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La Flèche noire

La Flèche noire

Titel: La Flèche noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Louis Stevenson
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dans l’épaisseur de l’arbre et s’y cramponna, dégouttant et essoufflé, et encore à demi incertain de son évasion.
    Mais tout cela ne s’était pas fait sans éclabousser énormément, ce qui avait indiqué sa position aux hommes sur les créneaux. Flèches et traits tombèrent donc autour de lui dans l’obscurité, serrés comme des grêlons   ; et soudain une torche fut jetée, embrasa l’air dans son rapide passage, resta un moment sur le bord extrême du fossé où elle brûla fortement, éclairant les alentours comme un feu de joie, puis, chance heureuse pour Dick, glissa, plongea dans le fossé et s’éteignit immédiatement.
    Elle avait rempli son but. Les tireurs avaient eu le temps de voir le saule et Dick enfoncé parmi ses rameaux   ; et quoique le jeune homme eût immédiatement sauté plus haut sur la berge et cherché son salut dans la course, il ne fut pas encore assez agile pour éviter un coup. Une flèche le frappa à l’épaule, une autre lui égratigna la tête.
    La douleur causée par ses blessures lui donna des ailes, et il n’eut pas plus tôt atteint le terrain plat, qu’il prit ses jambes à son cou et courut droit devant lui dans l’obscurité, sans réfléchir à la direction de sa course.
    Pendant quelques pas les projectiles le suivirent, mais cessèrent bientôt   ; et lorsqu’enfin il fit halte et regarda derrière lui, il était déjà à une bonne distance de Moat-House, quoiqu’il pût encore voir les torches aller et venir le long des créneaux.
    Il s’appuya contre un arbre, ruisselant d’eau et de sang, meurtri, blessé, seul. Malgré tout, il avait sauvé sa vie pour cette fois   ; et, quoique Joanna fût restée au pouvoir de Sir Daniel, il ne se reprochait pas un accident qu’il avait été hors de son pouvoir d’empêcher, et n’augurait aucune fatale conséquence pour la jeune fille. Sir Daniel était cruel, mais il n’était pas probable qu’il serait cruel envers une jeune dame en faveur de qui d’autres protecteurs avaient volonté et pouvoir de lui faire rendre des comptes. Il était plus probable qu’il se hâterait de la marier à quelqu’un de ses amis.
    – Bien, pensa Dick, d’ici là je trouverai bien moyen de démasquer ce traître   ; car je pense, par la messe, que je suis à présent dégagé de toute reconnaissance ou obligation   ; et, quand la guerre est déclarée, la partie est égale.
    En attendant, il était dans une triste position.
    Il s’avança encore quelque temps dans la forêt   ; mais avec la souffrance de ses blessures, l’obscurité de la nuit, et l’extrême désarroi et confusion de son esprit, il devint bientôt tout à fait incapable de se guider ou de continuer sa route à travers les broussailles touffues, et il fut obligé de s’asseoir etde s’accoter contre un arbre.
    Quand il s’éveilla de quelque chose entre le sommeil et l’évanouissement, l’aube avait commencé à succéder à la nuit. Une petite brise fraîche s’agitait parmi les arbres, et comme il était assis et regardait fixement devant lui, seulement à moitié éveillé, il aperçut une chose sombre qui se balançait de côté et d’autre entre les arbres, à quelque cent mètres devant lui. La lueur progressive du jour et le retour de ses sens lui permirent enfin de reconnaître l’objet. C’était un homme pendu à une branche d’un grand chêne. Sa tête était tombée en avant sur sa poitrine   ; mais, à chaque coup de vent un peu plus fort, son corps tournait sur lui-même, et ses jambes s’agitaient comme un jouet ridicule.
    Dick se mit sur pieds, et, chancelant, s’appuyant aux troncs d’arbres, avança et s’approcha de cet objet hideux.
    La branche était peut-être à vingt pieds au-dessus du sol, et le malheureux avait été tiré si haut par ses exécuteurs que ses bottes se balançaient bien au-dessus de la tête de Dick, et comme son capuchon avait été tire sur sa figure il était impossible de le connaître.
    Dick regarda autour de lui à droite, à gauche   ; et enfin il vit que l’autre bout de la corde avait été solidement attaché au tronc d’un petit aubépin qui poussait tout couvert de fleurs sous la haute arcade du chêne. Avec sa dague, qui, seule, lui restait de toutes ses armes, le jeune Shelton coupa la corde et aussitôt, avec un bruit sourd, le corps tomba comme une masse sur le sol.
    Dick leva le capuchon, c’était Throgmorton, le messager de Sir Daniel. Il n’avait pas été

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