La Guerre des Gaules
d'une plèbe sans autorité. Néanmoins, il se contentera du châtiment qu'ils se sont eux-mêmes attirés. »
23. La nuit suivante, les députés rapportent aux leurs la réponse obtenue, ils rassemblent les otages nécessaires. Les députés des autres peuples, qui guettaient le résultat de l'ambassade des Bellovaques, se précipitent. Ils donnent des otages, exécutent les conditions imposées ; seul Commios s'abstient, car il avait trop peur pour confier à qui que ce fût son existence. C'est qu'en effet l'année précédente Titus Labiénus, en l'absence de César qui rendait la justice dans la Gaule citérieure, ayant appris que Commios intriguait auprès des cités et formait une coalition contre César, crut qu'il était possible d'étouffer sa trahison sans manquer aucunement à la loyauté. Comme il ne pensait pas qu'il vînt au camp, si on l'y invitait, il ne voulut pas éveiller sa défiance en essayant, et envoya Caïus Volusénus Quadratus avec mission de le tuer sous le prétexte d'une entrevue. Il lui adjoignit des centurions spécialement choisis pour cette besogne. L'entrevue avait lieu, et Volusénus – c'était le signal convenu – venait de saisir la main de Commios : mais le centurion, soit qu'il fût troublé par ce rôle nouveau pour lui, soit que les familiers de Commios l'eussent promptement arrêté, ne put achever sa victime : le premier coup d'épée qu'il lui donna lui fit néanmoins une blessure grave à la tête. De part et d'autre on avait dégainé, mais chacun songea moins à combattre qu'à se frayer un passage pour fuir : les nôtres, en effet, croyaient que Commios avait reçu une blessure mortelle, et les Gaulois, comprenant qu'il y avait un piège tendu, craignaient que le danger fût au-delà de ce qu'ils voyaient. A la suite de cette affaire Commios, disait-on, avait résolu de ne jamais se trouver en présence d'aucun Romain.
24. Vainqueur des nations les plus belliqueuses, César, voyant qu'il n'y avait plus aucune cité qui préparât une guerre de résistance, mais qu'en revanche nombreux étaient les habitants qui abandonnaient les villes, désertaient les campagnes pour éviter d'obéir aux Romains, décide de répartir son armée dans plusieurs régions. Il s'adjoint le questeur Marcus Antonius avec la douzième légion. Il envoie le légat Laïus Fabius avec vingt-cinq cohortes à l'autre extrémité de la Gaule, parce qu'il entendait dire que là-bas certains peuples étaient en armes, et que les deux légions du légat Laïus Caninius Rébilus, qui était dans ces contrées, ne lui paraissaient pas assez solides. Il appelle Titus Labiénus auprès de lui ; la quinzième légion, qui avait passé l'hiver avec ce dernier, il l'envoie dans la Gaule qui jouit du droit de cité pour assurer la protection des colonies de citoyens romains, voulant ainsi éviter qu'une descente de Barbares ne leur infligeât un malheur semblable à celui qu'avaient subi, l'été précédent, les Tergestins, qui avaient été brusquement attaqués et pillés par eux. De son côté, il part pour ravager et saccager le pays d'Ambiorix ; ayant renoncé à l'espoir de réduire ce personnage, bien qu'il l'eût contraint de trembler et de fuir, il jugeait que son honneur exigeait au moins cette satisfaction : faire de son pays un désert, y tout détruire, hommes, maisons, bétail, si bien qu'Ambiorix, abhorré des siens, – si le sort permettait qu'il en restât -n'eût plus aucun moyen, en raison de tels désastres, de rentrer dans sa cité.
25. Il dirigea sur toutes les parties du territoire d'Ambiorix, soit des légions, soit des auxiliaires, et massacrant, incendiant, pillant, porta partout la désolation ; un grand nombre d'hommes furent tués ou faits prisonniers. Il envoie ensuite Labiénus avec deux légions chez les Trévires, ce peuple, à cause du voisinage de la Germanie, était entraîné à la guerre, qu'il faisait quotidiennement ; sa civilisation primitive et ses mœurs barbares le faisaient assez semblable aux Germains, et il n'obéissait jamais que sous la pression d'une armée.
26. Sur ces entrefaites, le légat Laïus Caninius, informé qu'une grande multitude d'ennemis s'était rassemblée dans le pays des Pictons par une lettre et des messagers de Duratios, qui était resté constamment fidèle à l'amitié des Romains alors qu'une partie assez importante de sa cité avait fait défection, se dirigea vers la ville de Lémonum. En approchant, il eut par des
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