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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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rendait compte que la manœuvre ne suffirait pas à elle seule. Il criait de sa voix rude, narquoise :
    – Le roi !… Voici le roi !… Place au roi !…
    Ces mots lui facilitèrent sa tâche, ainsi qu’il l’avait prévu. Ou, pour mieux dire, ainsi que l’avait prévu Léonora, car il ne faisait que suivre ses instructions. Ces mots, ils étaient magiques, alors. La colère de la foule ne tomba pas pour cela. Mais son attention fut détournée. Concini et ses hommes, qui se voyaient perdus, eurent un instant de répit. Stocco arriva facilement devant celui vers qui on l’envoyait.
    – Monseigneur, lui dit-il en italien, filez prestement. Voici le roi.
    – Et que m’importe le roi ! gronda Concini en promenant un regard sanglant sur la foule, comme s’il cherchait quelqu’un.
    Stocco se cassa en deux dans un salut exorbitant. Et, de sa même voix rude, sans qu’il fût possible de démêler s’il parlait sérieusement ou s’il se moquait :
    – 
Per Dio,
signor, dit-il, je sais bien que le véritable roi de ce pays, c’est vous. Tout de même, vous n’avez pas encore le titre ni la couronne. Le titre et la couronne, c’est l’enfant qui vient de là-bas qui les a. Croyez-moi, monseigneur, il n’est pas prudent de vous montrer à lui dans une situation aussi humiliante que celle-ci. Vous allez lui donner une petite opinion de votre puissance… Et si l’entourage du petit roi se met à douter de votre force, c’en est fait de vous, monseigneur.
    – 
Corbacco !
tu as raison, Stocco ! reconnut Concini.
    Et il donna l’ordre de la retraite à Rospignac qui, si brave qu’il fût, l’accueillit avec un véritable soulagement. Quand même, pendant que la manœuvre s’accomplissait avec une facilité relative – la foule, avec cette mobilité qui la caractérise, se détournait de plus en plus d’eux pour se précipiter sur le passage du roi – il se mordait les poings avec rage, et son regard étincelant cherchait toujours quelqu’un. Tout à coup il trouva. Et serrant fortement le bras de Stocco :
    – Tu vois ce jeune homme ? fit-il d’une voix rauque.
    Il désignait Odet de Valvert qui, à quelques pas de Brin de Muguet, la couvait d’un regard chargé d’adoration muette.
    – Je le vois, répondit Stocco de son air gouailleur :
    – Mille livres pour toi, Stocco, si tu me fais savoir son nom et où je pourrai le prendre.
    – Vous le saurez demain matin, promit Stocco, dont les yeux de braise avaient lancé un éclair à l’énoncé de ce chiffre de mille livres.
    – Mille livres de plus si tu m’apprends où loge cette jeune fille.
    Cette fois, Concini, d’une voix que la passion rendait haletante, désignait Brin de Muguet. Cette fois, Stocco, avec une froideur visible, en hochant la tête, répondit :
    – La petite bouquetière des rues !… Difficile, monseigneur, très difficile !… Cette petite, et je veux que le diable m’emporte si je sais pourquoi, cette petite fait un mystère du lieu où elle se loge. Et, jusqu’à ce jour, elle a su si bien se garder que nul ne peut dire où est situé ce logis.
    – Cinq mille livres, insista Concini, cinq mille livres pour toi si tu réussis.
    – 
Diavolo,
fit Stocco dont l’œil fulgurait, vous avez des arguments irrésistibles, monseigneur.
    Et résolument :
    – 
Va bene,
on tâchera de vous satisfaire.
    La promesse était vague. Cependant il faut croire que Concini avait une absolue confiance en l’habileté de cet homme, car un sourire de satisfaction passa sur ses lèvres. Il faut croire qu’il avait également confiance en sa fidélité, car on remarquera qu’il ne jugea pas nécessaire de lui recommander la discrétion.
    La retraite de Concini et de ses hommes s’effectua sans trop de dommages. Rospignac, qui avait dirigé la manœuvre, ramenait bien quelques éclopés, qui devraient garder la chambre plus ou moins longtemps, mais, en somme, il avait sorti tout son monde de ce guêpier où ils s’étaient stupidement fourvoyés et d’où ils avaient pu croire un instant que pas un d’eux ne sortirait vivant.
    En réalité, ils devaient tous la vie à la présence d’esprit de Léonora Galigaï, qui avait détourné d’eux la fureur de la foule en lui annonçant l’approche du roi et en faisant valoir aux yeux de Concini le seul argument assez puissant pour le décider à céder. Au reste, Concini ignorait cette intervention si opportune de sa femme. Comme on l’a vu, Stocco, suivant

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