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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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fois que Rosny avait rencontré Hauteville, c’était quand il lui avait
apporté une lettre de Cassandre de Mornay. Il avait donc été surpris de le
retrouver à Jarnac. À Paris, il avait vu un jeune clerc, maintenant, il avait
affaire à un rude soldat forgé par les batailles.
    En trois mois, Rosny et Hauteville avaient
appris à se connaître et à s’apprécier, même si Rosny n’ignorait pas qu’Olivier
était proche de M. de Mornay.
    Rosny et Mornay se ressemblaient et ne s’aimaient
pas. Tous deux étaient de valeureux combattants et d’habiles diplomates. Tous
deux se seraient fait tuer sans hésiter pour le roi de Navarre, mais ils
différaient profondément dans leur caractère. Si M. de Mornay
possédait une rigueur morale qui primait sur sa fidélité, le baron de Rosny
était prêt à toutes les félonies pour son maître. Tout jeune, après avoir
abjuré sans états d’âme, il avait aidé Navarre à s’enfuir de la Cour, en 1576. Il
était ensuite entré à son service pour apprendre le métier des armes dès les
premiers commencements et s’était vite fait remarquer par des actions d’une
extrême audace.
    Rosny avait aussi une âme de boutiquier qui
déplaisait profondément à M. de Mornay. S’il était d’une générosité
extrême envers Henri de Navarre, il était cupide avec le reste du monde, ne
laissant jamais échapper une occasion de s’enrichir, même au détriment de ses
compagnons d’armes.
    Malgré cela, Olivier l’estimait. Sans doute un
peu moins que Mornay, mais il était fier d’être sous ses ordres.
    — À quoi songiez-vous ?
    — À la journée de demain, monsieur le baron.
Éviterons-nous la bataille ?
    — Je le pense, Olivier. Joyeuse est un
sot et Navarre est un renard… Je voulais vous parler un instant…
    Olivier lui lança un regard interrogateur.
    — Vous êtes un rude combattant, mon ami, plus
loyal et d’une autre trempe que bien des gentilshommes que je connais, mais
surtout vous avez plus de cervelle qu’eux…
    Il se mit à rire.
    — … Vous êtes maintenant un maître
artilleur, aussi fort que moi pour calculer une trajectoire, et certainement
plus fort pour déplacer une couleuvrine ! J’ai proposé à monseigneur de
Navarre que vous soyez nommé enseigne dans le régiment de M. de La
Rochefoucauld.
    Il se leva :
    — Vous devriez aller dormir maintenant.
    Olivier, ému, le remercia chaleureusement, mais
après son départ, il resta encore un moment à méditer près du feu. On était en
octobre. Un an plus tôt, il n’était encore qu’un avocat devenu commis à la cour
de la reine mère, et un amoureux transi. Depuis, il avait sauvé la vie du roi
de Navarre, perdu tout espoir d’épouser celle qu’il aimait ainsi que sa foi
catholique, et appris le métier des armes avec des capitaines comme Mornay, Rosny
ou La Rochefoucauld. Maintenant, il était officier. Qu’allait lui apporter la
journée du lendemain ?

25.
    Coutras est situé au confluent de deux
rivières : la Dronne, que l’on pouvait traverser facilement au niveau du
gué du moulin, et l’Isle, beaucoup plus large et tumultueuse. Arrivé à Coutras
le premier, le lundi 19 octobre, mais talonné par l’armée de Joyeuse, Navarre s’installa
dans le château du village et entreprit de faire passer l’Isle à ses troupes au
gué de Laubardemont. Faire traverser plusieurs milliers d’hommes et tout un
train de bagages, de munitions et de ravitaillement allait prendre plus d’une
journée, mais une fois de l’autre côté, le Béarnais serait chez lui. Il
possédait là-bas suffisamment de forteresses pour faire échec à Joyeuse et
décimer peu à peu son armée comme il l’avait fait avec Mayenne.
    Navarre ne voulait surtout pas combattre en
plaine. Son armée comptait six mille hommes et celle de Joyeuse dix mille, avec
le renfort possible de l’armée du maréchal de Matignon, toute proche. Certes le
maréchal ne se hâtait pas, mais Navarre savait, par ses espions, qu’il
arriverait dans deux jours.
    Le Béarnais voulait aussi éviter de se faire surprendre
au gué, car alors c’était se battre sans artillerie avec des effectifs réduits,
et donc fatalement être battu, aussi donna-t-il des ordres pour que la
traversée commence dès son arrivée et se prolonge toute la nuit.
    Joyeuse, lui, voulait sa bataille. Le lundi
soir, à quatre lieues de Coutras, il réunit un conseil. Ses batteurs d’estrades
l’avaient prévenu : Navarre

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