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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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serais curieux de voir ce que pèse la rapière d’un ruffian d’Italie contre l’épée d’un loyal gentilhomme de France.
    La vérité est qu’il grillait d’envie de se mesurer contre le rival qu’il avait deviné et qu’il détestait déjà d’instinct. Aussi toute son attitude était-elle une insulte, un défi.
    La foule attentive n’en vit pas si long. Pour la première fois, elle trouvait un homme qui osait jeter à la face de Concini effaré cette épithète insultante de « ruffian d’Italie » que chacun lui prodiguait tout bas. Elle se sentit soulevée, cette foule. Elle exulta. Et elle éclata en une formidable acclamation :
    – Vive le damoiseau !
    C’était la deuxième fois qu’elle la lançait, cette acclamation. Mais, cette fois, soulignant l’injure de ce jeune inconnu, elle prenait une signification d’une éloquence terrible. Tout autre que Concini eût compris, se fût gardé, eût cherché un moyen honorable de battre en retraite. Mais Concini était grisé par sa fabuleuse fortune. Concini était aveugle et sourd. Concini ne comprit pas, ne voulut pas entendre Rospignac qui, plus clairvoyant, lui conseillait la prudence et la modération. Concini hurla :
    – 
Porco Dio !
qu’attendez-vous pour obéir, quand je commande ?… Saisissez-moi cet homme, vous dis-je.
    D’ailleurs, il faut leur rendre cette justice, ils n’hésitaient pas. Tous ces coupe-jarrets étaient braves, c’était incontestable. Ils s’étaient mis en mouvement avant que leur maître eût fini de donner son ordre. Roquetaille et Longval, qui venaient de se relever, foncèrent les premiers, l’épée haute :
    – Il faut que je te saigne ! hurla Roquetaille.
    – Je veux te mettre les tripes au vent ! mugit Longval.
    Ils pensaient bien ne faire qu’une bouchée de cet adversaire dont l’apparence était plutôt délicate, La vigueur des deux maîtres coups de poing qui les avait envoyés mordre la poussière aurait dû cependant leur donner à réfléchir. Mais ils comptaient sur leur science profonde de l’escrime. Car, tous, ils étaient des escrimeurs redoutables, Et puis, les scrupules ne les étouffaient pas, puisqu’ils chargeaient à deux contre un. Ils avaient donc toutes les raisons de croire qu’ils seraient facilement plus forts et qu’ils expédieraient promptement leur homme. Car ils ne songeaient pas à l’arrêter, eux. Ils voulaient sa peau :
    Malgré tout, et contre leur attente, ils trouvèrent un fer souple et vif qui para comme en se jouant toutes leurs attaques. Peut-être même eussent-ils reçu la leçon que méritait leur présomption, si toute la bande, avec des clameurs épouvantables, n’était venue à leurs secours. Tous, en même temps, tombèrent sur l’insolent qui, exploit tout à fait imprévu, qu’on n’eût certes pas attendu de lui, soutint sans faiblir l’effroyable choc.
    Il était clair, cependant, que, malgré sa folle intrépidité, malgré sa force et son adresse, ce jeune homme ne pourrait pas résister longtemps aux quinze spadassins qui, sans vergogne, l’assaillaient de toutes parts.
    C’est ce que comprit la foule que Concini et les siens dédaignèrent, et en qui Odet de Valvert n’avait même pas eu l’idée qu’il pourrait trouver un secours. Elle s’était indignée, elle avait grondé sourdement l’instant d’avant. Mais nous avons vu qu’elle n’avait pas osé intervenir. Cette fois, le branle se trouva donné. L’orage éclata. Pour avoir été retardé un instant, il n’en fut que plus terrible. Ce fut d’abord, en réponse aux clameurs des ordinaires, une clameur formidable qui couvrit tous les bruits :
    – A bas les étrangers !… Qu’ils s’en aillent chez eux !… A bas les affameurs !…
    Et la foule s’ébranla. Les hommes de Concini durent lâcher Odet de Valvert, faire face à cette multitude d’adversaires qu’ils ne s’attendaient pas à rencontrer. La foule, cependant, s’était contentée de dégager le « damoiseau » dont l’attitude crâne avait eu le don de soulever son enthousiasme. Elle s’était contentée de paralyser les hommes de Concini sans les frapper.
    Concini ne comprit pas encore. Cette modération de la foule qui venait du sentiment qu’elle avait de sa force, il l’attribua à la peur. Il acheva de s’enferrer : il rugit :
    – Chargez-moi cette canaille !… Sus, sus, frappez, assommez !… Ses hommes obéirent, frappèrent en effet. Quelques malheureux

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