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La Guerre Des Amoureuses

La Guerre Des Amoureuses

Titel: La Guerre Des Amoureuses Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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yeux :
    — Ne vivre plus, monsieur, et mourir
généreusement [84]  !
    Arrêté par un peloton protestant, le favori du
roi jeta pourtant son épée, leur promettant une rançon de cent mille écus. Mais
un capitaine dont le frère avait été exécuté à Lamothe-Saint-Elloy le tua d’un
coup de pistolet dans la tête, et un autre abattit son frère.
    La bataille tourna ensuite en carnage, les
soldats et les gentilshommes égorgeant les prisonniers dans une véritable furie.
Quant aux blessés, des hommes à pied passaient entre eux et leur coupaient la
gorge ou les perçaient d’épieux, les dépouillant ensuite de leurs armes et de
leurs bijoux.
    Pour faire cesser ces atrocités, Henri de
Navarre rassembla ses officiers et partit avec eux chevaucher au milieu des
derniers combattants, au risque de se faire tuer par quelque catholique encore
armé. N’écoutant que sa bonté, il criait à ses soldats :
    — Plus de sang, mes amis ! Recevez-les
tous à merci !
    Et à d’autres :
    — Ils sont braves ! Ils sont
français comme vous ! À merci !
    Olivier regarda un moment la scène puis, n’ayant
plus rien à faire, il revint lentement vers la Butte aux Loups, ressentant
maintenant la fatigue, l’épuisement de cette nuit sans sommeil, et surtout le
dégoût devant les centaines de cadavres et d’agonisants qui jonchaient le sol. L’odeur
de sang, de mort, de déjections était irrespirable. C’était maintenant le temps
du butin pour la piétaille qui tentait de picorer quelques écus. Les morts
étaient dépouillés et laissés nus. Quelques prêtres et moines catholiques qui
accompagnaient l’armée de Joyeuse avaient été autorisés à donner les sacrements
aux rares blessés laissés sur place. Il y avait aussi des chirurgiens et des
barbiers qui ramassaient les corps de ceux de l’armée de Navarre sur des
civières. Des équarrisseurs passaient pour achever les chevaux blessés. Dans l’après-midi,
des chariots circuleraient pour prendre les corps et, dès ce soir, on
creuserait des fosses.
    C’était grande pitié. Combien y avait-il de
morts ? Olivier jugea qu’ils devaient être plusieurs milliers, peut-être la
moitié de l’armée catholique [85] .
    Arrivant à la Butte aux Loups, Olivier ne
retrouva ni Rosny ni Bussy d’Amboise. Sans ordres, il ne savait que faire, aussi
laissa-t-il ses gens d’armes participer au pillage et il resta seul.
    Sale, couvert de boue et de sang séché, il
parvint à trouver un seau contenant de l’eau et but longuement. Tout son corps
était endolori, ses mains n’étaient que plaies et estafilades.
    Ôtant son casque, puis sa cuirasse cabossée
par un coup de sabre, qui lui était douloureuse, il s’allongea sur son manteau
et s’endormit comme une souche.
    Il fut réveillé par le seigneur de Panjas, le
chambellan ordinaire du roi de Navarre. Le soleil était haut. Brusquement, il
ressentit la faim. Quant à la soif, elle était encore plus pressante.
    — Sa Majesté vous mande au château, lui
dit M. de Panjas, après l’avoir secoué.
    — Tout de suite ?
    — Tout de suite ! Accompagnez-moi !
    Il se leva, remit sa cuirasse et son casque, prit
son épée, jeta son manteau sur ses épaules et le suivit.
    Ils prirent la direction du village. Tout au
long du chemin régnait une intense activité. Un chariot entier était empli de
drapeaux et d’enseignes catholiques. D’autres étaient chargés de malles et il
en arrivait de nouveaux, de tous côtés du champ de bataille. C’était une partie
des bagages de Joyeuse et de son état-major, lui expliqua M. de Panjas.
    Ils entrèrent dans le bourg et rejoignirent l’église
devant laquelle attendait quantité de soldats sales et ensanglantés. Beaucoup
portaient des pansements, s’appuyaient sur des cannes ou des mousquets.
    — Mgr de Navarre a installé un hôpital à
l’intérieur, dit le chambellan, tandis qu’ils se faufilaient entre chariots et
charrettes, tous emplis de brassées d’armes, de pièces de tissu et de manteaux,
de casques, de bagages et parfois de vaisselle d’argent.
    Les maisons serrées autour de l’église étaient
en pierre, sauf quelques-unes à colombages de bois et en torchis. Les plus
riches avaient une petite cour dans laquelle on pénétrait par un porche, avec
parfois un puits. Des pages y attachaient des chevaux, souvent encore couverts
de leurs housses brodées d’or, pillage du seigneur protestant qui s’était
installé là. Rosny

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