La Flèche noire
Daniel ; et depuis jusqu’aujourd’hui, cela alla mal entre eux. Mais, malgré tout, Lord Foxham me garda entre ses mains et me fut un bon seigneur. Et enfin j’allais être mariée… ou vendue, si vous préférez. Cinq cents livres était le prix que devait recevoir Lord Foxham. Hamley était le nom du prétendant, et demain Dick, j’allais être fiancée. Si Sir Daniel ne l’avait appris, j’aurais été mariée, c’est sûr… et je ne t’aurais jamais vu, Dick… mon cher Dick !
Et elle lui prit la main et la baisa avec une grâce charmante ; et Dick lui prit la main, et fit de même.
– Bien, continua-t-elle, Sir Daniel me surprit dans le jardin et me fit habiller avec ces vêtements d’homme, ce qui est un péché mortel pour une femme ; et, de plus, ils ne me vont pas. Il galopa avec moi jusqu’à Kettley comme vous l’avez vu, me disant que je devais vous épouser ; mais en moi-même, je me promis d’épouser Hamley à son nez !
– Ah ! s’écria Dick, vous aimez donc ce Hamley ?
– Non, répliqua Joanna, pas du tout. Je haïssais seulement Sir Daniel. Et alors, Dick, vous m’avez aidée et vous avez été très bon et très hardi, et mon cœur se porta vers vous, malgré moi, et maintenant si nous trouvons moyen d’y arriver, je me marierai avec vous de mon plein gré. Et, si la destinée cruelle ne le veut pas, du moins, vous me serez toujours cher. Tant que mon cœur battra ; il vous sera fidèle.
– Et moi qui ne me suis jamais soucié d’aucune femme quelconque jusqu’à présent, je me suis attaché à vous lorsque je croyais que vous étiez, un garçon. J’avais pitié de vous sans savoir pourquoi. Quand j’ai voulu vous battre, la main m’a manqué. Mais, quand vous avez avoué que vous étiez une fille, Jack… car je veux encore vous appeler Jack… je sentis que vous étiez celle qui me convenait. Écoutez ! dit-il en s’interrompant… on vient.
Et, en effet, un pas lourd était perceptible dans le passage sonore, et, de nouveau, les rats s’enfuirent par bandes.
Dick reconnut sa position. Le brusque tournant lui donnait l’avantage. Il pouvait ainsi tirer en sûreté à l’abri du mur. Mais il était clair que la lumière était trop près de lui, et courant un peu en avant, il posa la lampe par terre au milieu du passage, et revint à l’affût.
Bientôt, au bout du passage, parut Bennet. Il semblait être seul et portait à la main une torche allumée qui le rendait plus facile à viser.
– Arrêtez, Bennet ! cria Dick. Un pas de plus, et vous êtes mort.
– Vous êtes donc là, répliqua Hatch, fixant l’obscurité. Je ne vous vois pas. Ah ! vous avez prudemment agi, Dick ; vous avez mis votre lampe devant vous. Par ma foi, quoique ce soit fait pour viser mon pauvre corps, je me réjouis de voir que vous avez profité de mes leçons ! Et, à présent, que faites-vous ? Que cherchez-vous là ? Pourquoi voulez-vous tirer sur un vieil et bon ami ? Et avez-vous la jeune dame avec vous ?
– Non, Bennet, c’est moi qui dois questionner, et vous, répondre, répliqua Dick. Pourquoi suis-je en danger de mort ? Pourquoi ces hommes viennent-ils secrètement pour me frapper dans mon lit ? Pourquoi me faut-il fuir dans la forteresse de mon propre tuteur et loin des amis avec lesquels j’ai vécu et à qui je n’ai jamais fait de mal ?
– Maître Dick, maître Dick, dit Bonnet, qu’est-ce que je vous ai dit ? Vous êtes brave, mais le garçon le plus maladroit que je connaisse.
– Bien, répliqua Dick, je vois que vous savez tout et que je suis condamné. C’est bien. Ici, où je suis, je reste. Que Sir Daniel m’en fasse sortir s’il le peut !
Hatch se tut un moment.
– Écoutez, dit-il, je retourne vers Sir Daniel pour lui dire où vous êtes et dans quelle position ; car c’est pour cela qu’il m’a envoyé. Mais vous, si vous n’êtes pas un sot, ferez mieux de partir avant que je revienne.
– Partir ! répéta Dick. Je serais parti déjà si je savais comment faire. Je ne peux remuer la trappe.
– Mettez-moi la main dans le coin et voyez ce que vous y trouvez, répliqua Bennet, la corde de Throgmorton est encore dans la chambre brune. Adieu.
Et Hatch, tournant sur ses talons, disparut de nouveau dans le corridor tortueux.
Dick alla aussitôt reprendre sa lampe, et se mit en devoir d’agir suivant l’avis. À un coin de la trappe il y avait dans
Weitere Kostenlose Bücher