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La Flèche noire

La Flèche noire

Titel: La Flèche noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Louis Stevenson
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dans une posture de pauvre défense, la mer en arrière et les hommes serrés dans l’obscurité sur une étroite chaussée. Il siffla doucement, ce qui était le signal convenu.
    Ce fut un signal pour les autres aussi. En un instant tomba à travers la nuit sombre une averse de flèches lancées au hasard   ; et les hommes étaient tellement entassés sur la jetée que plus d’un fut atteint, et il fut répondu aux flèches par des cris d’effroi et de douleur. Dans cette première décharge, lord Foxham fut frappé   ; Hawksley le fit porter de suite à bord, et ses hommes pendant la courte fin de l’escarmouche combattirent (ceux du moins qui combattirent), sans ordres. Ce fut peut-être la cause principale du désastre qui suivit bientôt.
    Au bout de la jetée, vers la côte, pendant peut-être une minute, Dick tint bon avec une poignée d’hommes   ; un ou deux furent blessés de chaque côté de lui   ; le fer croisait le fer   ; il n’y avait pas encore le moindre signe d’avantage, quand, en un clin d’œil, la marée tourna contre ceux du vaisseau. Quelqu’un cria que tout était perdu   ; les hommes étaient dans un état d’esprit à écouter un avis néfaste   ; le cri fut repris   : « À bord, les amis, il y va de notre vie   ! » cria un autre. Un troisième, avec le pur instinct du poltron, suscita l’inévitable rumeur de toute déroute   : « Nous sommes trahis   ! » Et en un moment, toute cette troupe d’hommes se choquant et se poussant en arrière sur la jetée, tournèrent leurs dos sans défense à leurs ennemis et percèrent la nuit de leurs clameurs apeurées.
    Un lâche repoussa l’arrière du vaisseau, pendant qu’un autre le retenait encore par l’avant. Les fugitifs sautèrent en criant et furent hissés à bord, ou retombèrent et périrent dans la mer. Quelques-uns furent massacrés sur la jetée par les ennemis. Beaucoup furent blessés sur le pont du navire dans l’aveugle hâte et la terreur du moment, un homme sautant sur un autre et un troisième sur les deux. Enfin, et soit à dessein, soit par accident, l’avant de la Bonne Espérance fut détaché et le toujours prêt Lawless qui avait conservé sa place au gouvernail à travers le tohu-bohu, grâce à sa force physique et à l’usage libéral du froid acier, aussitôt la mit en bon chemin. Le vaisseau commença de nouveau à se mouvoir sur la mer orageuse, le sang coulant sur ses dalots, son pont encombré d’hommes tombés qui se traînaient et se débattaient dans l’obscurité.
    Alors Lawless rengaina sa dague et, se tourna vers son voisin   : « Je les ai marqués, compère, dit-il, les lâches chiens aboyeurs. »
    Pendant qu’ils étaient tous à sauter et se débattre pour leur vie, les hommes n’avaient pas pu s’apercevoir des rudes poussées et des coups tranchants par lesquels Lawless avait conservé son poste dans le désordre. Mais peut-être avaient-ils déjà commencé à comprendre un peu plus clairement ou peut-être une autre oreille surprit les paroles du timonier.
    Les troupes frappées de panique se remettent lentement, et des hommes qui viennent de se déshonorer par une lâcheté, comme pour essuyer le souvenir de leur faute, parfois se jettent tout droit par contre dans l’extrême insubordination. Ce fut le cas, et les mêmes hommes qui avaient jeté leurs armes et avaient été hissés, les pieds en avant, sur la Bonne Espérance, se mirent à crier contre leurs chefs et demandèrent que quelqu’un fût puni.
    Cette croissante animosité se tourna contre Lawless.
    Dans le but de gagner le large nécessaire, le vieil outlaw avait tourné la tête de la Bonne Espérance vers la mer.
    – Quoi, brailla un des mécontents, il nous conduit vers la mer.
    – C’est vrai, cria un autre, non, nous sommes trahis pour sûr.
    Et tous en chœur crièrent qu’ils étaient trahis et, avec des menaces et des jurons abominables ordonnèrent à Lawless de tourner son vaisseau et de le ramener rapidement à terre.
    Lawless, grinçant des dents, continua en silence à gouverner dans le vrai chemin, et guida la Bonne Espérance parmi de formidables lames. À leurs terreurs vides, comme à leurs déshonorantes menaces, entre l’ivresse et la dignité, il dédaignait de répondre. Les mécontents se réunirent un peu à l’arrière du mât, et il était évident qu’ils étaient comme des coqs de basse-cour qui « chantent pour se donner du courage ». Bientôt ils

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