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La Fausta

Titel: La Fausta Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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hommes que vous ne connaissez pas ?
    — Je crois que vous faites erreur, madame, dit Pardaillan. Je suis bien venu pour sauver ces deux hommes, mais je ne suis pas venu pour me faire tuer, puisque je vous ai dit tout au contraire qu’il est nécessaire que je vive encore. Je vous propose un marché, voilà tout, estimant que la vie de Jacques Clément que je tiens dans mes mains vous est plus précieuse que la vie de Farnèse et de Claude. Me serais-je trompé ? ajouta avec une inquiétude réelle, si réelle qu’elle eût pu paraître feinte à tout autre que Fausta.
    — Vous ne vous êtes pas trompé, dit-elle gravement. Et la preuve, c’est que je fais grâce à ces deux hommes, condamnés pourtant par un tribunal dont les sentences sont sans appel.
    Pardaillan demeura stupéfait. Il ne pouvait croire que la ruse naïve qu’il venait d’employer eût si pleinement réussi.
    Pendant toute cette étrange conversation que nous venons de relater, il s’était constamment tenu sur ses gardes, l’œil au guet, l’oreille tendue aux bruits de l’intérieur du palais, la main prête à dégainer.
    Mais Fausta venait de frapper deux coups sur le timbre. Un homme entra, et au moment où il souleva la tapisserie, Pardaillan put voir derrière cette tapisserie des gens immobiles, l’épée à la main.
    — Ce sont les douze gentilshommes en question, songea-t-il.
    — Que font les prisonniers ? demanda Fausta.
    — Le prince Farnèse est assis dans un fauteuil, et le bourreau couché sur le tapis.
    « Le bourreau ! » s’exclama Pardaillan en lui-même.
    Une sorte d’angoisse l’envahit. Une sueur froide pointa à son front. Quel était ce bourreau ?… Quelles mystérieuses accointances pouvait-il y avoir entre le bourreau et Violetta ?… Car ce bourreau, c’était l’un des deux prisonniers… c’est-à-dire celui qu’on appelait maître Claude ! Celui que Violetta aimait plus encore que son père !…
    — Que disent-ils ? reprit Fausta.
    — Ils ne disent rien. Ils semblent privés de sentiment. Cependant ils vivent encore ; la poitrine du cardinal se soulève avec effort, et on entend le souffle haletant de maître Claude…
    — Horrible ! murmura Pardaillan qui pâlit.
    Fausta souriait d’un sourire aigu qui montrait ses dents, admirables perles qui brillaient sous l’incarnat de ses lèvres…
    Cette femme se délectait donc du récit de l’épouvantable agonie ?… Non ! Ou bien nous avons mal exposé ce caractère, ou bien l’on doit savoir que Fausta ne pouvait se réjouir d’une souffrance humaine. Elle se croyait l’Ange, l’Envoyée qui frappe quand il faut frapper, mais sans aucune notion du sentiment humain.
    — Qu’ont-ils dit ? Qu’ont-ils fait depuis qu’ils ont commencé à mourir ?
    Elle posa cette question, et l’homme répondit :
    — Dans les premières heures qui ont suivi la sentence au sacré tribunal, les deux condamnés sont restés immobiles, chacun dans un coin, comme prostrés et abattus. Puis le bourreau a cherché un moyen de sortir. Lorsqu’il eut constaté l’impossibilité de la fuite, il s’est tenu tranquille. Des heures se sont passées. Puis ils ont commencé à souffrir vivement, car ils se sont rapprochés l’un de l’autre et ont cherché dans un échange de paroles un oubli momentané de la souffrance.
    L’homme parlait froidement ; il ne faisait pas un récit ; il faisait un rapport, voilà tout. Tandis qu’il parlait, Pardaillan regardait Fausta et il frissonnait en se disant :
    « Est-il possible qu’une femme entende des choses pareilles sans crier de pitié ?… »
    — Puis, continua l’homme, ils se sont séparés à nouveau. Le cardinal s’est assis dans un fauteuil et a fermé les yeux. Le bourreau s’est tenu debout dans l’angle opposé, regardant fixement devant lui. Enfin sont arrivées les grandes souffrances. D’abord, des plaintes se sont élevées ; puis ces plaintes sont devenues des cris ; puis ces cris sont devenus des hurlements ; la folie furieuse s’est déclarée ; tous les deux se sont rués sur la porte qu’ils ont martelée de coups. Puis, peu à peu, après quelques heures de fureur, ils ont pleuré, ils ont demandé une goutte d’eau…
    — Affreux ! oh ! c’est affreux ! haleta Pardaillan.
    — Continuez, dit simplement Fausta.
    — Enfin, ils ont commencé de râler ; les grandes souffrances sont passées et l’agonie, je crois, est bien proche. Maintenant, comme

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