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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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voulez…
    — Epouvantes ? dit Fausta. Vous avez prononcé : épouvantes ?… Guise a peur ?… Allons, mon cher monsieur de Maurevert, vous prêtez vos sentiments aux autres…
    Et descendant en elle-même, Fausta vit qu’il y avait dans son cœur une chose qui n’y était pas auparavant : l’épouvante… Mais aux yeux de Maurevert, elle était toujours la Fausta, forte, invincible et toute puissante. Car rien, non, rien dans son attitude ne pouvait laisser soupçonner qu’à ce moment même ses pensées ressemblaient à ces feuilles de peuplier qu’un ouragan d’automne arrache et emporte éperdues dans les airs bouleversés. Maurevert lui, n’avait ni l’envie ni la force de déguiser ses impressions — son unique impression.
    — Madame, gronda-t-il, Guise a peur. Bussi-Leclerc a peur. Maineville a peur. Maurevert a peur. Et c’est cela qui peut nous sauver tous les quatre, c’est d’unir ces quatre épouvantes pour en faire sortir la foudre. Madame, entendez-moi ! Guise a vu la mort de près cinquante fois. Je l’ai vu, moi, ôter sa cuirasse et son casque pour marcher à l’ennemi. C’est un héros de bravoure… Bussi-Leclerc s’est battu avec tout ce que Paris compte de spadassins mortels, et il s’est toujours battu en souriant… Maineville a donné, la nuit ou le jour, plus de coups de poignards, plus de coups d’épée qu’il ne compte de mailles à sa chemise d’acier… Moi, madame, je suis Maurevert, et on dit de moi : Maurevert ne craint aucun dieu, et il n’est aucun diable qui ne craigne Maurevert… Et on le dit à juste raison !…
    Maurevert jeta autour de lui un regard de haine affreuse, comme s’il eût haï l’humanité tout entière, comme s’il eût espéré que quelqu’un surgirait sur qui il pût faire retomber sa rage.
    — Le duc de Guise, madame, nous a dit ceci : « Je crois que tous quatre nous mourrons de la main du damné Pardaillan ! » Il n’avait pas besoin de le dire en ce qui me concerne. Voici seize ans que je le sais, moi ! Et c’est atroce, madame, au point que j’ai senti la folie m’envahir parfois… Ce n’est pas la peur de la mort, non, puisque je la brave, puisque je l’ai bravée, puisque j’ai voulu me tuer… Pour moi, pour Guise, Pardaillan représente des choses formidables du passé, et c’est pourquoi nous redoutons un avenir terrible tant qu’il vit… Or, il vit, madame… il est libre !…
    Ici, Maurevert fit en quelques mots le récit des événements qui s’étaient passés à la Bastille. Ce récit, Fausta l’écouta avec le même calme apitoyé. Maurevert acheva alors :
    — Voilà ce que je suis venu vous dire, madame. C’est-à-dire que le duc, moi, Leclerc, Maineville, nous nous unissons désormais pour atteindre l’ennemi commun. C’est-à-dire, madame, que je ne puis m’attarder à l’abbaye de Montmartre. Le duc part pour Chartres, nous partons ensemble tous les quatre.
    — C’est fort bien vu, dit paisiblement Fausta. Mais enfin, depuis ce matin que cet homme est sorti de la Bastille, qu’avez-vous déjà fait pour le retrouver !
    — Nous avons mis sa tête à prix : cinq mille ducats d’or… mais sans espoir ; car selon toute vraisemblance, il a quitté Paris à la pointe du jour ; on l’a vu se diriger vers la porte Saint-Antoine. Nous avons bien lancé quelques cavaliers vers Vincennes ; mais moi, je savais tout cela inutile…
    Maurevert se tut brusquement, et attendit avec impatience de pouvoir se retirer.
    — Retournez donc auprès du duc, dit Fausta, toujours avec la même tranquillité. Nous reprendrons nos projets particuliers, sire de Maurevert, quand avec l’aide de vos trois amis vous aurez triomphé de votre ennemi.
    Maurevert s’inclina et se dirigea vers la porte par où il était entré.
    — Non, dit Fausta, passez par ici…
    Elle lui désignait la porte qui faisait communiquer le palais et l’auberge. C’était un principe, au palais Fausta, qu’on vît le moins de monde possible entrer ou sortir, surtout le jour.
    Maurevert ayant salué Fausta sortit donc et se trouva dans l’auberge, ou du moins dans cette salle somptueuse qui semblait n’être que le prolongement du palais. Il la traversa et parvint dans un cabinet, au moment où l’une des hôtesses, Pâquette, y entrait elle-même par une autre porte. Pâquette, apercevant cet étranger, ferma vivement cette porte comme si elle eût craint qu’il n’aperçût des personnes qui se trouvaient

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