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La Flèche noire

La Flèche noire

Titel: La Flèche noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Louis Stevenson
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Une autre forte vague suivit, la souleva de nouveau et la porta encore plus loin   ; alors une troisième suivit et la laissa loin sur la côte du plus dangereux des récifs, calée sur un banc.
    – Eh bien, les garçons, s’écria Lawless, les saints ont veillé sur nous, on peut le dire. La marée descend, asseyons-nous et buvons un verre de vin   ; avant une demi-heure, vous pourrez tous aller à terre aussi sûrement que sur un pont.
    Une barrique fut ouverte, et, s’asseyant comme ils purent à l’abri de la neige et de l’écume, les naufragés passèrent la coupe de main en main et tâchèrent de se réchauffer le corps et de se remonter le moral.
    Dick, cependant, retourna vers Lord Foxham, qui gisait, très inquiet et effrayé, le plancher de sa cabine inondé à hauteur du genou et la lampe qui avait été sa seule lumière, brisée et éteinte par la violence du choc.
    – Monseigneur, dit le jeune Shelton, ne craignez rien   ; les saints sont avec nous   ; les vagues nous ont jeté au haut d’un banc de sable, et, sitôt que la marée aura un peu baissé, nous pourrons gagner la terre à pied.
    Il se passa près d’une heure avant que la mer se fût suffisamment éloignée et qu’ils pussent se mettre en route pour la terre, qui apparaissait confusément devant eux à travers un voile de neige.
    Sur un monticule d’un côté de leur chemin, une troupe d’hommes étendus étaient entassés, et observaient avec méfiance les mouvements des nouveaux venus.
    – Ils devraient s’approcher et nous offrir leur aide, remarqua Dick.
    – Bon, s’ils ne viennent pas à nous, allons de leur côté, dit Hawksley. Plus tôt nous arriverons près d’un bon feu et d’un lit sec, mieux cela vaudra pour mon pauvre seigneur.
    Mais ils s’étaient à peine avancés dans la direction du monticule, que les hommes, tous ensemble, se levèrent soudain et lancèrent une volée de flèches bien dirigées sur les naufragés.
    – Arrière   ! arrière   ! cria Sa Seigneurie. Attention, au nom du ciel, ne répondez pas   !
    – Non, cria Greensheve, arrachant, une flèche de son justaucorps de cuir. Nous ne sommes guère en posture de combat, c’est sûr, étant mouillés jusqu’aux os, fatigués comme des chiens, et aux trois quarts gelés   ; mais pour l’amour de la vieille Angleterre, qu’est-ce qu’il leur prend de tirer cruellement sur leurs pauvres compatriotes en détresse   ?
    – Ils nous prennent pour des pirates français, répondit Lord Foxham. En ces temps très troublés et dégénérés, nous ne pouvons garder nos propres côtes d’Angleterre   ; et notre vieil ennemi, à qui autrefois nous faisions la chasse sur terre et sur mer, les parcourt à plaisir, volant, tuant et incendiant. C’est la misère et la honte de ce pauvre pays.
    Les hommes du monticule les observaient de près, pendant qu’ils se traînaient en montant de la côte, se dirigeant vers l’intérieur entre des collines de sable désolées   ; même, pendant un mille environ, ils suivirent leur arrière, prêts, sur un signe, à lancer une nouvelle volée de flèches sur les fugitifs épuisés et démoralisés   ; et ce fut seulement lorsque, arrivant enfin sur le sol d’une grande route, Dick commença à mettre sa troupe dans un ordre un peu plus martial, que ces gardiens jaloux des côtes d’Angleterre disparurent silencieusement dans la neige. Ils avaient fait ce qu’ils désiraient, ils avaient protégé leurs propres foyers et leurs fermes, leurs familles et leurs troupeaux   ; leurs intérêts particuliers ainsi sauvegardés, aucun d’eux ne se souciait, plus que d’un fétu, que les Français missent à feu et à sang toutes les autres paroisses du royaume d’Angleterre.

LIVRE IV

LE DÉGUISEMENT

CHAPITRE PREMIER

LE REPAIRE
    L’endroit où Dick avait débouché sur une grande route n’était pas loin de Holywood, et environ à neuf ou dix milles de Shoreby-sur-Till   ; et là, après s’être assurés qu’ils n’étaient pas poursuivis, les deux troupes se séparèrent. Les hommes de Lord Foxham, portant leur maître blessé, se dirigèrent vers le confort et la sécurité de la grande abbaye   ; et Dick, quand il les eut vus disparaître sous l’épais rideau de neige tombante, fut laissé seul avec à peu près une douzaine d’outlaws, tout ce qui restait de son corps de volontaires.
    Quelques-uns étaient blessés   ; tous étaient furieux de leur échec et des longues heures

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