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La Flèche noire

La Flèche noire

Titel: La Flèche noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Louis Stevenson
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    – Maître Dick, répliqua Lawless, si vous me donniez un coup de main, je consentirais à voler la cathédrale d’York.
    Aussitôt, tous deux se mirent en route et descendirent vers le port. C’était un grand bassin situé entre des collines de sable, et entouré de monceaux de dunes, de vieux fatras en ruines et des bouges délabrés de la ville. Bien des bateaux pontés et des barques ouvertes y étaient à l’ancre, ou avaient été tirés sur le rivage.
    Une longue durée de mauvais temps les avait ramenés de la haute mer dans l’abri du port   ; et les grands amas de nuages noirs, les froides rafales qui se succédaient, tantôt avec des tourbillons de neige, tantôt en simples coups de vent, n’étaient guère rassurants, mais menaçaient de quelque plus sérieuse tempête, avant peu.
    Les matelots, à cause du froid et du vent, s’étaient pour la plupart esquivés à terre et criaient et chantaient dans les tavernes du port. Bien des vaisseaux déjà se balançaient abandonnés sur leurs ancres, et, comme le jour s’avançait et que le temps ne semblait pas devoir se remettre, le nombre en augmentait sans cesse. Ce fut sur ces navires désertés, et surtout sur ceux qui étaient le plus éloignés, que Lawless porta son attention, tandis que Dick, assis sur une ancre à moitié enlisée dans le sable, prêtant l’oreille, tantôt à la voix rude, puissante et pleine de présages de la tempête, tantôt aux chants discordants des matelots dans une taverne voisine, oublia bientôt tout ce qui l’entourait, et ses soucis, à l’agréable souvenir de la promesse de Lord Foxham.
    Il fut dérangé par un léger coup sur l’épaule. C’était Lawless qui désignait un petit vaisseau, quelque peu isolé, et à petite distance de l’embouchure du port, où il se soulevait régulièrement et doucement à l’entrée des lames. Un pâle rayon de soleil d’hiver tomba à ce moment sur le pont du vaisseau, le mettant en relief contre un banc de nuages menaçants   ; et, dans cette lumière rapide, Dick, put voir deux hommes qui halaient la barque sur le flanc du vaisseau.
    – Voilà, Monsieur, dit Lawless, remarquez-le bien   ! Voilà le bateau pour ce soir.
    Bientôt le canot fut détaché du flanc du vaisseau, et les deux hommes, le maintenant bien dans le vent, ramèrent vigoureusement vers le rivage. Lawless s’adressa à un flâneur.
    – Comment l’appelez-vous   ? demanda-t-il, désignant le petit navire.
    – On l’appelle la Bonne Espérance de Dartmouth, répliqua le flâneur. Son capitaine, un nommé Arblaster, tient la rame d’avant dans la barque là-bas.
    C’était tout ce que Lawless voulait savoir. Vite, remerciant l’homme, il fit le tour du rivage, jusqu’à une crique sablonneuse, vers laquelle se dirigeait la barque. Là, il prit position, et, sitôt qu’ils furent à portée de la voix, il ouvrit le feu sur les matelots de la Bonne Espérance.
    – Eh quoi   ! le compère Arblaster   ! cria-t-il. Vous êtes le bien rencontré, oui, compère, vous êtes le très bien rencontré, par la croix   ! Et est-ce là la Bonne Espérance   ? Oui, je l’aurais reconnue entre dix mille   !… une belle maîtresse, un beau vaisseau   ! Mais, merci de ma vie, mon compère, voulez-vous boire un coup   ? J’ai ma propriété à présent dont vous vous souvenez sans doute avoir entendu parler. Je suis riche aujourd’hui, j’ai laissé la mer et je fais voile le plus souvent sur de l’ale épicée. Viens, mon garçon, donne ta main et viens trinquer avec un vieux camarade   !
    Le capitaine Arblaster, homme à la figure longue, âgé et usé par l’air, un couteau pendu au cou par une corde nattée et tout semblable à un matelot moderne dans sa tenue et sa démarche, s’était reculé avec un étonnement et une méfiance visibles. Mais le mot de propriété et un certain air de simplicité et de bonne camaraderie d’ivrogne que Lawless savait très bien prendre, se combinèrent pour triompher de ses craintes soupçonneuses, sa figure se détendit, et aussitôt il présenta sa main ouverte et serra celle de l’outlaw dans une formidable étreinte.
    – Non, dit-il, je ne me souviens pas de vous. Mais qu’est-ce que ça fait   ? Je boirais avec n’importe qui, compère, et mon matelot Tom aussi. Matelot Tom, ajouta-t-il, s’adressant à son compagnon, voici mon compère dont je ne me rappelle pas le nom, mais qui est sûrement un très bon marin. Allons boire

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