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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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j’avais l’honneur de l’exposer, ils respirent à peine ; le cardinal est dans un fauteuil, le bourreau est tombé en travers, de tout son long, sur le tapis.
    Fausta se tourna vers Pardaillan, qui, livide, essuyait son front. Et elle dit :
    — J’ai voulu, monsieur, vous faire savoir que ces deux hommes sont bien près de la mort…
    Pardaillan fit un effort pour échapper à cette impression d’horreur qui venait de le paralyser.
    — Qu’on ouvre la porte de leur chambre, qu’on ranime les deux condamnés. Qu’on les ramène à la vie et à la force par un prudent emploi de la liqueur qui nous sert en pareil cas. Puis, quand ils seront capables de marcher, qu’on les conduise jusqu’à la rue et qu’on les y laisse libres en leur disant que grâce leur est faite de par l’intercession de M. le chevalier de Pardaillan… Qu’on me prévienne dès qu’ils seront ranimés…
    — Madame ! murmura Pardaillan.
    Fausta fit un geste hautain qui signifiait : « Attendez ! ce n’est pas fini entre nous ! »…
    L’homme qui venait de faire le rapport s’était retiré. Un mortel silence s’établit. Pardaillan considérait avec une indéfinissable horreur cette femme, qui pourtant venait de lui donner si complète satisfaction. Près d’une demi-heure se passa ainsi. Puis l’homme reparut en disant :
    — Les condamnés ont été ranimés selon l’ordre donné. Il ne reste plus qu’à les conduire jusqu’à la rue.
    — Monsieur le chevalier de Pardaillan, dit Fausta, accompagnez vos amis jusqu’au grand vestibule : je vous attends ici… car si je vous prouve que j’ai accepté le marché proposé, vous devez me prouver à votre tour que mon homme à moi est libre comme sont libres vos deux hommes à vous…
    Elle fit un signe, et l’homme au rapport s’inclina, et sortit, suivi de Pardaillan. Rapidement, le chevalier, à la suite de son conducteur, franchit deux ou trois vastes salles, magnifiquement décorées, longea un couloir et parvint à une porte ouverte.
    — C’est là, dit le conducteur.
    Le chevalier entra et, assis sur des fauteuils, il vit le prince Farnèse et maître Claude. Un personnage vêtu de noir, quelque médecin sans doute, était penché sur eux et achevait de les rappeler à la vie… une sorte de petit vieillard à figure énigmatique.
    Quelques minutes se passèrent. Pardaillan attendait, la gorge serrée par l’angoisse, regardant avec une maladive curiosité ces deux visages d’hommes sur lesquels la souffrance avait laissé des traces terribles, fantômes qui semblaient revenir des lointaines régions de la mort.
    Puis le personnage noir se releva avec un rire silencieux de satisfaction et se tourna vers Pardaillan :
    — Ils en reviendront, dit-il avec une grimace qui voulait être sans doute un sourire. Ils en reviendront, s’ils prennent la précaution de manger et boire avec une grande modération pendant huit jours. Louée soit notre souveraine sacrée qui fait grâce !
    Là-dessus, le petit vieux fit une courbette, boucha soigneusement le flacon qu’il tenait à la main, puis, ayant jeté un dernier regard sur les deux condamnés, sortit, ou plutôt disparut sans qu’on pût dire au juste par où il s’était éclipsé. Pardaillan regarda vivement autour de lui, vit qu’il était seul, et s’approchant de Farnèse, lui glissa rapidement à l’oreille :
    — En sortant d’ici, entrez à l’auberge voisine, rejoignez-y le duc d’Angoulême et allez m’attendre tous les trois à la
Devinière
, rue Saint-Denis. Eh bien ! monsieur continua-t-il à haute voix, comment vous trouvez-vous ?…
    Le cardinal et le bourreau eurent un regard effaré, vacillant, rempli de cet immense étonnement qui est le vertige de la pensée. Ils étaient pâles comme des spectres. Leurs joues étaient creuses, leurs yeux profondément enfoncés sous les orbites.
    Mais presque aussitôt, et avec une foudroyante soudaineté, le sang afflua à leurs visages. C’était la liqueur du petit vieux qui agissait. Ils se dressèrent debout, et leur premier mouvement fut de marcher à la porte. Puis, ils s’arrêtèrent avec une crainte d’enfants : leur pensée, presque atrophiée par la souffrance, ne leur laissait plus la possibilité de la lutte…
    — Au nom de Violetta ! murmura ardemment le chevalier.
    — Violetta ? balbutia Farnèse comme s’il eût éprouvé une grande difficulté à se souvenir et une plus grande encore à parler.
    Mais ce nom

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