulement cet après-midi-là nous avons rapporté
des bois une grenouille dans une bouteille. C’était en mai ou en juin… Une
grenouille en bouteille, oui, et juste au moment du piano dans le grand
duo de Siegmund et de Sieglinde, voilà que la bestiole se met à coasser. Les
gens autour de nous au poulailler regardent, et Alfi dit : « Silence,
chut ! » comme tout le monde, pour empêcher qu’on devine d’où
pouvaient bien venir les coassements. On se servait couramment, vous savez, de
ces bocaux à spécimens où on enferme des bêtes quand on en trouve. Et la
grenouille devait trouver que ça manquait de confort là-dedans, alors elle s’était
mise à coasser. Ça devait être la première fois qu’une grenouille se mêlait de
faire du bruit au beau milieu de ce duo et de son élégant pianissimo. Il
n’y avait qu’à nous que ça pouvait arriver.
    Alfons et moi nous avions décidé, si jamais la possibilité s’en
offrait, de faire un grand voyage en Afrique. Et le fait est qu’Alfons y mit le
temps, mais qu’il devint explorateur par là-bas plus tard. Nous voulions aller
en Tunisie pour l’été. Ça nous semblait être le coin d’Afrique le plus proche. Donc,
va pour Tunis et la Tunisie, en route ! Là-dessus le professeur Werner, du
département de Zoologie, nous dit : « Si vous allez en Tunisie cet
été, il faut que vous me rapportiez tel et tel types de papillons. » Il
les collectionnait, les papillons, et il lui manquait des espèces qu’on ne
pouvait attraper qu’en Tunisie, apparemment, ce qui fait qu’il nous a dit :
« On n’a pas le droit d’aller en Tunisie rien que pour s’amuser. Du moment
que vous allez là-bas, si vous le pouvez le moins du monde, vous me rapporterez
ces papillons. »
    Finalement, nous voilà partis, et en emportant tout l’équipement,
juste en cas, afin d’être en mesure de ramener les bestioles de là-bas jusqu’à
Vienne pour les préparations. Il y avait en ce

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