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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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mots en grinçant des dents. Fausta qui l’étudiait avec la froide attention d’un chirurgien qui fait crier la chair sous son scalpel, Fausta qui apparaissait au moine, rayonnante de beauté et de majesté, véritable incarnation de la souveraineté pontificale, Fausta, disons-nous, voyant le jeune homme haleter, se hâta de continuer :
    — Souvenez-vous que depuis cette nuit fatale, vos veines semblent charrier des laves enflammées, et que vos lèvres brûlées de fièvre cherchent dans la nuit un baiser pareil à celui qu’elle y déposa alors !…
    — Grâce, madame et souveraine, râla le moine. Je ne sais par quel prodige vous êtes au courant de sensations que je n’ai même pas la force de m’avouer à moi-même, bien loin d’en avoir parlé à qui que ce soit au monde. Mais ces sensations, vous me les peignez avec une vérité affreuse, terrible, et qui achève de dévorer ce malheureux cœur.
    — Soit, reprit Fausta avec une infinie douceur. Ne parlons donc plus du passé, et songeons à l’avenir. Vous voilà donc en garde. Et si vous vous trouvez en face de la duchesse de Montpensier…
    — Eh bien ? bégaya le moine.
    — Eh bien, je vous l’ai dit : soyez en défiance… car… mon devoir est de vous prévenir… de vous prémunir… soyez en défiance… car…
    — Madame, ma souveraine, de grâce…
    — Eh bien, elle vous aime ! dit la Fausta.
    Le moine jeta un cri terrible et tomba prosterné, la face contre terre. Longtemps, il demeura ainsi, avec cette seule pensée vivante en lui, flamboyante comme un éclair qui l’eût aveuglé :
    « Elle m’aime !… Me méfier d’elle… moi !… Ah ! dût-elle me conduire en enfer !… »
    Lorsqu’il se releva, il vit avec surprise que Fausta avait disparu. A sa place, une jeune femme souriante l’attendait. Elle le prit par la main, le conduisit à une porte qui, sur un signal donné par elle, venait de s’entrouvrir.
    Le moine franchit cette porte, et se retrouvant dans l’auberge du
Pressoir de fer
, il put croire qu’il avait rêvé. Sans s’attarder, d’ailleurs, il quitta l’auberge et s’éloigna rapidement.
    Dans le palais mystérieux, au moment où le moine ébloui, extasié, s’était prosterné, Fausta avait laissé tomber sur lui un regard de mépris. Et elle s’était retirée par une porte dérobée, ordonnant à une de ses suivantes de reconduire le moine.
    Fausta était entrée dans une pièce voisine de celle où elle avait reçu Jacques Clément. Là, elle avait retrouvé une femme qui l’attendait sans soute avec impatience, car à la vue de Fausta, elle s’avança vivement à sa rencontre. Et si le moine eût été là, il eût reconnu aussitôt le costume de laine blanche et les longs cheveux d’or de l’ange qui venait de lui apparaître. Seulement, les traits de cet ange, de graves et mélancoliques, étaient devenus rieurs, et le visage sceptique de la duchesse de Montpensier eût peut-être alors porté un coup mortel aux croyances du moine.
    Quoi qu’il en soit, l’ange s’étant avancé au-devant de Fausta, celle-ci lui prit les deux mains, la baisa au front et lui dit :
    — Vous êtes vraiment l’ange de grâce et de beauté souriante dans la terrible bataille où tout est si noir et si triste autour de nous…
    — Ainsi, s’écria Marie de Montpensier, il croit vraiment que je suis ange ?
    Elle éclata de rire, puis tout aussitôt ajouta :
    — Pauvre jeune homme !
    Et c’était, en somme, une étonnante anomalie que dans cette tête légère et fantasque, se fût logé un projet tragique.
    — Il croit que vous êtes l’ange !… Ne l’êtes-vous pas en effet ? reprit la Fausta.
    — Par ma foi, ma belle souveraine, dit Marie de Montpensier, j’avoue que parfois cela ne laisse pas que de m’effrayer un peu moi-même. Songez donc ! Un ange !… Si je me voyais dans un miroir à ce moment-là, je serais capable de m’évanouir de peur…
    La Fausta considéra la duchesse avec une gravité qui avait quelque chose de glacial. Et elle dit :
    — Bien que votre esprit sacrilège ne puisse concevoir des vérités qui vous échappent, apprenez que vous êtes l’ange désigné, beaucoup plus qu’il ne vous semble à vous-même…
    — Mais… balbutia la duchesse interdite et presque frappée de terreur.
    — Mais, continua Fausta, il est temps que ce rôle vous soit ôté. Faible comme vous êtes, vous ne pourriez le supporter plus longtemps. A Chartres, ce n’est

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