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La gigue du pendu

La gigue du pendu

Titel: La gigue du pendu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ann Featherstone
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savez, je vais mourir. Dans ce froid, dans cette ville. Tout ça me tue à petit feu. J’ai besoin de chaleur, de soleil. George m’avait promis que nous aurions assez d’argent pour que je retourne en Italie. Je crois que vous essayez de m’avoir ! s’est-elle soudain écriée. C’est vous qui mentez ! Vous avez volé mon argent ! »
    Elle a tapé du pied. Il s’est approché. Il a fait deux pas pour venir se planter devant elle. Le bout de ses bottes noires frôlait les minuscules souliers roses. Puis il s’est accroupi, et son manteau s’est déployé autour de lui.
    « Écoutez-moi, je vais vous dire la vérité. George Kevill était un escroc. Il vous a dupée. Il a pris votre argent en feignant de l’investir. Tout comme vous feignez, vous, d’être une princesse italienne. En réalité, vous vous appelez Aily O’Dwyer. Votre père était Tommy O’Dwyer, né en Irlande. Votre mère était une vulgaire gitane, sortie de nulle part.
    — C’est faux, a soufflé la Princesse.
    — Votre père vous a vendue à un bonimenteur de Dublin quand vous étiez bébé. Il voulait se débarrasser de vous. Il aurait pu vous déposer à la porte d’une église. Ou vous jeter dans une tourbière. Mais il a compris qu’il pouvait gagner quelques pence ainsi, aussi vous a-t-il vendue à un forain, qui à son tour vous a vendue à un autre pour en tirer un bénéfice. Et ainsi de suite. Un Allemand et un Italien vous ont aussi achetée. Vous avez une bonne oreille, Princesse. Vous avez acquis des rudiments de leurs langues.
    — C’est faux, c’est faux, a protesté faiblement la Princesse. Mon père m’aimait.
    — Vous avez enfin été vendue à George Kevill, et parce qu’il ne vous maltraitait pas, vous éprouviez de la reconnaissance à son endroit. Il était bon, pour un forain, il vous a amenée à Londres et trouvé une place à l’Aquarium. Combien ce saint homme qu’est Mr Abrahams a-t-il payé pour vous ? Assez pour financer les paris de Kevill pendant une semaine ? Ensuite il a eu à nouveau besoin d’argent, s’est tourné vers vous, et vous l’avez aidé. Il vous a dit que la photographie pouvait rapporter gros. »
    La Flamme éternelle s’est mise à crachoter.
    « Vous vous trompez », a-t-elle dit.
    Je crois qu’elle pleurait.
    « Il suffit ! a déclaré Bottes Noires en se relevant. Tout cela est fort banal, ma chère. À présent, si nous en avons terminé, d’autres affaires m’attendent.
    — Ah, a fait la Princesse, d’autres photographies.
    — Pas du tout. J’envisage une aventure philanthropique destinée à aider des jeunes femmes qui par malchance se retrouvent grosses. J’ai acquis une maison sur Holywell Street où les accueillir durant la période nécessaire. Votre Mrs Gifford m’a offert ses services en tant que dame de compagnie. Elle a même découvert une personne qui pourrait faire l’objet de… ma charité. »
    J’ai bougé un peu pour mieux voir, en particulier son visage.
    Je l’ai scruté de toutes mes forces, afin que ses traits se gravent dans mes yeux comme sur la plaque d’un photographe.
    C’était l’homme que j’avais vu sur les clichés trouvés dans l’alcôve de Pilgrim. Cinq images, enveloppées dans la lettre de George Kevill.
    Bottes Noires se préparait à partir. Je ne l’ai pas vu, mais je crois qu’il a remis ses gants et repris sa canne. Il a murmuré : « Princesse », en guise d’adieu, et il a traversé la salle d’un pas souple. Quand elle a crié, il s’est retourné, et je me suis relevé d’un seul coup, bousculant la vitrine aux chouettes. J’ai vu alors la silhouette minuscule de la petite femme, le visage défiguré par la rage, montrant les dents, et dans sa main levée, un stylet. Puis elle s’est précipitée sur lui tel un chat sauvage. L’arme s’est enfoncée dans la cuisse de l’homme, juste au-dessus du genou. Il a hurlé de douleur et, d’un revers de main, l’a expédiée à terre. Il vacillait en se tenant la jambe quand, renversant le cabinet, j’ai bondi sur la table et empoigné l’épée la plus longue.
    Cela aurait dû marcher. Dans une des pièces de Trim comme on en joue au Pavilion, le pauvre bougre, faible et opprimé, se serait fait redresseur de torts dans le feu et le sang. Le glaive m’aurait sauté dans la main et, comme si c’était naturel, j’aurais su m’en servir. Hélas, je n’ai pas pu le faire bouger, car toutes les armes étaient bien fixées à

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