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La Flèche noire

La Flèche noire

Titel: La Flèche noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Louis Stevenson
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avec lui et son ami terrien.
    Lawless montra le chemin, et ils furent bientôt assis dans une brasserie toute nouvelle, et située dans un endroit exposé et solitaire, et pour cette raison moins encombrée que celles près du centre du port. Ce n’était qu’un hangar de bois, ressemblant à un blockhaus d’aujourd’hui dans les forêts,grossièrement garni d’un ou deux pressoirs, d’un certain nombre de bancs et de planches posées sur des barils en guise de tables. Au milieu, et assiégé par une cinquantaine de violents courants d’air, un feu de bois d’épaves flambait et exhalait une épaisse fumée.
    – Ah   ! à présent, dit Lawless, voici la joie du matelot, un bon feu et un bon verre de raide à terre, avec le mauvais temps dehors et la tempête au loin sur la mer, grondant dans le toit. À la Bonne Espérance   ! Puisse-t-elle avoir une heureuse traversée.
    – Oui, dit le capitaine Arblaster, c’est un beau temps pour être à terre, c’est vrai. Matelot Tom, qu’en dis-tu   ? Compère, vous parlez bien quoique je ne puisse pas me rappeler votre nom, mais vous parlez très bien. Puisse la Bonne Espérance avoir une heureuse traversée. Amen   !
    – Ami Dickon, conclut Lawless, s’adressant à son chef, vous avez certaines affaires en train si je ne me trompe   ? Bien, je te prie d’y aller tout de suite. Car je suis ici avec la crème de la bonne compagnie, deux vieux rudes marins   ; et jusqu’à votre retour je garantis que ces braves garçons resteront ici et me rendront raison, verre pour verre. Nous ne sommes pas comme des terriens, nous autres vieux et rudes Jean-du-Goudron.
    – C’est bien dit, répliqua le capitaine. Vous pouvez aller, jeune homme, car je tiendrai compagnie à votre bon ami et mon bon compère jusqu’au couvre-feu… oui, et, par sainte Marie, jusqu’à ce que le soleil se lève de nouveau   ! Car, voyez-vous, quand un homme est resté assez longtemps en mer, le sel traverse jusqu’à l’argile des os   ; il aura beau boire, il ne sera jamais désaltéré.
    Ainsi pressé de tous côtés, Dick se leva, salua la société, sortit dans l’atmosphère orageuse et se rendit aussi vite qu’il put à « La Chèvre et la Musette ». De là, il fit dire à Lord Foxham que sitôt la nuit venue, ils auraient un solide bateau pour prendre la mer. Puis, menant avec lui deux outlaws qui avaient quelque expérience de la mer, il retourna au port, sur la petite crique sablonneuse.
    La barque de la Bonne Espérance était là, parmi beaucoup d’autres, dont elle se distinguait facilement par son extrême petitesse et fragilité. Quand Dick et ses deux hommes eurent pris place et s’avancèrent hors de la crique dans le port ouvert, la petite coquille enfonçait dans les lames et se penchait à chaque coup de vent comme une chose sur le point d’enfoncer.
    La Bonne Espérance , comme nous l’avons dit, était à l’ancre au loin, là où les lames étaient les plus fortes. Aucun vaisseau plus près, qu’à plusieurs longueurs de câble   ; les plus voisins étaient eux-mêmes entièrement abandonnés, et, au moment où la barque approcha, une épaisse chute de neige et un soudain assombrissement du temps cacha la suite des opérations des outlaws à tout espionnage possible. En un instant ils avaient sauté sur le pont, et la barque dansait à l’arrière. L a Bonne Espérance était prise.
    C’était un bon et solide bateau, ponté par le travers et entre poupe et proue, mais découvert à l’arrière. Il avait un mât et son gréement tenait de la felouque et du lougre. Il semblait que le capitaine Arblaster eût fait une excellente croisière car la cale était pleine de pièces de vin de France   ; et dans la petite cabine, outre la Vierge Marie dans sa niche, qui prouvait la piété du capitaine, il y avait bon nombre de coffres et armoires fermés à clef qui montraient qu’il était riche et rangé.
    Un chien, qui était le seul occupant du navire, aboya furieusement et mordit aux talons les nouveaux venus   ; il fut bientôt poussé à coups de pieds dans la cabine, et la porte fermée sur son juste ressentiment. Une lampe fut allumée et fixée dans le cordage pour que l’on pût bien distinguer le vaisseau du rivage   ; une des pièces de vin dans la cale fut défoncée et un verre d’excellent vin de Gascogne vidé à l’entreprise de la nuit   ; puis, tandis qu’un des outlaws préparait son arc et ses flèches pour être

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