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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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tombèrent, à moitié assommés. Alors la colère du populaire éclata dans toute son irrésistible impétuosité. La duchesse de Sorrientès avait dit à d’Albaran qu’elle voulait voir ce qu’allait faire le brave peuple de Paris. Elle fut fixée.
    Des huées, des coups de sifflet stridents couvrirent sa voix. Et un immense cri s’éleva :
    – A mort !… A mort Concini !… A l’eau le ruffian !… A mort les assassins !…
    Et, en même temps qu’elle criait, la foule agissait. Comme par enchantement, des armes surgirent on ne savait d’où. Les coups se mirent à pleuvoir drus comme grêle. Mais cette fois, c’étaient les gens de Concini, pressés, foulés, étouffés, débordés de toutes parts, qui les recevaient. Jusque-là, ils avaient agi individuellement, chacun à sa guise. Le baron de Rospignac comprit l’étendue du péril et qu’ils allaient tous être écharpés par ces moutons que leur insolente brutalité venait de changer en fauves déchaînés. Il prit aussitôt le commandement de sa troupe. Et il accomplit la seule manœuvre qui pouvait, non pas les sauver, mais leur permettre de tenir assez longtemps pour donner le temps à des secours de leur arriver : il rassembla ses hommes en peloton compact et battit en retraite vers la rue du Coq, en tenant tête, entraînant Concini momentanément à l’abri au milieu de sa bande.
    La manœuvre réussit assez bien. Sans trop de dommage, sans avoir perdu un de ses hommes, il put regagner la rue du Coq. Quand ils furent là, il conseilla :
    – Si vous voulez m’en croire, monseigneur, détalons au plus vite. Il n’y a pas de honte à cela : nous ne sommes que quinze, ils sont deux ou trois cents.
    Le conseil était bon, et comme l’avait très bien dit Rospignac, on pouvait sans déshonneur battre en retraite devant des forces aussi écrasantes. Intérieurement, Concini le reconnut. Mais son orgueil se révolta.
    Et il grinça :
    – Fuir devant des manants !
Porco Dio !
nous crèverons tous ici plutôt !
    – Bon, dit froidement Rospignac, nous n’attendrons pas longtemps, en ce cas ; notre compte est bon.
    Et avec un sang-froid merveilleux, il se mit à donner ses ordres, tout en ferraillant avec vigueur, car ceci se passait au milieu de la mêlée qui devenait de plus en plus furieuse. D’ailleurs il ne s’exagérait nullement le péril. Il était évident que lui et sa poignée d’hommes ne pèseraient pas lourd devant la multitude maintenant déchaînée qui s’acharnait contre eux en redoublant ses cris de mort. Comme il l’avait dit : leur compte était bon. Comme il l’avait prédit, dans quelques secondes ils seraient tous brisés comme fétus emportés par la tourmente.
    – 
Santa Maria !
Stocco, ces forcenés vont me tuer mon Concino ! se lamenta la petite femme au bras de l’homme long.
    Et cette fois elle parlait en italien.
    Et Stocco, dans la même langue, avec ses yeux luisants d’une joie mauvaise, avec cet air goguenard qui paraissait lui être particulier, répondit :
    – Ma foi, signora, je crois, en effet, que vous pouvez préparer vos voiles de veuve.
    Et avec une familiarité narquoise qu’autorisait sans doute de mystérieux services :
    – Aussi, signora, c’est vraiment tenter le diable que de pousser l’imprudence aussi loin que le fait votre noble époux ;
Per Dio,
les dispositions de cette foule étaient bien visibles. Il était inutile de l’exaspérer davantage.
    – Stocco, fit Léonora Galigaï – puisqu’il paraît que c’était elle –, regarde donc là-bas, si tu ne vois pas venir le roi ? C’est l’heure où il rentre de sa promenade.
    Par-dessus les têtes qu’il dominait de sa longue taille, Stocco jeta un coup d’œil du côté de la porte Saint-Honoré. Et avec la même indifférence narquoise :
    – Je crois que le voilà, dit-il.
    Léonora Galigaï lui glissa rapidement quelques mots brefs à l’oreille. Stocco leva irrévérencieusement les épaules. Mais il obéit sans discuter. Il laissa tomber les plis de son manteau. Ce geste mit à découvert une figure longue, maigre, au teint basané, avec des pommettes saillantes, coupée en deux par une paire d’énormes moustaches noires. Il quitta sa maîtresse. Et à grands coups de coude, en s’aidant du pommeau de son immense rapière dont il se servait comme d’un coin de fer en le glissant entre les côtes des gens pour les écarter, il se fraya un chemin vers Concini. Et comme il se

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